''C'est pire que la fermeture des frontières'', les travailleurs frontaliers en colère face à l'obligation des tests
Son N°1 - ''C'est pire que la fermeture des frontières'', les travailleurs frontaliers en colère face à l'obligation des tests
Arsène Schmitt - président du comité de défense des travailleurs frontaliers
A partir d’aujourd’hui, il faut obligatoirement disposer d’un test PCR de moins de 48h pour se rendre en Allemagne. Que ce soit pour faire ses courses ou même pour aller travailler.
Comment prenez-vous cette nouvelle en tant que défenseur de ces très nombreux travailleurs qui passent la frontière tous les jours ?
Nous sommes outrés, nous sommes révoltés par les nouvelles mesures imposées par Berlin aux travailleurs frontaliers, à savoir le fameux test négatif de moins de 48h pour passer la frontière. Cette mesure n'est pas transposable dans les faits. C'est totalement inapplicable ! Comment les travailleurs frontaliers en rentrant de leur travail le soir vont-ils faire leurs tests en laboratoire ou en pharmacie alors qu'à 18h tout ferme avec le couvre-feu ? Hier il y avait des files d'attente monstres devant les pharmacies qui ne peuvent pas tester tout le monde. Les laboratoires qui ne font souvent que des tests PCR donc pas de résultat avant le lendemain dans l'après-midi. Donc, comme l'année dernière, pendant le premier confinement, les travailleurs frontaliers sont à nouveau considérés comme des pestiférés. La situation est pire que l'année dernière avec les fermetures des frontières qui étaient déjà catastrophiques MAIS les travailleurs aux frontières avaient quand même une dérogation papier pour aller bosser. Aujourd'hui avec ce test négatif c'est mission impossible pour beaucoup de travailleurs.
Pour vous c'est pire que l'année dernière ?
C'est pire ! Madame Trisse (députée LREM de la circonscription de Sarreguemines) parle d'avancée parce qu'on a réussi à passer le test de 24 à 48h mais non c'est pire que l'année dernière ! L'année dernière, les gens montraient leur dérogation pour aller bosser et ils passaient la frontière. Mais aujourd'hui comment peuvent-ils se faire tester ? Mission impossible
J’imagine que vous recevez beaucoup d’appels depuis dimanche de personnes inquiètes et qui ne savent pas ce qu’elles doivent faire pour aller travailler.
Mais ça n'arrête pas... des centaines et des centaines. Les gens sont complètement traumatisés ils me disent "qu'est-ce que je dois faire ?"
Vous leur répondez quoi ?
Moi je leur dis toujours il faudrait que tout le monde arrête de travailler une journée et on va manifester mais ça c'est pratiquement impossible.
Mais les entreprises allemandes n'y peuvent rien ?
Elles ne fournissent pas les trucs. On nous dit comme quoi les entrepreneurs sont obligés de fournir un test aux travailleurs mais qui est-ce qui va pratiquer le test ? C'est le personnel médical qui doit le faire. C'est impossible. On m'a téléphoné encore ce matin en disant "Mon employeur m'a dit va à la IHK, la chambre de commerce aux industries, chercher des tests mais ils n'en ont plus. Et à la pharmacie ils n'en ont plus". Voilà les commentaires qui nous reviennent.
Qu’attendez-vous aujourd’hui de la part des autorités allemandes ? Un test par semaine ?
On a fait un courrier auprès des autorités françaises à Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, à Tobias Hans, ministre président en Sarre. On a envoyé des copies aux parlementaires. Qu'on arrête de ces tests ! Qu'ils agissent auprès de Berlin en disant STOP ! Rien du tout, aucun test, on met les masques et terminé. Est-ce qu'on veut en finir avec les travailleurs transfrontaliers ?