Les haies de nos régions.

Dans mon jardin

Les haies de nos régions.

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Épisode du mercredi 13 janvier 2021 à 11:19

La petite haie dans la prairie

 

Nous avons l’opportunité d’avoir, dans la vallée de la Sarre et en Alsace Bossue, de nombreuses prairies sur les coteaux et avec elles de belles haies qui les parcourent. Elles nous semblent si banales qu’on n’y prête guère plus attention mais qu’est-ce qu’elles sont importantes pour notre environnement.

Une haie est une communauté végétale linéaire associant arbres, arbustes et arbrisseaux, sous-arbrisseaux et autres plantes indigènes qui poussent librement, ou sont entretenus pour former une clôture. On parlera ici des haies naturelles.

Les haies ont été plantées en France dès l'Antiquité : Jules César en parle déjà dans la Guerre des Gaules. Au Moyen Âge, elles ont permis aux paysans d’avoir accès au bois, alors que les seigneurs détenaient l’accès aux forêts notamment pour la chasse. Les haies fournissaient le bois de chauffage, indispensable à la cuisine, ainsi qu’un complément appréciable d’alimentation grâce aux fruits et aux petits animaux qu’elles abritaient.

 

Les haies présentent de nombreux bienfaits pour l’écosystème : fonction brise-vent, protection des cultures, lutte contre l’érosion des sols, refuges pour les animaux dont des auxiliaires du jardin, lieu de nidification, corridor écologique en facilitant les déplacements entre massifs forestiers. Les haies sont littéralement les autoroutes de la forêt. Aussi, elles protègent les cultures et améliorent le sol tout en servant d’abri et de garde-manger pour les insectes auxiliaires et les oiseaux. Prunelle, cenelles, cynorrhodons, des fruits qui persistent une bonne partie de l’hiver et nourrissent de nombreux oiseaux, insectes et petits mammifères. D’ailleurs ces fruits sont aussi un régal pour nous (attention tout de même, tous les fruits dans une haie sont loin d’être comestibles) et leur richesse en vitamine C dépasse les agrumes. Nul besoin de faire venir des baies de l’autre bout du monde, on a tout ce qu’il faut dans nos haies. Certains des arbustes des haies ont d’ailleurs également des propriétés médicinales.

Les haies sont donc des réservoirs de biodiversité, des « nurseries » pour les oiseaux et les insectes, des régulateurs de température (ombre, protège du vent et des gelées) et des garde-manger pour les animaux sauvages à l’automne. Plus la haie est âgée, plus il y a de biodiversité. Il faut 50 ans pour qu’une haie soit installée.

C’est sans compter aussi que les haies au printemps forment de magnifiques drapées floraux, avec des milliers de fleurs branches faisant le bonheur des insectes pollinisateurs et associées à de nombreuses légendes comme le manteau de la vierge symbolisé par l’aubépine en fleur.

 

Notre ancestral bocage et nos haies sont un patrimoine semi-naturel menacée. Les haies représentent, au regard d’une politique productiviste, une surface agricole non exploitée. Il est donc fréquent qu’elles soient rasées sans autre forme de procès. Et pourtant les haies sont de précieux alliés de l’homme qu’il faut se réapproprier et respecter. Elles sont toute un riche écosystème à l’interface entre la forêt et la prairie, un pan de l’histoire paysagère de nos campagnes. Laissez les haies tranquilles à partir de la mi-mars, les oisillons vous diront merci lors de leur envol.

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.

 


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