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Épisode du lundi 10 octobre 2022 à 09:45
Pour beaucoup de personnes, le mois de Juin 1944 évoque évidemment le débarquement allié en Normandie, et le début de la Libération. Mais saviez-vous qu’un terrible drame avait eu lieu 3 jours avant le débarquement allié, près de Saint-Avold ?
Aujourd’hui, je vais parler d’une histoire méconnue qui a bouleversé des villages du pays de la Nied, notamment Longeville-lès-Saint-Avold.
Tout d’abord, il faut se remettre dans le contexte : En 1944, la Moselle a été annexée par le IIIe Reich d’Adolf Hitler. Elle est intégrée dans le territoire du Gau-Westmark et dirigée par un Gauleiter, Josef Bürckel.
Dans ce cadre, la germanisation du département s’est faite à marche forcée dès l’été 1940 : Interdiction du français, germanisation des villes, des rues, de certains noms de famille, etc..
Dès octobre 1940, deux jeunes du village sont déportés à Dachau, et les habitants commencèrent à craindre l’occupant.
Le 25 mars 1941, les 4 communes de Longeville, Bambiderstroff, Zimming et Boucheporn sont regroupées et forment le “Bürgermeisterei Lubeln”. et dirigées par un Ortsgruppenleiter.
Le 23 avril 1941, le Reichsarbeitsdienst (RAD) (Service National du Travail) est mis en place et les jeunes hommes et femmes de 18 à 25 doivent obligatoirement l’accomplir. De nombreux jeunes gens fuient alors les villages mosellans.
Les allemands mettent en place de nombreuses perquisitions pour être sûr de ne louper personne, et le climat fut vite délétère, incitant presque les villageois à la désobéissance.
Le 18 octobre 1942, le Gauleiter Bürckel proclame le service militaire obligatoire pour la Moselle, ce qui induit d’être incorporé sur le front en temps de guerre. Ce sont les fameux “Malgré-Nous”, où plus de 130 000 alsaciens-mosellans iront combattre dans les rangs de l’occupant contre leur plein gré. Pour dissuader les mosellans de déserter, la Sippenhaft (responsabilité familiale) est mise en place, menaçant ainsi directement les familles de déportation.
Avant la fin de l’année 1943, 7 jeunes longevillois tombent sur le front soviétique, tandis que l’incorporation de force touchait 14 classes d’âge. Dans le même temps, pour échapper à ce funeste destin, de nombreux jeunes hommes furent cachés par les habitants, par la famille ou les voisins : greniers, granges, entrepôts, fumoirs, cabanes ou même dans la forêt.
Au fil des mois, la résistance des villageois grandissait au point qu’on compta même 160 réfractaires en octobre 1943 pour la ville voisine de Saint-Avold.
C’en fut trop pour les nazis : Le 3 juin 1944, est une grande rafle est décidée. Les forces allemandes encerclent les villages de Longeville, Bambiderstroff et Porcelette dans la nuit avec plus de 1000 hommes de la SS, de la Gestapo. C’est une journée d’horreur pour les habitants. Deux réfractaires qui tentent de fuir sont abattus. La centaine de maisons de Longeville est fouillée du sol au plafond. 10 réfractaires sont découverts. Appliquant la Sippenhaft, les familles sont arrêtées avec par les services nazis. Au total, 98 personnes sont arrêtées dont 24 femmes. Toutes ces personnes sont immédiatement déportées vers une destination inconnue et 17 ne rentreront jamais dans leur village.
Deux jours avant la libération finale, le 23 novembre 1944, trois jeunes longevillois sont abattus par les allemands.
C’est enfin le 25 novembre 1944 que le village de Longeville-lès-Saint-Avold est enfin libéré définitivement du joug nazi.
Pour tous ces faits de guerre, la ville est citée à l’ordre de la Division et reçoit la croix de guerre avec étoile d’argent. Un monument mémorial a été édifié depuis sur les hauteurs entre Longeville et Bambiderstroff.
Source : Mairie de Longeville-lès-Saint-Avold / Rédaction-Présentation : Antoine Krutten
Chronique réalisée par Les Historateurs. Présenté par Antoine, avec la participation de Hamza, Pierre-Edouard, Guillaume, Nicolas G, Nicolas D, Yann et Alexis.
"Les Historateurs" sont nés en décembre 2018 de la passion de 4 personnes pour l'histoire, l'exploration et le patrimoine.
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photo : prise par Cédric Becker
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