Freyming-Merlebach : Ancien enfant placé, il veut aider les jeunes à ne pas subir ce qu'il a vécu
Il y a quelques jours, M6 diffusait un nouveau documentaire choc sur le scandale des enfants placés. Une fois de plus, à Freyming-Merlebach, Benoît Thibaux était devant son poste de télévision et a été choqué par les images qu’il a vues. Elles faisaient écho à ce qu’il a vécu par le passé étant lui-même un enfant de la Ddass – aujourd’hui Aide sociale à l’enfance. A 50 ans, il veut aider ces jeunes à s’en sortir.
Son N°1 - Ancien enfant placé, il veut aider les jeunes à ne pas subir ce qu'il a vécu
C’est aujourd’hui à Freyming-Merlebach que Benoît a réussi à construire sa vie, avec sa femme. Mais le chemin a été long pour en arriver là. Né Bruno Dulaurent à Paris en 1972, il a été retiré à ses parents avec des côtes et le nez cassé. Jusqu’à son adoption dans les années 80, il n’a pas connu la stabilité.
On m’a placé de foyer en foyer, j’ai fait 4-5… en tout 4 familles d’accueil dans le secteur Paris et le reste c’était des familles d’accueil dans le secteur du Mans. Et de là je suis passé à la Ddass de Metz et là j’ai été adopté.
Pendant longtemps, Benoît avait oublié une grande partie de son passé. A 50 ans, il a encore régulièrement des flashs qui lui reviennent en mémoire. Mais c’est surtout grâce à son dossier, récupéré il y a seulement deux ans, qu’il a pu apprendre d’où il venait.
Mon dossier est énorme ! Il fait plus de 200 pages… et ça, c’est la seule photo de moi que j’ai.
Un dossier qui le renvoie à des moments difficiles.
Quand je vois mon dossier… j’ai juste envie de crier. Taper dans un mur… Parce que je ne pensais pas avoir été… si maltraité que ça.
Il y découvre notamment une note qui dit : « On ne sait pas si cet enfant va survivre » lorsqu’il vivait dans le pire foyer qu’il ait connu.
On me laissait en couche culotte toute la journée. Et les couches-culottes de l’époque ça ressemblait à du plastique et du cuir mélangés. Et je me souviens que j’avais… enfin ma femme m’a dit que ça s’appelait des escarres. Et j’avais ça. Et quand mes parents d’adoption sont venus pour la première fois me voir ils ont été horrifiés parce que j’avais les fesses rouges… de sang.
Une association pour aider les jeunes
Grâce à son fils de 17 ans et sa femme qu’il a connue il y a 14 ans, Benoît s’en est sorti. Bien entouré, il veut à présent aider les jeunes qui vivent ce qu’il a vécu. C’est pour ça qu’il a créé plusieurs pages Facebook.
Aujourd’hui il faut aider ces jeunes parce que moi je parle à un petit jeune qui a 17 ans. Il m’a dit : « moi j’en peux plus je suis à bout ». Je lui ai dit : « Alors parle-moi dis-moi ce qui ne va pas ». Il me dit : « Les éducs sont méchants ». Je lui dis : « Qu’est-ce que tu entends par méchants ? ». « Ben ils me maltraitent. Quand ça va pas, quand je vais pas assez vite ils me mettent des gifles ». Lui il me le dit, il ne mange pas à sa faim tous les jours.
L’ancien militaire souhaite à présent créer une association pour aider les jeunes maltraités, aider les enfants placés à retrouver leur dossier ou simplement les écouter. Ayant eu un parcours scolaire chaotique et ne s’y connaissant pas trop, le Mosellan d’adoption recherche des personnes motivées pour l’aider à créer une telle structure.
Il faut que je fasse une association ou quel… que je trouve le moyen d’aider ces jeunes.