Forbach : Soupçons de harcèlement, Cassaro et son équipe mis en cause
Le climat social à la mairie de Forbach est sous haute tension. Le syndicat FO accuse le maire Alexandre Cassaro et ses proches collaborateurs de harcèlement, de discrimination et de répression syndicale à l’encontre de certains agents territoriaux. Une plainte contre X a été déposée au Parquet de Sarreguemines. Une enquête est en cours.
Son N°1 - Soupçons de harcèlement, Cassaro et son équipe mis en cause
À Forbach, une dizaine d'agents territoriaux, du syndicat Force Ouvrière (FO) a porté plainte pour harcèlement. Keltoum Omrani, secrétaire générale du syndicat FO et agent territorial au sein de la médiathèque de Forbach, dresse un tableau sombre de la situation des agents territoriaux.
Nous avons dénoncé notamment des faits de harcèlement, de burn-out, liés à beaucoup de problématiques, notamment le manque de personnel.
''Des agents souffrent d'un mal-être et viennent au travail la boule au ventre''
En plus de 20 ans de carrière, l’employée n’a jamais vu ça, le personnel de la médiathèque serait passé de 18 à 7 employés.
Les agents sont épuisés et certains managers ont des attitudes toxiques vis-à-vis de certains agents.
En 2022, des signaux d'alarme auraient déjà été lancés sans succès.
On avait alerté par rapport à des agents qui souffraient vraiment d'un mal-être, qui venaient la boule au ventre au travail. On a écrit des courriers à l'autorité territoriale et qui restent encore aujourd'hui sans réponse.
La secrétaire générale du syndicat FO dépeint une atmosphère de travail délétère où règne la peur.
Il y a toujours eu ce climat de peur, de contrer. Aujourd’hui, la goutte fait déborder le vase. Et puis, les agents concernés pour certains sont soit en arrêt maladie, soit ont démissionné. On a eu des situations très graves où les agents pleuraient. Malheureusement, on se retrouve face à des murs, et ces murs, à un moment donné, il faut les abattre.
''Des faits répétés de harcèlement moral'' sur des policiers municipaux
Ralph Blindauer, l'avocat représentant le syndicat FO, renforce les accusations avec des exemples précis de comportements discriminatoires, notamment au sein de la police municipale.
On leur refuse des heures supplémentaires. Des agents qui faisaient les patrouilles à deux, on les oblige à faire les patrouilles séparément.
Imaginez que vous êtes 8 heures par jour dans un bureau où il n'y a rien, où je crois qu'il n'y a même pas un ordinateur, où le ménage est à peine fait et qu'on ne vous donne aucun travail.
Maître Blindauer décrit un climat de terreur qui serait orchestré par le maire Alexandre Cassaro.
Il y a le harcèlement qui consiste en des faits répétés, qui, pris individuellement, n'ont pas de vraie signification, mais qui, mis bout à bout, rendent la vie insupportable. Et puis, il y a le harcèlement qui consiste à mettre les gens au placard, et là les placards de la ville de Forbach sont pleins.
''Le harceleur n'est pas celui que l'on croit,'' avocat du maire de Forbach
Grégory Jung, l'avocat du maire Alexandre Cassaro, conteste vivement ces accusations. Il revient sur une affaire qui a opposé Keltoum Omrani et une collègue à la médiathèque, qui était promue au cabinet du maire et qui accusait madame Omrani de trop en dire sur sa promotion. Une dispute aurait éclaté entre elles.
Lors de l'enquête administrative, en enquête interne, le rapport de cet agent [Keltoum Omrani] était émaillé de contre-vérités, de mensonges, d'omissions, et que les différents témoignages recueillis par la mairie, au contraire, démontraient que cet agent avait agressé verbalement une de ses collègues et avait créé une esclandre au sein de la médiathèque municipale. Je pense que l’harceleur n'est pas celui qu'on croit.
Suite à cette histoire, madame Omrani, aurait fait l’objet d’une sanction disciplinaire, la police municipale serait venue chez elle, ce qu’elle décrit comme de l’intimidation. Ce que son avocat maître Blindauer ne comprend pas :
Elle a simplement eu le tort de faire une lettre au maire pour se plaindre de ses conditions de travail et de se plaindre du comportement d'un autre agent, et le maire considère que c'est une faute disciplinaire et que ça vaut trois jours de mise à pied, c'est-à-dire trois jours sans salaire.
Pour l’avocat de la partie adverse, maître Jung, les agents qui portent plainte :
utilisent les mandats syndicaux à des fins purement personnelles et d'utilisation de leurs mandats pour essayer de combattre en interne certaines personnes qui ne leur plaisent pas.
Le maire Alexandre Cassaro répond
Le maire Alexandre Cassaro défend sa gestion municipale et nie les accusations de sous-effectif.
La ville de Forbach n'est pas en sous-effectifs. Nous avons un peu moins de 300 équivalents temps plein.
Alexandre Cassaro avoue tout de même, que le nombre de salariés a baissé :
Nous ne remplaçons pas systématiquement les départs, ce qui nous permet aussi de réaliser des économies qui permettent ensuite d'investir pour l'avenir de la ville.
Des départs au compte-gouttes
Kévin Cesarec, anciennement directeur des pôles des politiques publiques à la mairie de Forbach aurait également quitté le navire, en plus de plusieurs agents territoriaux qui seraient en arrêt maladie, ce à quoi Alexandre Cassaro répond :
Depuis 2020, le taux d'absence pour maladies ordinaires ne cesse de baisser, puisque lorsque nous sommes arrivés à la tête de la municipalité en 2020, le taux d'absence pour maladies ordinaires était de plus de 11 %, il est aujourd'hui à 9 %. C'est toujours 9 % de trop, mais nous constatons qu'il baisse, et s'il baisse, c'est parce que nous avons en interne une ambiance qui est constructive, qui est tout à fait positive.
Cependant, la période du Covid en 2020 pourrait avoir un impact sur les arrêts maladies.
Alors que l'enquête suit son cours, le climat à la mairie de Forbach reste tendu. Le syndicat FO organise une manifestation ce vendredi 31 mai devant la mairie.