Mobilisation contre les retraites : le mouvement devrait être largement suivi dans les écoles de Moselle-Est
Jeudi, la mobilisation contre la réforme des retraites s’annonce suivie en France dans de nombreux secteurs dont celui de l’Education nationale. Le syndicat Snudi FO, syndicat des enseignants et AESH du premier degré promet une forte mobilisation en Moselle.
Son N°1 - Mobilisation contre les retraites : le mouvement devrait être largement suivi dans les écoles de Moselle-Est
Matthieu Risse secrétaire départemental Snudi FO 57 membre de l'Union Départementale FO de Moselle
Est-ce que vous savez déjà, à la veille du mouvement, s’il y aura beaucoup de classes et d’écoles fermées demain ?
Tout laisse à penser que cette première journée sera encore plus suivie que le 5 décembre 2019, qui marquait le début de la mobilisation contre la première vague de la reforme des retraites, et qui était déjà une vraie réussite. La grève sera très suivie dans les écoles de Moselle. Avec l’obligation que nous avons de déposer son intention de faire grève, ça nous permet d’avoir un peu de recul sur ce qu’il se passera demain. On sait qu’en Moselle-Est, par exemple, que beaucoup d’écoles seront fermées. Il y a par exemple les élémentaires de Hundling, Nousseviller-Saint-Nabor, Rémelfing, l’école du Blauberg à Sarreguemines, l’école primaire de Bousbach, l’école maternelle de Hambach, les écoles maternelles et élémentaires de Zetting, l’école primaire de Marineau à Forbach, ainsi que les maternelles de Bellevue et du Creutzberg.
La colère qui va s’exprimer demain est orientée vers la réforme des retraites. Les professeurs et AESH aussi sont contre cette réforme ? Pourquoi ?
Vous savez, on vient tous de prendre, d’un coup, une condamnation de 2 ans ferme. C’est une réforme qui fait payer, le fameux, « quoi qu’il en coûte » aux salariés. L’âge légal de départ à la retraite, passe de 62 à 64 ans pour tout le monde. Un enseignant débutera sa carrière vers 23-24 ans, vu qu’il y a des études assez longues, ça veut dire qu’il faudra avoir au minimum 66 ans pour partir avec une retraite à taux plein. Mais avec des conditions de travail qui n’arrêtent pas de se dégrader, aujourd’hui les personnels sont souvent prêts à partir avec une décote, et ne veulent plus continuer 2 ans de plus. Sauf que maintenant, ce ne sera plus possible avant 64 ans. Sur les AESH, c’est encore pire, parce qu’avec les salaires qu’elles touchent, elles auront une retraite encore plus misérable. Il faut savoir qu’elles sont largement en-dessous des 1 000 € de salaires, et avec des carrières hachées, on imagine ce que ça peut donner.
Cette réforme intervient alors que les enseignants sont déjà mobilisés sur d’autres problématiques comme les salaires et les suppressions de poste. Vous apportez ces revendications dans la rue demain ?
Le gouvernement n’arrête pas de dire que la réforme des retraites, c’est la meilleure des réformes. Les problématiques de salaires et de retraites sont intimement liées, puisque la retraite est un salaire différé. Ce mouvement concerne spécifiquement les retraites, et si on arrive à faire reculer le gouvernement là-dessus, ça sera, pour nous, un bon point d’appui pour gagner sur l’ensemble de nos revendications. Parmi ces revendications, il y a la question des salaires, qui est centrale. Avec un pouvoir d’achat qui n’arrête pas de diminuer, je rappelle que nous avons perdu, nous enseignant, 25 % de pouvoir d’achat en 20 ans. On vient d’avoir 3,5 % d’augmentation du point d’indice, ce qui est loin de compenser l’inflation. Puis après, la crise du recrutement on la ressent tous. Je pense que les parents d’élèves le voient au quotidien.
On parlait beaucoup de pénurie de professeurs dans l’académie de Nancy-Metz et pourtant des postes seront supprimés à la rentrée ?
Fin du mois, vont se tenir les instances de cartes scolaires départementales, ça commence fin de semaine prochaine et puis dans un peu moins de 15 jours on aura les premières instances. On sait qu’on va encore perdre 85 postes dans notre académie. Ce qui va encore une fois augmenter les effectifs par classe, qui sont déjà parmi les effectifs les plus élevés d’Europe. Alors qu’à l’inverse, les salaires des enseignants sont parmi les plus faibles de l’Union européenne, et même de l’OCDE.
La grosse mobilisation aura lieu demain et certains syndicats sont déjà prêts à poursuivre le mouvement au-delà. Ce sera le cas aussi pour Snudi FO ?
Demain, il faudra être le plus nombreux possible en grève et dans la rue, à Metz comme partout en France, pour faire la démonstration du rapport de force. La mobilisation de demain, on a déjà, à priori, la certitude qu’elle sera réussie, mais ça ne sera pas une fin en soi. Ça peut être le début d’une puissante mobilisation. Dès demain, il y a des intersyndical des assemblées générales, qui tiendront à tous les niveaux. Tant que le gouvernement ne reculera pas, il faudra poursuivre, voire amplifier encore la mobilisation. De notre côté, on a déjà encouragé les enseignants à envoyer des déclarations d’intention à partir du 19 janvier, et pas uniquement pour cette date, pour se tenir prêt, pour reconduire la grève dès demain soir et la semaine prochaine.