Chronique végétale : Gewirzwisch, le bouquet de l'assomption

Dans mon jardin

Chronique végétale : Gewirzwisch, le bouquet de l'assomption

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Épisode du mercredi 10 août 2022 à 12:30

 

De nombreuses traditions ont disparu de nos villages. Parmi elles, le bouquet du 15 août appelé Gewirzwisch, encore présent dans la mémoire de nos aînés, que l’on confectionnait pour l’Assomption.

 

Qu’est-ce que le Gewirzwisch ?

Gewirzwìsch peut se traduire par bouquet d'épices, de condiments. Le bouquet de l'Assomption est donc un bouquet de plantes aromatiques ou de plantes médicinales.

Il se compose de 9 plantes qu’on peut cueillir communément dans les champs. Certaines de ces plantes se retrouvent dans toutes les compositions, mais il n’existe pas de composition type. On utilisait habituellement les plantes disponibles en un lieu donné. Les plantes classiques sont l’oseille, la sauge, le blé, etc. Chaque famille rivalisait d’ingéniosité et de soin pour constituer ce bouquet.

 

Que faisait-on de ce bouquet ?

Le bouquet était emporté pour la messe de l'Assomption. Le prêtre bénissait ce dernier puis il était ramené et confié à la maîtresse de maison.

Puisque le bouquet avait été solennellement béni par le prêtre, les fidèles lui attachaient des vertus curatives et protectrices.

Le bouquet entier était conservé au grenier, sous la toiture, en remplacement de celui de l'année précédente, dans le but de protéger la maison contre les dangers de la foudre et du feu, mais aussi contre les sorcières.

Si un décès intervenait au cours de l’année dans la maison, une petite partie du bouquet était placée sous la tête du défunt pour lui assurer un voyage sans encombre vers l’au-delà. Un morceau pouvait aussi être placée sous l’oreiller d’un malade pour conjurer la maladie.
Quand une bête tombait malade dans l’étable ou qu’une vache s’apprêtait à vêler, on incorporait un petit fragment à sa nourriture.

 

En bref, ce bouquet était précieux pour des agriculteurs à une époque où ils se trouvaient démunis devant la maladie et les éléments de la nature.

 

Quelle est l’origine de cette tradition ?

Des fêtes de remerciements à la nature étaient organisées chez les celtes : au début de la saison claire (Walpurgis, le 1er mai) où les femmes récoltaient les plantes médicinales  , mais aussi début août pour fêter l’abondance des récoltes (Lugnasad)

L’Église ne réussit pas à interdire ces pratiques et se les appropria pour les dénaturer et les incorporer à son rituel.

 

Et aujourd’hui ?

La tradition se perpétue toujours dans certaines paroisses d’Allemagne, davantage pour le folklore.

Dans quelques rares paroisses de notre région, le bouquet de l’Assomption est parfois remis au goût du jour, par l’un ou l’autre curé.

Autrefois, les humains se sentaient bien démunis devant la maladie, les accidents de la vie et les malheurs. Ils attachaient par conséquent beaucoup d’importance à la religion et aux vertus surnaturelles de certains objets. C’est pourquoi ils avaient recours à un si grand nombre d’objets bénis dans leur vie de tous les jours. Les progrès de la science et de la médecine ont depuis innocentés les sorcières et les esprits mauvais.

Chronique réalisée par Gilles, éthnobotaniste et mycologue. 

 

 

 

 

 


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