De l'hydrogène détecté dans le sous-sol à Folschviller


par Narjis Boussaïd
vendredi 23 juin 2023 à 10:52

De l'hydrogène détecté dans le sous-sol à Folschviller

Ce vendredi soir marque l'inauguration d'une nouvelle exposition au Parc Explor Wendel de Petite-Rosselle, intitulée « Du gaz dans le charbon ». Cette exposition présente sous forme de 6 modules, le questionnement de chercheurs suite à la découverte d’une potentielle réserve de gaz dans le charbon en Lorraine. Des visites guidées auront lieu à partir du mois de septembre. 

Son N°1 - De l'hydrogène détecté dans le sous-sol à Folschviller

Jacques Pironon - Directeur de Recherche au CNRS et Docteur en Géologie à l'Université de Lorraine

Ça semble très abstrait quand on n’est pas spécialiste ce gaz dans le charbon, est-ce que vous pourriez nous expliquer simplement ce qu’il y a sous nos pieds ?

Justement, c’est ça la bonne question. Ce que nous souhaitons faire, c’est inviter le public à un véritable voyage au centre de la terre. Au travers notamment d’une représentation un peu inédite de notre sous-sol au travers d'une carotte de roche. C’est un prélèvement cylindrique de roche qui est fait dans le forage, et on a reconstitué à l’échelle de 12 mètres, un forage de 1,2 kilomètre, donc au centième. C’est la première fois que l’on va pouvoir regarder très précisément ce que nous avons sous nos pieds. C’est-à-dire à la fois les différentes formations géologiques et les veines de charbon.

Pourquoi avoir voulu partager vos recherches avec le grand public ?

Pour nous et pour la plupart des programmes de recherche aujourd’hui c’est important de partager les résultats de recherches avec le public. On essaye d’avoir au quotidien des échanges, on a des moments privilégiés avec la nuit de chercheurs, la fête de la science, etc. Les expositions sont aussi des lieux où on peut interagir. Et l’un des objectifs de cette exposition, c’est de rencontrer aussi le public. Donc, on sera présent sur le site, vous aurez le programme qui vous sera proposé à partir du mois de septembre avec des visites guidées, avec des conférences, et des rencontres avec les chercheurs et les jeunes chercheurs qui ont travaillé sur ce projet.

L’exploitation du gaz de couche en Moselle-Est est un dossier sensible. Début 2023, le gouvernement hésitait toujours à autoriser l’exploitation de ce gaz. Est-ce qu’aujourd’hui vous avez les autorisations ?

Justement, c’est une question importante, qui était une question centrale sur le projet Regalor ressources gazières de Lorraine qui est soutenue par la Région Grand-Est. On a donc un certain nombre de jeunes chercheurs qui travaillent sur le sujet et qui vont faire partager le fruit de leurs recherches. C’est le cas de Salim Allouti, lui son job, c’est d’essayer de comprendre combien les formations ont généré de gaz au cours des temps géologiques et combien de gaz a été conservé dans les roches et qu’elle peut être la ressource de gaz. Donc ça, c’est un des objectifs de son projet de recherches. Et il fait partager ça dans le cadre de l’exposition. Il y a aussi la perception du public, comment le public pourrait accepter le développement d’une nouvelle industrie et de la production de gaz de charbon sur le territoire lorrain. Ça, c’est le travail de Laura Barbier qui elle a interrogé des habitants et qui a essayé d’analyser la perception du public sur l'exploitation potentielle de gaz. 

Le laboratoire GéoRessources, partenaire de cette expo, a installé ses appareils de mesures à Folschviller, l’exploitation est-elle envisagée là-bas ? Est-ce qu’aujourd’hui concrètement une exploitation est prévue sur le territoire ?

Sur les forages sur lesquels on peut travailler, pour l’instant il y en a un qui est vraiment dédié au programme de recherche, c’est déjà beaucoup. Ce n’est pas si simple de faire un forage et de disposer d’un forage. Le forage, est très important pour nous parce qu’il nous a permis de développer un nouvel outil de mesure. On est les seuls au monde, on a déposé un brevet pour cela qui nous permet de mesurer très précisément les gaz qui sont présents dans le sous-sol tout au long du forage. C’est là qu’on a eu une jolie surprise ces temps derniers qui alimente en partie la presse aujourd’hui. Puisque l’on s’est rendu compte que plus on fait des analyses en profondeur plus la concentration d’hydrogène augmentait. C’est-à-dire qu’alors que nous étions partis pour caractériser le méthane, donc la molécule de gaz que l’on connaît, le CH 4, on s’est rendu compte que l’hydrogène était associé à ce méthane. L’hydrogène est l’un des éléments de la transition énergétique puisque l’utilisation de l’hydrogène comme vecteur énergétique ne produit pas de CO2. Donc, c’est un peu le graal, c’est un peu ce que recherche aujourd’hui beaucoup de géologues. Et nous, nous avons découvert que dans les eaux de formation du charbon lorrain, on avait des concentrations d’hydrogène très importantes, qui pourraient peut-être, être exploitées demain. C’est aussi le nouvel objectif maintenant du projet Regalor. Puisque nous sommes en train de discuter d’une prolongation de ce projet.  

 


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