Octobre Rose : un mois pour inciter les femmes à aller se faire dépister
Selon les dernières statistiques de l'INSEE, une femme sur 8 sera touchée par le cancer du sein au cours de sa vie. Détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut être guéri dans 9 cas sur 10 d’où l’importance du dépistage. On le rappelle chaque année à l’occasion d’Octobre Rose.
Son N°1 - Octobre Rose : un mois pour inciter les femmes à aller se faire dépister
Docteur Catherine Guldenfels – médecin référent du dépistage organisé du cancer du sein pour le Grand Est et médecin responsable du site du Bas-Rhin
Est-ce que dans la région Grand Est et aussi dans le Bas-Rhin où vous exercez, les femmes réalisent suffisamment ce dépistage ?
Dans le Grand-Est, le taux de participation au programme organisé de dépistage est supérieur à la moyenne nationale donc on est plutôt une région bonne élève. Néanmoins, on n’est pas à 100% des femmes qui font une mammographie à partir de l’âge de 50 ans donc il y a toujours des progrès à faire en termes de participation d’autant que, depuis 5 ou 6 ans, on note une certaine désaffection pour la réalisation de ces mammographies avec un taux de participation qui, malheureusement, baisse un peu. Au niveau du Grand-Est on est aux alentours de 48% en 2022 avec une moyenne nationale qui n’est qu’à 45%. Ça ne veut pas dire qu’une femme concernée sur deux ne fait pas de mammographie, c’est le taux de participation au programme organisé. Or, un certain nombre de femmes, pour des raisons qui leur sont propres, réalisent des mammographies sur prescription de leur médecin et ne sont donc pas dans le taux de participation du programme organisé.
Le dépistage organisé du cancer du sein c’est à partir de 50 ans. Comment on procède ? En quoi ça consiste ?
C’est à partir de 50 ans parce que c’est l’âge à partir duquel le cancer du sein devient très fréquent. 80% des cancers du sein surviennent après l’âge de 50 ans. Ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas avant. Ce programme consiste essentiellement en une invitation qui est adressée à chaque femme, à son adresse, afin de l’informer des bénéfices que peut apporter cette mammographie et l’invite à se présenter dans les cabinets de radiologie de son entourage, qu’elle connait. Il n’y a pas besoin de se rendre dans un centre particulier pour réaliser cet examen qui est une mammographie tout à fait classique et qui n’a rien de spécial. L’autre particularité du programme c’est de réaliser une deuxième interprétation de cette mammographie si le radiologue l’a considéré comme normal. C’est-à-dire qu’il n’a pas vu d’anomalie, il nous adresse les radios qui sont revues par un deuxième radiologue afin d’augmenter la sensibilité du programme et de la détection de petites images.
Y a-t-il beaucoup de décès liés à des cancers du sein dans la région ?
Oui malheureusement il y a encore des décès liés au cancer du sein parce que des femmes se font dépister trop tard ou découvrent leur cancer trop tard et il est déjà étendu. De plus, il y a un certain nombre de cancers du sein qui sont agressifs et à partir du moment où ils deviennent palpables, ils sont déjà métastasés ou très difficile à guérir. Ceci étant, la mortalité par cancer du sein diminue en France, et de façon importante, alors que sa fréquence augmente ou du moins se stabilise. Donc on gagne vraiment des points sur ce cancer.
Au-delà de ce dépistage, quels sont les bons réflexes à avoir pour prévenir d’un cancer du sein ?
Avant 50 ans ou même entre les mammographies, il faut se surveiller. La mammographie ce n’est pas de la prévention c’est juste un diagnostique précoce, c’est un instantané, ça n’empêchera pas le cancer d’arriver si vous devez en avoir un. Donc il faut faire attention à sa poitrine, connaître ses seins, les palper régulièrement, tous les 2 mois, les regarder à la glace. Beaucoup de femmes n’osent pas se regarder torse nu à la glace, pour identifier un changement dans son sein. Pas quelque chose que je sens mais quelque chose qui n’y était pas la dernière fois que j’ai regardé ou que je me suis palpée. Et ce changement, même infime, ou cette sensation, doit faire consulter un professionnel de santé.