Saint-Avold : Après plusieurs mois d'arrêt, le démarrage de la centrale Emile Huchet prend un peu de retard
Le 31 mars dernier, la centrale Emile Huchet de Saint-Avold fermait ses portes et ça devait être définitif. Sauf que ce vendredi matin, elle devait être rallumée pour éviter une pénurie cet hiver.
Son N°1 - Après plusieurs mois d'arrêt, le démarrage de la centrale Emile Huchet prend un peu de retard
Jean-Pierre Damm, délégué syndical Force Ouvrière
Est-ce que ça a pu redémarrer ?
Non, on n’a pas pu redémarrer comme c’était prévu initialement. Mais je sais qu’il y a beaucoup d’anciens de la centrale parmi les auditeurs de Radio Mélodie, ils comprendront facilement pourquoi. A chaque fois que nous avions un arrêt prolongé parce que nous faisions de la maintenance, il y avait des soucis qui apparaissaient et qui faisaient que, entre l’arrêt prévu et la remise en état physique de l’installation, il y avait toujours un décalage de 8-10 jours. Quelque chose qui pour nous est assez normal puisqu’on a des organes qui nécessitent des petits réglages et qui nous empêchent d’être en position de pouvoir lancer les installations pour une marche normale.
Ce sera opérationnel quand ?
D’après nos dernières informations, on devrait prendre une semaine de retard à peu près. On devrait redémarrer vendredi prochain si on ne trouve pas d’autres petits soucis. Il faut que je signale quand même qu’entre un arrêt comme nous l’avons connu par le passé c’est-à-dire, on arrêtait, on faisait la maintenance, on révisait nos installations et on redémarrait et entre ce qu’on a aujourd’hui, ce n’est pas du tout la même configuration. Au mois de mars, nous arrêtions définitivement donc nous avons fait un certain nombre de manipulations : on a vidé des installations d’huile ou vidangé les circuits d’hydrogène pour l’installateur. Donc voilà, des opérations qui sont faites là et qui prennent du temps. On a donc décelé qu’il y avait quelques petits soucis pour tout remettre en route ce qui explique le retard. Donc vendredi prochain, croisons les doigts, tout devrait nous permettre de lancer la machine pour l’hiver !
Pour relancer la machine, il a fallu rappeler des salariés. Vous êtes sur le qui vive depuis un moment ?
Oui tout à fait ! Je rappelle que chez les salariés, au 31 mars il ne restait sur site qu’une dizaine de personnes. 6 pour la mise en sûreté des installations, qui étaient prévues pour quelques mois. Plus 4 salariés qui devaient s’occuper des futurs projets. Donc les 10 salariés auxquels se sont rajoutés une cinquantaine de salariés aujourd’hui qui sont revenus et qui, depuis la mi-août à peu près, sont revenus sur le site, se sont remobilisés. Ils se sont réappropriés leurs installations pour qu’ils puissent, après les opérations faites par des entreprises sous-traitantes locales, prendre les choses en main et c’est ce qu’il se fait depuis le début de semaine. Ils ont, les uns et les autres, beaucoup trimé pour qu’on puisse relancer la machine. Mais on va encore trimer un peu plus puisque la phase de redémarrage est très stressante et très prenante parce qu’il faut ajuster, il faut régler, il faut surveiller et ce sont des phases qui sont toujours un peu plus stressantes que lorsque la machine tourne et qu’on a bien l’outil en main.
Tout ça c’est pour cet hiver, mais selon vous, avec la situation actuelle sur le plan énergétique, est-ce que la centrale pourrait rester active plus longtemps que ça ?
Le bon sens me fait dire que nous devrions faire comme nos voisins allemands, dire « on va assurer la sécurité de l’approvisionnement pour l’hiver prochain en 23-24 ». C’est le bon sens d’un syndicaliste, salariés mais ce bon sens n’est pas forcément reconnu ou accepté aujourd’hui par nos politiques. Le gouvernement ne dit pas un mot sur l’avenir de ce qui se passera à la centrale Huchet après le mois de mars 2023. Et je pense qu’il y a de très fortes probabilités que la situation d’aujourd’hui perdure au moins l’hiver prochain parce que le parc nucléaire ne sera pas opérationnel pendant cet hiver et aura sans doute encore des soucis l’année prochaine. Tant que le parc nucléaire n’est pas opérationnel on aura besoin d’électricité qui vient d’ailleurs et pour notre région elle vient beaucoup d’Allemagne. Et le comble c’est quand même que l’énergie que les Allemands nous vendent elle est carbonée, elle est faite par les centrales à charbon. Et nous pendant ce temps-là on ne prend pas ce qui peut être fait chez nous ? C’est quelque chose qui est incohérent.