Sécheresse : la situation devient ''critique'' pour les agriculteurs mosellans
Ces derniers mois, la sécheresse a été très marquée en France et également en Moselle. Les fortes chaleurs du mois de mai n’ont rien arrangé à la situation qui impacte forcément les agriculteurs.
Son N°1 - Sécheresse : la situation devient ''critique'' pour les agriculteurs mosellans
Marc Bodo – secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Moselle et agriculteur à Léning
Quelle est la situation pour les agriculteurs mosellans actuellement ? Est-ce que le manque d’eau a déjà des conséquences sur votre activité ?
Oui le manque d’eau a déjà des conséquences sur notre activité. C’est plutôt sur les semi de printemps donc on a semé les tournesols et les maïs. Tournesol comme tout le monde le sait ça va être très important à l’avenir en raison de la guerre en Ukraine. Pour la levée c’est très compliqué, pour le maïs pareil, on manque d’eau. Pour les fourrages ça va mais on attend la pluie de ce week-end.
Quelles sont les cultures les plus touchées ?
Tout ce qui est culture fourragère, herbe tout ça, ça va pour le moment, on ne va pas dire que c’est critique mais il ne faudrait pas que ça perdure encore quelques semaines, voire même quelques jours avec les fortes chaleurs des derniers jours. Le maïs par endroit commence à avoir très soif, le tournesol n’a même pas eu le temps de lever et s’est fait manger par les corbeaux. Elle n’a pas été assez rapide en fait. Les orges, les grains sont en train de se remplir donc si on n’a pas d’eau ça va impacter nos rendements donc c’est compliqué.
Est-ce que c’est comme ça depuis des années ou l’année 2022 est vraiment exceptionnellement sèche ?
C’est ce qui est le plus inquiétant c’est que ce n’est pas exceptionnel étant donné qu’on a déjà connu ça les années précédentes, hormis l’année dernière. L’année dernière à cette époque-ci on avait le parapluie et les bottes. On était inondé même. Donc non, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Donc ça devient très compliqué et la sécheresse c’est plutôt récurrent.
Quelles sont les solutions qu’il faudrait adapter selon vous ? Est-ce qu’il existe aujourd’hui des solutions ?
Nous les agriculteurs on s’adapte énormément, on essaye de prendre des variétés qui résistent plus à la sécheresse. Malheureusement, même avec le choix variétal sans eau on n’y arrivera pas. Il y a d’autres solutions mais ça ne se met pas en œuvre du jour au lendemain.
Les solutions ce serait de faire des retenues d’eau. C’est un sujet un peu polémique alors qu’il n’y a pas trop de polémique à avoir là-dessus. C’est juste essayer de récupérer l’excédent d’eau comme l’année dernière où l’eau ne s’est pas infiltrée mais a ruisselé en surface. Pourquoi pas récupérer cette eau qui ne profite quand même pas aux sols et justement en faire profiter les sols au moment où il en a besoin.
Les agriculteurs vont-ils devoir augmenter leurs prix cette année si les récoltes ne sont suffisantes ? Pire, est-ce que certaines récoltes pourraient ne rien donner ?
Oui, si la sécheresse se généralise, ça va faire flamber les prix qui sont déjà exceptionnels et ça va impacter forcément le consommateur. Je ne suis pas persuadé que ce soit quelque chose de bien pour nous en ce moment. Ni pour les agriculteurs ni pour les consommateurs.
Vous êtes producteur de céréales. Comment est la situation chez vous ?
Pour l’instant ça va, on a la chance d’avoir eu un tout petit peu d’eau il y a quelques jours mais c’est infime. Par rapport au reste de la France, on ne devrait même pas trop avoir le droit de se plaindre, mais c’est critique. On attend vraiment ce week-end de la pluie.