Épisode du jeudi 9 janvier 2020 à 08:53
Romain Gorgol, bâtonnier de l’ordre des avocats de Sarreguemines.
Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites aujourd’hui. Parmi les professions mobilisées, les avocats. Vous êtes d’ailleurs mobilisés depuis le début de la semaine.
Qu’est-ce qui ne vous convient pas dans cette réforme pour votre profession ?
Dans ce nouveau régime, le gouvernement propose de doubler le montant de nos cotisations actuelles, en nous faisant travailler plus longtemps et avec un montant de retraite de base inférieur de 30% de ce qu’il est aujourd’hui. On va donc payer plus, travailler plus longtemps et avoir moins de retraite. On pense aussi à nos confrères qui travaillent à la juridictionnelle. Ca risque de mettre en péril leurs activités professionnelles, et donc moins d’avocats travaillant à la juridictionnelle signifie moins d’accès aux droits pour les personnes ayant de faibles ressources.
Le système actuel de retraite est bon ?
Le système actuel est complètement autonome comme la plupart des professions libérales. C’est-à-dire que ce sont les avocats qui gèrent eux-même leur système. Donc le contribuable français n’a rien à payer à la caisse de retraite des avocats. Notre système de retraite est bien administré, on a une réserve de 2 milliards d’euros et en plus on reverse grâce aux cotisations des avocats près de 100 millions d’euros chaque année au régime général. Donc on participe à la solidarité nationale. Aujourd'hui on a un système qui fonctionne bien, mais on veut tout changer.
Vous êtes en grève depuis le début de la semaine. Pourquoi une semaine complète ? Une journée de justice morte comme ça a déjà été le cas ne suffit plus ?
Une journée ne suffit plus. On manifeste depuis le mois de septembre 2019. Plus de 15 000 avocats ont été manifester à Paris. Il y a eu plusieurs journées de justice morte, mais le gouvernement ne nous écoute pas. Contrairement à d’autres régimes autonomes comme la caisse des retraites des stewards et des hôtesses de l'air, qui ont eu le droit, eux, au maintien de leur régime de retraite autonome. Donc on met la pression sur le gouvernement pour obtenir des avancées.
C’est-à-dire que vous n’avez pas traité de dossiers en audience cette semaine ?
Ça veut dire que nous demandons dans toutes les audiences le renvoi des dossiers aussi bien en civil qu’en pénal. Il n’y a plus de désignation d’avocats au titre de l’aide juridictionnelle, et plus aucun confrère qui intervient au titre des permanences pénales et des gardes à vues, c’est le cas aussi dans les bureaux où ils sont censés être fermés.
On peut imaginer quoi pour la suite ?
Dans beaucoup de régions il y aura de nouvelles assemblées générales pour décider de la reconductibilité du mouvement, qui pourra se prolonger probablement la semaine prochaine. Donc on espère avoir des avancées, pour l’instant on n’a rien, donc on va continuer à maintenir la pression.