Colère des pompiers, le Colonel François Vallier, directeur du SDIS 57 réagit


par Camille Bazin
mercredi 4 décembre 2019 à 19:38

Colère des pompiers, le Colonel François Vallier, directeur du SDIS 57 réagit

Tags sur les véhicules, sirènes qui retentissent dans les casernes, la tension et le malaise ne retombent pas chez les pompiers. Depuis six mois les soldats du feu sont en grève, ils dénoncent un manque d’effectifs et de moyens, de mauvaises conditions de travail et un nouveau règlement opérationnel inadapté.

Le Colonel François Vallier, chef de corps des sapeurs-pompiers de la Moselle et directeur du SDIS 57 a répondu à nos questions.

La colère ne retombe pas chez les pompiers de la Moselle, ces derniers jours un certain nombre d’actions ont eu lieu, que répondez-vous à leurs revendications ?

Ce que je souhaite répondre c’est que nous sommes dans un contexte social qui est national avant tout. On est sur une semaine de tension. Nous avons une conjonction d’évènements qui font que nous avons aujourd’hui l’expression d’un certain nombre de revendications sociales.

Mais les revendications sont là, vous les comprenez ?

Est-ce que les revendications sont toutes avérées ? ça on peut en débattre longtemps parce qu’on a beaucoup de revendications. Mais il faut bien distinguer deux choses différentes. Au niveau national, il y a eu des revendications qui se sont exprimées à partir d’une manifestation nationale et ça a été pris en compte par le gouvernement.

Au niveau local nous sommes en modernisation de l’ensemble de la structure pour pouvoir faire face aux nouveaux défis, aux nouvelles exigences de la population et ce changement là a été effectué sous l’impulsion de la gouvernance du SDIS de façon assez rapide. Donc il faut le reconnaitre il y a du changement important au niveau de la Moselle. Beaucoup de choses très positives mais aussi des choses ressenties comme étant assez négatives au niveau local donc nous devons moderniser, mais c’est parfois difficile de faire accepter tous ces changements.

Concrètement, qu’est ce qui pose problème dans ce règlement ?

On a des problématiques très locales au niveau des casernes et puis ensuite on a des revendications au niveau départemental et là on le traite avec les organisations syndicales en dialogue social. Il y a eu 129 réunions de dialogue social entre 2017 et 2019 ce qui est assez conséquent. Il va y avoir une réorganisation opérationnelle avec des méthodes d’engagement "multi casernes" pour être en capacité de se réserver quoiqu’il arrive une intervention pour secours d’urgence. Jusqu’à présent on était sur un système où on faisait en sorte que chaque caserne s’autosuffise. Donc là on travaille à partir d’un centre opérationnel qui a été modernisé pour faire en sorte que le citoyen, 24h/24, même s’il y a une grosse intervention bénéficie de la même qualité des secours que s’il n’y avait pas de grosse intervention à côté.  

Ce système sera mis en place en janvier et aujourd’hui il y a des craintes. Et c’est légitime. La réalité c’est que ces craintes-là, nous les avons écoutées et nous avons mis en place une évaluation permanente avant de prendre des décisions. Sur les délais d’intervention nous avons mesuré les délais sur les 6 derniers mois pour être sûr qu’il n’y aura pas d’impact et ce que je peux vous dire c’est qu’aujourd’hui on n’a pas de dégradation du service. 

Il y a 6 mois, un projet de 120 postes avait été présenté mais il a été rejeté par l’intersyndical il y a trois semaines, vous comprenez pourquoi ?

Ce n’est pas si simple. Il y eu un refus de s’engager par rapport à un dispositif où il y avait beaucoup de mesures dont 120 postes. Nous étions sur la base d’un projet, d’une demande des représentants du personnel avec une modification des régimes de travail qui comprenait : une diminution du temps de travail des sapeurs-pompiers professionnels, une réorganisation du fonctionnement pour une meilleure répartition de la charge opérationnelle, la volonté de pouvoir accéder à des fonctions supplémentaires et dans ce contrat-là il y avait aussi une demande de 100 recrutements. Ce que nous avons identifié c’est que 100 postes ne suffiraient pas pour répondre à la demande on a donc proposé 120 postes. Et donc finalement nous avons construit un contrat de confiance et au moment de le signer, les craintes qu’on ne soit pas en capacité d’assumer nos engagements ont ressurgi. Les représentants du personnel n’ont pas souhaité signer. Nous sommes le seul département à avoir proposé autant de créations de postes sur 5 ans.

Récemment il y a eu une histoire qui a fait beaucoup parler. Une vidéo dans laquelle on voit des sapeurs-pompiers de Saint-Avold nettoyés les tags d’un véhicule alors qu’ils doivent partir en intervention. C’est normal pour vous qu’on demande à ces pompiers de nettoyer ces tags avant d’aller secourir une personne ?

Alors je vais clarifier les choses. On va commencer par la vidéo. À aucun moment il y a une directive quelconque qui consiste à dire vous stopper les engins avant d’aller en intervention c’est absurde.

Ce qui s’est passé ce soir-là c’est que le personnel est parti en intervention pour une personne qui était tombée et qui était consciente. Et là on voit le personnel qui attend le chef d’agrée qui doit passer par le standard pour récupérer la feuille de départ. Et durant ces quelques minutes le personnel en a profité pour mettre un coup de jet d’eau mais dès que le chef d’agrée est arrivé ils sont partis. Le véhicule est parti en 4 minutes donc on est plus que raisonnable et tout ce qui consiste à détourner la réalité des choses relève du mensonge.

Pour ce qui est du taguage du véhicule. C’est du vandalisme. Il y a une directive qui dit, sauf opération urgente, les personnels doivent le nettoyer et ils le font d’ailleurs très honnêtement car ils savent qu’il pourrait y avoir des sanctions dans le cas contraire.

Où on en est aujourd’hui ?

Le dialogue n’a jamais cessé. Ce matin, mercredi 4 décembre, une réunion a eu lieu et on a échangé. Aujourd’hui le sujet c’est : comment sortir de cette crise où un certain nombre d’incompréhensions se sont installées. L’incompréhension vient d’une part de la désinformation et ça nécessite de prendre le temps de discuter et que tout le monde veuille sortir de crise. Il nous semble que le plan proposé est le bon et il répond à ce qui a été demandé.

La proposition qui est faite sur le recrutement et le passage en 12h est toujours d’actualité, le président n’a pas fermé la porte, donc on en est là.


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