Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre


par Laurie
jeudi 3 décembre 2020 à 06:20

Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre<br />
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Touchée par la maladie en avril, Marie-France Teuchert a été hospitalisée cinq mois et a connu trois semaines de coma. Le combat vers une vie ordinaire est encore long.

Six mois ont passé mais le Covid, lui, laisse encore des traces. Quand nous rencontrons Marie-France Teuchert un matin à Farébersviller, cette infirmière de 55 ans n’a pas encore la force de rester longtemps debout.

Il faut dire que cette mère de trois enfants revient de loin. Infirmière à l’EHPAD de Puttelange aux Lacs, Marie-France contracte le coronavirus à la fin du mois d’avril. Et tout bascule alors très vite.

La fatigue, le manque d’appétit et les troubles digestifs l’amenuisent profondément, au point de devoir partir à l’hôpital le 9 mai se souvient Norbert, son mari :

Son N°1 - Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre

Quand elle était positive et que j’ai appelé le 15, elle arrivait plus à se lever. Et je l’ai vu partir avec les yeux hagards et je me suis posée la question de savoir si elle allait revenir, franchement. Tout dans le regard, ça fait quand même 31 ans qu’on se connaît. Quand elle est partie elle avait un regard… je me suis dit ça c’est pas bon.

"Le virus a attaqué les reins, le foie, les poumons..."

Totalement épuisée, Marie-France restera six semaines en réanimation et dans le coma. Pendant cette longue période de crainte et d’incertitude face au virus, elle perd 24 kilos.

Son N°2 - Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre

 Le virus est très violent. Chez moi il a attaqué les reins, le foie, les poumons. Il agit partout.


Mais au-delà de l’aspect physique, c’est également sa mémoire qui est touchée.

Son N°3 - Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre

En fait quand j’étais en réa, je ne me souviens de rien. Mon mari, c’est lui qui m’a raconté tout ce qui s’était passé. c’est ça qui est bizarre c’est que vous perdez , vous avez l’impression de perdre une partie de votre vie quoi. J’étais très agitée, ça aussi c’est par rapport à tous les médicaments que l’on reçoit. Mais le plus dur c’est quand vous vous réveillez et que vous ne savez pas où vous êtes. Ça c’est terrible.

 

Un quotidien chamboulé

Sa famille, son mari, doivent faire preuve de patience alors que la vie continue de son côté. Norbert jongle entre les appels à l’hôpital, et ceux au centre où est hébergé leur fils, Quentin, atteint d’un retard psychomoteur et de troubles autistiques depuis 23 ans. Tous les quatre jours, il est autorisé à aller la voir.

Finalement, son état s’améliore, mais Marie-France doit se reconstruire. Elle rentre au centre de rééducation Le Hohberg, à Sarreguemines où elle passera deux mois. À cause de plusieurs infections, elle ne peut sortir de sa chambre pendant un mois.

Kinésithérapie, psychomotricité, ergothérapie, elle doit réapprendre à marcher et parfois à faire les choses les plus simples :

Son N°4 - Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre

Et tout ce qui est au niveau sensoriel, tout ce qui est un peu minitieux avec les doigts. Là aussi ils vous font travailler et vous vous dites que vous avez l’impression d’être une gamine à passer des perles et tout mais en fait c’est important.

Son N°5 - Après le Covid-19, Marie-France réapprend doucement à vivre

La première fois qu’elle s’est levée c’était fin août. Voilà elle a fait trois pas et j’avais l’impression moi aussi de revivre.

Depuis fin septembre, Marie-France a pu retourner vivre chez elle. Là encore le quotidien est bien différent d’avant.

Encore aujourd’hui, les bouteilles d’eau elle n’arrive pas, elle n’a pas la force pour les ouvrir. C’est un détail mais quand vous avez soif et que vous ne pouvez pas ouvrir une bouteille, ce n’en est plus un. Pour les escaliers c’est pareil, moi j’essaye de lui éviter au maximum de monter et descendre les escaliers.


Aujourd’hui, Marie-France et Norbert Teuchert ne peuvent accueillir leur fils à la maison que le dimanche, au lieu d’un week-end complet, le temps que cette première puisse retrouver l’ensemble de ses capacités.


Quant à l’impatience qui peut parfois régner autour du second confinement, elle se veut tout de même compréhensive.

Ils peuvent pas s’imaginer ce que ça peut faire. Ce virus je ne pensais pas qu’il pouvait faire autant de dégâts. Après les gens je les comprend, toute l’économie en prend un coup. Mais après, quand vous voyez tout ce qu’il peut se passer …


Pour Marie-France, il faudra sans doute plusieurs semaines encore, confinement ou non, pour retrouver une vie normale.


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