Le syndicat FO appelle à 3 jours de grève pour 3 jours de carence
Une nouvelle grève des fonctionnaires pour début décembre. Après les dernières annonces du gouvernement et notamment le passage à 3 jours de carence en cas d'arrêt-maladie, les professeurs des écoles se préparent à une mobilisation en Moselle. On en parlait dans le Grand Réveil avec notre invité ce matin.
Son N°1 - Le syndicat FO appelle à 3 jours de grève pour 3 jours de carence
Matthieu Risse - secrétaire départemental Snudi FO 57 et secrétaire de l'Union locale FO de Sarreguemines
Mercredi, 40 professeurs des écoles de Moselle ont adopté une motion contre le projet de passage à 3 jours de carence pour les fonctionnaires. Pourquoi cette idée vous scandalise-t-elle ?
Ce qui nous scandalise dans un premier lieu, c’est la manière méprisante et mensongère avec laquelle le ministre a présenté les choses. On a un ministre qui dit qu’il veut lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique avec l’objectif, je cite, « d’assurer la continuité des missions de service public ». Un enseignant, ou un fonctionnaire plus globalement, qui est malade ce n’est pas de l’absentéisme contre lequel on peut lutter. Il est absent parce que son médecin l’a mis en arrêt et un enseignant, il est plus souvent malade parce qu’il est particulièrement exposé, il est avec des enfants toute la journée. On rajoute à ça qu’il n’y a pratiquement pas de médecine du travail chez nous donc pour nous, c’est une véritable provocation. Quand on sait qu’on a perdu près de 30% de pouvoir d’achat, on attendait plutôt un déblocage du point d’indice. Souvent, on fait le parallèle avec le privé avec ces jours de carence, mais ce qu’on oublie de dire, c’est que c’est très majoritairement pris en charge par l’employeur par le biais des conventions collectives, des accords de branches ou des accords d’entreprises.
Qui sont ces 40 professeurs qui ont participé à ces échanges et pourquoi ? Qu’est-il ressorti en dehors du problème des jours de carence ?
Ce sont 40 professeurs des écoles qui se sont organisés comme ça quasiment du jour au lendemain parce qu’on a décidé ça à la toute fin des vacances scolaires pour poser ce cadre de discussion. Ils se sont organisés, en plus un mercredi, un jour où les professeurs des écoles ont surtout leurs activités familiales. On a échangé sur la situation et ces enseignants étaient très remontés, un ras-le-bol du dénigrement des fonctionnaires qui aboutit aussi à une mauvaise image dans l’opinion publique. Je rappelle que la fonction publique, c’est un bien commun, il y a une vraie envie de se mobiliser. Cette motion, on l’a présenté à l’ensemble des professeurs des écoles et AESH du département hier soir et on a ce matin quasiment 100 signatures en quelques heures et je pense que ça va continuer parce que là il y a vraiment un gros ras-le-bol.
Avec le nouveau gouvernement et la nouvelle ministre de l’Éducation nationale qu’espérez-vous aujourd’hui pour les enseignants ?
Vu le gouvernement en place, dans l’état actuel des choses, on n’espère pas grand-chose. On sait que ça passera forcément par la mobilisation. On voit bien le profil du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement, il y a un point commun entre tous ces gens-là, c’est qu’ils ont été mis là pour faire de l’austérité. Nous, on a vraiment l’impression, dans l’éducation nationale et dans la fonction publique dans son ensemble parce que c’est pareil dans l’hôpital par exemple, on a l’impression que l’austérité ça fait des années qu’on la subit en fait. Dans l’éducation nationale par exemple, par le biais des postes, on a appris il y a encore quelques semaines qu’on va, encore une fois, supprimer des postes, 4000 au total dans l’éducation nationale dont 3500 dans les écoles au prétexte d’une baisse de la démographie. Plus les annonces sur la deuxième journée de solidarité, on a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais.
Au-delà des enseignants, ce sont tous les fonctionnaires qui sont mobilisés contre les récentes annonces. Doit-on s’attendre à de nouvelles mobilisations ?
Oui clairement parce que des réunions comme nous on a fait cette semaine en Moselle il y en a eu un peu partout en France, dans tous les secteurs d’activité et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui FO prépare un appel à la grève dans l’ensemble de la fonction publique pour début décembre, on n’a pas encore les dates exactes, ça va être finalisé dans les prochains jours. Par rapport aux trois jours de carence, nous on propose trois jours de grève avec reconduction possible parce qu’évidemment on ira jusqu’au bout, jusqu’à satisfaction de nos revendications donc on en entendra parler sans doute encore dans les jours qui viennent. Nous on prépare ça pour début décembre à moins que d’ici là le ministre recule, on verra bien.
Quelques minutes après notre interview, le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a annoncé mettre de côté le projet de fusionner les catégories de fonctionnaires et confirme le gel du point d'indice. Deux des principaux syndicats de fonctionnaires, FO et la CGT, ont appelé à la grève.