Bac, effectifs, rémunération... le syndicat SNES-FSU Lorraine réagit aux annonces pour la rentrée
La rentrée scolaire c’est dans quelques jours. Avant de regagner les salles de classe, le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, a fait plusieurs annonces hier. Epreuves du bac, effectifs, salaires, on en parlait ce matin dans le Grand Réveil.
Son N°1 - Bac, effectifs, rémunération... le syndicat SNES-FSU Lorraine réagit aux annonces pour la rentrée
Caroline Paste – Secrétaire académique SNES-FSU Lorraine
La première concerne les dates du BAC. Les épreuves de spécialité reviennent en juin au lieu de mars. C’était très demandé par les professeurs, vous en êtes satisfait ?
Non seulement c’était très demandé mais ça a été un sujet de combat depuis 4 ans pour le SNES et la FSU puisque, dès le début, on avait annoncé que ça allait poser des difficultés, que ça ne fonctionnerait pas, que ça mettrait une pression sur les personnels et surtout sur les lycéens. On est content, effectivement, que les épreuves de terminal reviennent en juin mais il y a encore beaucoup de problématiques avec ce bac Blanquer sur l’organisation du lycée, l’abandon d’une spécialité en terminal sur les 3 spécialités choisies en première. Ça ne convient pas. Le poids du contrôle continu, ça ne convient pas. L’articulation vers le supérieur avec l’utilisation de Parcoursup, ça ne convient pas donc il y a encore beaucoup, beaucoup de sujets de mécontentement.
Vous parliez du contrôle continu, c’est quoi le problème ?
Le poids du contrôle continu c’est que, même si on reporte les épreuves au mois de juin, ces épreuves-là n’auront pas un poids suffisant pour maintenir une mobilisation constante pour les élèves sur la totalité de l’année. On est encore sur un problème de maintenir leur assiduité, leur mobilisation jusqu’aux épreuves de terminal.
Hier Gabriel Attal a également annoncé une rémunération minimum de 2100€ net pour les professeurs grâce à des hausses de salaire. Est-ce suffisant ?
Ça n’est pas du tout suffisant puisque ces hausses de salaire sont en réalité conditionnées soit à l’acceptation du Pacte qui fonctionne beaucoup moins bien que ce que le ministère avait attendu. Ils attendaient 30% et on a plutôt l’impression qu’on est entre 5 et 10% d’acceptation. Ces hausses de salaire fonctionnent aussi uniquement sur des bases d’indemnité et non pas sur un point d’indice véritablement revalorisé. Il a été revalorisé de 1,5% en juillet, sachant que l’inflation est à 5,7% au minimum cette année on est très loin du compte. En décembre 2023, la majorité des profs auront perdu en pouvoir d’achat par rapport à 2022 malgré cette augmentation très légère du point d’indice et malgré l’augmentation de certaines primes qui ne concernent en réalité que la première partie de carrière puisque ça ne va que jusqu’au 8ème échelon. On voudrait des hausses de salaires à minima à la hauteur de l’inflation et aussi un rattrapage du pouvoir d’achat perdu par les enseignants et par une majorité des personnels de l’éducation nationale, les AESH, les AED, les conseillers d’orientation, psychologues etc. qui depuis 20 ans, ne cessent de perdre chaque année, et avec les gels successifs du point d’indice et avec l’inflation galopante, ont perdu 20% de leur pouvoir d’achat en 20 ans.
Plus tôt, Emmanuel Macron avait déjà fait réagir en annonçant des vacances scolaires plus courtes pour les élèves en difficulté. Ça vous paraît être une bonne idée ? Ou il y aurait mieux à faire pour aider les enfants ?
Avancer la rentrée scolaire c’est ajouter de la difficulté à la difficulté puisque les élèves qui sont dans une situation de grande difficulté scolaire sont en général des élèves qui ont un problème avec l’école, qui se sentent mal à l’école. Leur demander de venir eux en avance alors que leurs petits camarades sont encore en vacances c’est une punition supplémentaire, ce n’est pas ça qui va les aider à mieux réussir. Pour nous, pour mieux réussir, il faut vraiment mettre sur le tapis le sujet des effectifs et des conditions de travail des élèves. Quand on a une moyenne de l’Union Européenne à 21 élèves par classe en collège et qu’on voit qu’en France c’est une moyenne de 26 élèves par classe, on voit le problème. Plus les élèves sont nombreux, moins on peut différencier et puis s’intéresser aux difficultés de chaque élève. Si on ne s’attaque pas à la question des effectifs, des conditions de travail des personnels, des conditions d’étude des élèves on ne pourra jamais s’en sortir, ça ne sert à rien de rajouter des cours à des élèves qui sont déjà en perdition.
Enfin, la rentrée c’est lundi. Est-ce qu’elle devrait bien se passer dans l’académie de Nancy-Metz ? Vous avez des craintes, notamment concernant le nombre de professeurs ? Tous les élèves auront-ils des profs lundi ?
Le ministre, et puis notre recteur d’académie, nous annoncent une rentrée d’ores et déjà réussie, on attend de voir. On sait très bien que souvent il y a une réalité dans les établissements à la rentrée avec "il manque 6h de technologie, 8h d’histoire-géo", et c’est très difficile à combler parce que finalement il n’y a pas suffisamment de titulaires et puis les contractuels ne se bousculent plus pour entrer dans l’éducation nationale, ce n’est pas le métier qui fait rêver actuellement.