34 mineurs en situation de prostitution recensés en Moselle en 2024 : le Département veut réagir
Le Département de la Moselle s’engage contre la prostitution des mineurs. Il y a un an, le 19 décembre 2023, une convention a été signée entre le Département, la Direction interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse et la Cour d’appel de Metz pour lutter contre la prostitution des mineurs. La semaine dernière, un premier bilan était dressé.
Son N°1 - 34 mineurs en situation de prostitution recensés en Moselle en 2024 : le Département veut réagir
Marie-Louise KUNTZ - vice-présidente, déléguée à la Protection de l'Enfance, à la Famille et à la Prévention Spécialisée au sein du Département de la Moselle.
On n’imagine pas qu’en Moselle il y ait de la prostitution de mineurs, combien de cas ont été recensés ?
On a recensé 34 situations de mineurs l’an dernier dont 2 garçons. Ce sont des mineurs qui ont entre 13 et 17 ans. Dès qu’ils sont repérés, qu’il y a un juge des enfants, ils nous sont confiés à l’aide sociale à l’enfance. Ce ne sont pas des enfants qui étaient à l’aide sociale, ils nous sont confiés par rapport à cette prostitution. C’est ce que j’aime rappeler parce que souvent, on fait des raccourcis. Ce sont des jeunes qui ont souvent vécu des violences intrafamiliales, qui ont peut-être eu des agressions sexuelles. La majorité connait un problème relationnel avec un des parents qui n’est plus là ou plus présent au domicile. Bien entendu, par rapport à ça, ils ont des addictions aux stupéfiants, c’est ce qui les fait souvent entrer en prostitution et ce sont des jeunes qui développent des pathologies psychiatriques depuis cette entrée en prostitution aussi, mais qui sont complètement dans le déni et qui, pour beaucoup, ne demandent pas d’aide pour en sortir.
Je tiens à dire que si vous voyez autour de vous des jeunes qui pourraient être dans la prostitution il faut surtout le signaler. Si vous ne le signalez pas c’est quelque chose qui peut être poursuivi aussi par la loi.
Quel type de prostitution c’est ? On imagine bien que ces enfants ne sont pas livrés dans la rue… C’est un réseau un peu caché ?
Il existe différents types de prostitution mais le phénomène de la rue est peu présent. En fin de compte, les proxénètes agissent avec des moyens modernes, comme le trafic de stupéfiants, ils approchent avec des plaques d’immatriculation falsifiées, ils font du racolage sur les réseaux sociaux tels TikTok, Telegram et ces personnes-là louent des logements sur des plateformes Airbnb et qui distribuent donc des cartes de téléphone prépayées.
Vous avez donc créé un comité de suivi trimestriel, c’est quoi le but ? qu’est-ce qui a été mis en place ? qu’est-ce qui est ressorti de cette année ?
C’est une signature qui a eu lieu le 19 décembre 2023 entre la Cour d’appel de Metz, la direction interrégionale de la PJJ, le Département de la Moselle et c’est pour un engagement de chaque partie dans la lutte contre la prostitution des mineurs. Il y a donc eu la mise en place d’un comité de suivi pour voir où en était leur prostitution et mettre en place toutes les choses possibles et imaginables et l’institution donc d’une commission sur la prostitution des mineurs.
Avez-vous réussi à sortir des enfants de la prostitution ?
Sortir des jeunes de la prostitution c’est compliqué. Il faut un suivi, un engagement, il faut aussi que les jeunes soient ok, qu’ils ne soient plus dans le déni et ça peut prendre minimum 2 ans pour arriver à sortir ces jeunes de la prostitution.
Quels sont vos objectifs pour 2025 ?
On est surtout dans l’objectif d’un accompagnement. L’intervention de professionnels au sein des commissariats et des brigades de gendarmerie auprès de ces adolescents qui sont qui sont entendus dans ce réseau prostitutionnel, d’offrir aux adolescents en situation de prostitution un interlocuteur privilégié qui est joignable 24h/24. Habiliter les structures spécifiques aussi qu’on voudrait mettre en place pour une offre de soins. Et pour parvenir à ces objectifs, nous avons besoin du concours de toutes les institutions : la Justice, les forces de l’ordre, le Département et les acteurs du soin et de la santé pour pouvoir obtenir de bons résultats.