Saint-Avold : Grève aux urgences chez SOS Santé : ''L’accueil n’est pas digne aujourd’hui''
Depuis quelques jours, comme à Sarreguemines, le service des urgences de l’hôpital SOS Santé de Saint-Avold est en grève.
Son N°1 - Grève aux urgences chez SOS Santé : ''L’accueil n’est pas digne aujourd’hui''
Fazia Boukhelifa – secrétaire médicale à l’hôpital SOS Santé de Saint-Avold – membre du bureau départemental de la CFDT Santé sociaux et membre du CSE
Chez vous aussi, il y a une forte tension sur le personnel médical en ce moment ? Arrivez-vous à suivre aux urgences ?
Oui oui tout à fait, tout comme dans les autres hôpitaux de la région. La situation est explosive au service des urgences de l’hôpital de Saint-Avold. Que ce soit d’un point de vue médical ou paramédical, mais aussi sur les autres professions qui font tourner l’hôpital. Les équipes médicales à l’heure actuelle, sont plutôt sous-dimensionnées. Il manque des médecins pour assurer les urgences en médecine. Les médecins font des enchaînements de garde infernal, avec des temps de travail additionnels, et sont totalement épuisés. Tout cela pour ne pas fermer les urgences et assurer un service de soin à la population, qui est en droit d’attendre ce service. La situation est usante pour tous les professionnels de santé, et en particulier pour leur santé personnelle aussi.
Comment se passent les admissions aux urgences en ce moment ? Est-ce que les patients ont une bonne prise en charge ?
C’est un véritable parcours du combattant au quotidien. On voit bien qu’à l’heure actuelle, la surcharge de travail, la pénurie de lits d’aval, le manque de lits pour faire des transferts, pour hospitaliser des patients... Il n’y en a pas ou très difficilement. Les transferts sur d’autres hôpitaux sont très compliqués, puisque les autres hôpitaux vivent exactement les mêmes difficultés que nous, à l’hôpital de Saint-Avold.
Vous avez un encombrement au niveau des locaux, un nombre de patients qui arrivent et il faut, dans un premier temps, prendre en charge les urgences vitales. Vous avez des patients qui viennent pour des choses moins graves, et qui passent parfois 10 à 11 heures en salle d’attente. Donc c’est très très compliqué
En plus du problème d’afflux de patients et de manque de bras, vos locaux ne sont pas adaptés, c’est ça ?
Les locaux à l’heure actuelle sont vétustes, les locaux aux urgences sont dimensionnés pour recevoir environ 40 passages par 24h, alors qu’actuellement, les passages peuvent monter de 80 jusqu’à 110 par 24h. Donc je vous laisse un peu imaginer la catastrophe dans les locaux, les brancards dans les couloirs, etc. Il est très difficile pour le personnel de santé de pouvoir faire une surveillance des patients. La grande crainte, l’angoisse des infirmiers / infirmières et des médecins, c’est de passer à côté d’un cas grave, ou même des choses encore plus graves que je ne souhaite pas nommer ici.
Vous êtes en grève mais vous continuez à travailler évidemment ?
Oui, nous prévoyons de nous réunir pour voir ce que nous allons faire par rapport à tout cela. Il faut, je pense, à un moment donné sans doute, durcir le mouvement pour avoir des réponses au-delà du SEGUR investissement, dont on a parlé par rapport aux locaux. Là, il faut qu’on tape un peu plus fort pour que notre direction, à Paris, nous entende et vienne constater d'elle-même la situation dramatique vécue aux urgences et aussi dans tout le reste de l’hôpital.
Cette crise aux urgences vous la ressentez dans tout l’hôpital ?
Oui oui, de toute façon, on le voit bien, ce n’est pas spécifique à Saint-Avold, vous prenez les hôpitaux des environs, ils vivent la même chose. Donc quand chacun d’entre nous évoque cette situation, nous, on la comprend bien, on sait ce que l’on vit au quotidien. Pour revenir sur les locaux par exemple, vous avez un tel encombrement qu’il n’y a plus de confidentialité, il n’y a plus ce côté humain d’accueil. L’accueil n’est pas digne aujourd’hui. Les personnels ont l’impression de faire de la maltraitance, certains disent même qu’ils se sentent maltraités, pas considérés, pas entendus. Voilà la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui.