Ormersviller : Laurent Frumhotlz dénonce ''un problème structurel'' entre apiculteurs amateurs et professionnels


par Camille Bazin
jeudi 14 mars 2024 à 10:49

Laurent Frumhotlz dénonce ''un problème structurel'' entre apiculteurs amateurs et professionnels

Le gouvernement soutient les apiculteurs en proposant 5 millions euros d’aides. L’objectif : apporter une réponse aux difficultés que rencontrent les apiculteurs que ce soit concernant la commercialisation ou l’accumulation de stocks. Les conditions d’accès à ce dispositif n’ont pas encore été définies. Laurent Frumholtz est apiculteur professionnel à Ormersviller, il était notre invité ce matin.

Son N°1 - Laurent Frumhotlz dénonce ''un problème structurel'' entre apiculteurs amateurs et professionnels

Laurent Frumholtz – apiculteur professionnel à Ormersviller

Changements climatiques, concurrence déloyale, quelles sont les difficultés que vous rencontrez aujourd’hui ?

Concrètement ce n’est pas de l’argent qui va régler les problèmes de la filière apicole. Le problème est beaucoup plus structurel. La filière apicole représente à peu près 70 000 apiculteurs en France dont 2000 à 3000 professionnels. La concurrence qu’on a vraiment en France c’est l’apiculture amateure qui nous crée une concurrence déloyale parce qu’ils ne payent pas de cotisations sociales, ils ne payent aucune charge. Nos structures à nous sont archi-contrôlées et le Gouvernement n’a pas encore compris cette problématique-là.

Pour vous, 5 millions d’euros, ce n’est pas ce qui va vous aider ?

On ne recherche pas de l’argent. Tant que le problème structurel ne sera pas réglé on ne pourra pas évoluer parce que là on pointe du doigt des miels étrangers mais la problématique vient de la filière qui ne sait pas se prendre en main en France.

Concernant le miel étranger on sait que près de 50 % du miel consommé en France » est importé et 46% des miels sont fortement suspectés de déroger aux règles de l'Union européenne, selon une enquête de la Commission européenne publiée en mars 2023. C’est un vrai problème ?

C’est un problème sans être un problème parce qu’en face de ces miels importés, il y a une clientèle qui l’achète donc il y a un écoulement qui se fait. Le vrai problème à l’heure actuelle, le débouché du marché du gros en France c’est déjà pour l’apiculture professionnelle. Il faut savoir que 50% de l’apiculture nationale est vendue en direct donc cette problématique du miel importé c’est le miroir aux alouettes.

La profession devrait-elle être plus encadrée ?

Il n’y a pas d’encadrement. Un propriétaire d’aquarium n’est pas un pêcheur. Dans notre filière, à partir du moment où on a 3 ruches, on se dit apiculteurs, il n’y a pas de vrai statut d’apiculteur, il est là le problème.

Est-ce qu’aujourd’hui c’est rentable d’être apiculteur en France ?

C’est rentable mais il faudrait que la filière soit plus structurée et qu’il y ait moins de concurrence déloyale dans le propre pays. Il y a trop d’apiculture de loisir qui nous crée énormément de tort, il y a aucun contrôle, ils n’ont pas les mêmes normes que nous, ça nous crée une distorsion de concurrence terrible. Il faudrait que les services de l’Etat fassent plus de contrôle notamment sur les marchés où on retrouve plein de petits producteurs qui vendent des miels, souvent non-conformes.

Pour calmer la colère des agriculteurs, la France a fait marche arrière concernant l’usage de certains pesticides. Est-ce que ça vous inquiète pour la survie des espèces ?

Ça ne nous inquiète pas plus que ça. On travaille en collaboration avec les agriculteurs dans la filière apicole professionnelle et ce sont des produits qui sont utiles. L’agriculture est très encadrée donc ça ne posera pas plus de problème que ça. On est en 2024, les produits phytosanitaires sont utiles pour certaines choses à des moments donnés et il ne faut pas qu’on oppose l’apiculture et l’agriculture.

Pour parler un peu plus de vous, votre miel d’acacia a été récompensé au concours général agricole de Paris, vous êtes fiers de cette distinction ? Sur quels critères avez-vous été récompensés ?

On est fiers. Avant tout c’est une récompense qu’on fait pour nous évaluer par rapport à nos collègues. C’est une fierté parce que c’est une récompense par rapport au travail qu’on mène au quotidien sur l’exploitation. Le miel a été analysé en laboratoire, il répond à un cahier des charges très strict et après il passe devant un jury qui goûte et qui établit que c’est un produit gustativement au top.


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