Chronique végétale : La Benoîte

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Chronique végétale : La Benoîte

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Épisode du mercredi 12 juin 2019 à 09:28

Benoîte (Geum urbanum)

 

Histoire et anecdotes

Le nom savant Geum vient du latin Geuô qui signifie «j'assaisonne», à cause de la saveur de clou de girofle dégagée par son rhizome; quant à l'appellation urbanum, «l'urbaine», elle le doit peut-être à son affection pour les friches et les décombres.

Son nom courant benoîte est un hommage à Saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin. Cette plante a longtemps été considérée comme une bénédiction végétale, les moines allant jusqu’à l’utiliser dans les rituels d’exorcismes pour chasser le diable. En Allemagne, lorsqu’on récoltait de la racine de benoîte, il était d’usage, pour se préserver du malin, de la mêler à des cierges et à du sel, tout en la bénissant à trois reprises. Ainsi un autre de ses noms est l’herbe bénite. Selon une légende, si on a un soupçon de diablerie, faites visiter votre jardin à la personne suspecte et la plante se fanera aussitôt. Elle retrouve sa vigueur dès que l’individu malveillant aura quitté les lieux.

La consommation de cette plante était réputée aussi pour calmer les ardeurs. Ainsi dans les monastères la tisane permettait d’apaiser les fantasmes des religieux. On chuchote que la benoîte intégrait le trousseau des mères supérieures au couvent. On lui attribue aussi le nom de l’herbe du bon soldat, parce qu’elle était capable d’endormir les ardeurs des soldats difficiles à assouvir loin de leur bien-aimée. Ainsi un sachet de benoîte faisait partie du paquetage militaire.

À une époque aussi, elle était utilisée pour aromatiser et mieux conserver la bière dans les monastères. C’est donc une plante restée très populaire dans les campagnes bien que, selon la légende, elle ensorcellerait son possesseur.

 

Description botanique

C’est une plante de la famille des rosacées, commune dans les bois, talus, friches, sols fertiles et frais.

La benoîte est une plante vivace de taille moyenne (25 à 60 cm) qui possède une souche épaisse et courte de laquelle se propage un chignon de racines brunes. Sa tige dressée, velue, ronde, est teintée de rouge et porte deux catégories de feuilles : des feuilles inférieures formant une rosette sur le sol et des feuilles supérieures à trois folioles inégales et dentées. Quant aux fleurs, elles sont très proches, par la forme, de celles du fraisier, une autre rosacée. Jaune pâle à jaune d’or, elles portent cinq pétales qui forment des pièces florales de 10 à 15 mm de diamètre s’épanouissant de mai en juillet.

Le fruit est un akène velu terminé par un style crochu qui s'accroche aux vêtements et au pelage des animaux. Ses fruits crochus s’accrochent aux poils des animaux et au bas de pantalon des promeneurs. Un excellent moyen de propager ses semences loin.

 

Usage culinaire

Les jeunes feuilles sont comestibles, crues en salade. Leur parfum évoque légèrement un champignon. En revanche, les petites racines, nettoyées, découpées et mises à sécher à l'ombre, dégagent un léger parfum de clou de girofle. La plante contient ainsi de l’eugénol, constituant de base de l’essence de girofle. Cette plante a servi et sert encore à parfumer de nombreuses boissons, entre autre des vins aromatisés et des liqueurs. Une recette est de macérer la racine avec du zeste d’orange dans du vin pour le parfumer.

Par conséquent, la racine de benoîte est un condiment intéressant. On l’utilisera avec profit dans la confection de sauces accompagnant volailles, poissons et céréales. On pourra en aromatiser légumes, potages, salades, en parfumer sirops, sorbets et boissons.

 

Usage médicinal

Selon la croyance populaire, mâchouiller un bout de racine (nettoyé et séché), comme on mâchouillerait un clou de girofle, soulagerait les maux de dents; son parfum doit évoquer à certains une séance chez le dentiste.

Elle s’utilise également en décoction de racines, avec une poignée dans ¾ de litre d’eau, bouillir quelques minutes et laisser infuser 10 minutes. À utiliser en gargarismes dans les angines, pharyngites, inflammations de la bouche et des dents. La présence de tanins a des propriétés astringentes pour les diarrhées et les douleurs à l’estomac.

 

Précautions

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical. De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Sources

http://www.wikiphyto.org/wiki/Benoite

http://www.sauvagesdupoitou.com/81/376


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