Oeting (Ep.1) : Jean-Paul Meyer raconte l'histoire de la commune dans des livres
Nouvelle semaine, nouvelle saga à la découverte d’un village de Moselle-Est. Cette semaine, c’est à Oeting, commune de 2600 habitants que nous vous emmenons. Pour notre première escale, nous nous sommes arrêtés chez Jean-Paul Meyer. À 77 ans, ce professeur d’histoire-géographie à la retraite connaît mieux que personne l’histoire de la commune. Il en a même fait deux ouvrages.
Son N°1 - Oeting (Ep.1) : Jean-Paul Meyer raconte l'histoire de la commune dans des livres
En passant par Oeting …
C’est un peu une balade sur tout, sur le village, sur son origine.
Il faut remonter à l’époque de Charlemagne pour trouver les premières traces d’Oeting. À l’époque, c’était une possession du seigneur de Forbach.
On n’en a très peu de source parce qu’en réalité le village dans son histoire, a subi 2 destructions. La première, c’était à la guerre de 30 ans, il ne restait plus rien. Le village a été détruit et n’a jamais été reconstruit là où il existait au départ. Vous êtes ici sur la rue de Sarreguemines, vous allez à l’autre bout du village, vous tombez sur l’ancien village qui, maintenant, est recouvert par des prés.
Même si l’abondance de sources d’eau dans le village actuel pourrait expliquer pourquoi cette reconstruction a eu lieu ici, ça ne reste qu’une hypothèse.
Le village actuel a donc connu une deuxième destruction assez costaude à la Libération en 1945. Le 18 février 1945, juste avant de descendre sur Forbach, les Américains avaient largement détruit le village. Ils sont arrivés à l’automne sur les collines et alors le village était pris entre deux feux, c’est-à-dire entre Forbach, où était l’armée allemande et les collines d’Oeting donc le village a été très fortement détruit.
Né en 1944, Jean-Paul Meyer se souvient des années qui ont suivi la Libération.
J’étais au berceau au moment où le village a été libéré, dans la cave, et j’ai connu le village tel qu’il était après la guerre parce que pendant 4 - 5 ans on n’a pas fait grand-chose. On a rebouché les trous, il y avait encore des munitions partout, moi, je me souviens de ça comme gamin. On a vécu avec ça, mais ça ne dérangeait pas. De nos jours, quand on voit les situations dramatiques au Moyen-Orient, les enfants jouent aussi dans les ruines. Nous, on a fait pareil.
Dans son livre, Jean-Paul Meyer s’intéresse aussi aux habitants, aux familles qui ont vécu ici.
Il y a des prénoms ou des noms de famille qu’on connaissait très bien et qui se transmettaient comme ça. Il y avait des traditions et surtout des colonies dans les Greff, Schmidt, Klein, ce sont vraiment des noms de chez nous.
Au fil des années, surtout à partir des années 60, le village d’Oeting va connaître une croissance exponentielle. De nouvelles maisons vont être construites entre les anciennes et c’est en 1984, pour mettre de l’ordre, que la municipalité va décider de donner de nouveaux numéros aux maisons.
À partir du panneau Oeting, on a commencé à mesurer et les mesures qui ont été prises à partir du panneau d’entrée du village ont permis de numéroter les maisons si bien que chez moi, du numéro 6, on est passé au 350.
Le Brockelfest, une fête patronale devenue la grande fête du village
Du côté des traditions, les habitants d’Oeting et alentours connaissent évidemment le Brockelfest, la fête du lait caillé. Avant d’être le « carnaval » qu’on connaît, cette fête avait pour but de célébrer Saint-Antoine le 12 juin.
Entre 1900 et 1910, cette fête a plutôt pris une tournure de kermesse, de fête foraine. Cette tradition du Brockelfest vient d’une fois lors de cette fête des pompiers, il faisait très chaud, il faisait lourd, les gens venaient de partout, on venait de Forbach à pied. Il y avait des manèges, des sucreries, des choses qu’on n’avait pas toute l’année. Les pompiers n’avaient pas bien visé et ils n’avaient plus de bière. Les tonneaux étaient épuisés et alors, en guise de blague, ils ont dit « on n’a plus de bière, on va vous servir du lait caillé », et c’est ce qu’ils ont fait. Et depuis, le Brockelfest était né.
Un villageois, prénommé Alfred Bour, décida même de pousser l’idée encore plus loin en organisant un défilé.
Il lui a donné un peu un aspect de carnaval, c’est-à-dire qu’il incarnait ce qu’on appelle le Brockelpeter, c’est-à-dire le maître du lait caillé, et il proposait au village de faire un défilé un peu loufoque avec tous ceux qui veulent se déguiser. On se déguise, on sort les trompettes, on sort les tambours, on prend ce qu’on a et on fait un défilé paillard. Il était installé sur une charrette, un genre de trône, il le remplissait bien, et sous le bras, il avait une cruche avec de l’eau et une brosse à WC et il bénissait tous les gens qui faisaient la fête. Les curés ont très mal pris la chose à l’époque, mais finalement, ils n’ont jamais pu arrêter ce phénomène qui s’est transmis jusqu’à nos jours.
Saint-Antoine, protecteur d’Oeting
Seul monument historique de la ville d’Oeting : son église. Jean-Paul Meyer a d’ailleurs consacré son deuxième ouvrage à son histoire. C’est en 1872 que la paroisse d’Oeting a été créée. L’évêché décide très rapidement de transformer la petite chapelle en bois en église.
Comme la population avait beaucoup augmenté, il fallait pousser les murs, on a donc rajouté une partie chœur. L’église a été largement agrandie, l’ancienne chapelle est devenue vraiment une petite nef avec les bancs et ensuite, il y a eu le chœur devant. Vers 1880, le premier curé qui était là voulait absolument qu’il y ait aussi un clocher. Ce clocher, il n’est pas comme tous les clochers, il ne termine pas comme les clochers traditionnels de Lorraine en pointe, mais il est surmonté de Saint-Antoine.
En 1945, durant la guerre, le clocher a été détruit et a dû être reconstruit. Un autre Saint-Antoine est alors taillé dans la pierre, mais ce n’est pas celui qu’on connaît aujourd’hui.
Malheureusement, dans les années 70, il y a eu un orage terrible, la foudre a frappé la statue et alors elle a explosé. La statue qu’on voit maintenant, elle date d’une trentaine d’années, elle a été conçue par un artiste de Goetzenbruck, Petry.
Saint-Antoine veille ainsi toujours sur les Oetingeoises et Oetingeois.