Chronique végétale : le temps des moissons

La Mélodie Family

Chronique végétale : le temps des moissons

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Épisode du mercredi 18 septembre 2019 à 10:20

Le temps des moissons

Histoire et anecdotes

Au mois d’août, la générosité de la nature est à son apogée. C’est le temps des moissons, des récoltes de fruits. C’est le moment où les récoltes doivent préparer les longues nuit d’hiver à venir.

Le soleil commence à décliner, les journées sont plus courtes, les feuilles des arbres roussissent et déjà l’automne annonce son arrivée. Il est encore temps de profiter des belles journées de fin d’été.

Du premier coup de faucille au stockage de la récolte, la moisson traditionnelle est liée dans toutes les cultures à divers rituels : ceux liés à la dernière poignée d’épis, à la dernière gerbe, à la dernière charrette, au repas de clôture de moisson, à la messe des blés. Nos ancêtres pensaient que la puissance de fécondité qui s’était manifestée durant les moissons se réfugiait dans les derniers épis, sur une partie du champ réservée à cet effet. Ainsi, dans le Haut-Rhin, existait la tradition de Gleckshampfele où une jeune fille procédait à la coupe rituelle des 9 derniers épis de blé, accompagnée des prières. Cette gerbe de blé était ensuite portée en procession dans le village, bénie par le prêtre puis incorporée pour les semis de l’année prochaine.

Plusieurs villages organisent une fête de la moisson, des fêtes avec des expositions, jeux et éventuellement des spectacles organisés en extérieur. Afin de recréer les conditions des moissons d’autrefois, des engins agricoles anciens sont mis en marche et les participants se costument. Des chevaux de labour peuvent participer à des courses de labour, tirant leur charrue sur une ou plusieurs longueurs d’un champ. On trouve aussi des jeux traditionnels anciens, en fait tout ce qui permet de célébrer la tradition de la moisson dans une ambiance festive. Aujourd’hui, ces vieilles coutumes ont quasiment disparu, mais il existe encore des fêtes des moissons qui sont, le plus souvent, des expositions de matériels agricoles.

 

La symbolique du blé

L’épi de blé, symbole de la croissance et de la fructification, est universellement considéré comme symbole de la fécondité physique et spirituelle. L’abondance que représente l'épi est à l'image de ce que promettent les enseignements spirituels de toutes les religions : selon les Évangiles, un grain qui meurt peut rapporter au centuple.

Emblème d’Osiris, de Déméter, de Cérès, l’épi symbolise que la mort terrestre s’inscrit dans la continuité des cycles de vie. Céréale sacrée, dont le grain meurt pour renaître, le blé a connu de multiples usages.

Porte-bonheur, le blé est jeté, à Rome, sur la tête des mariés afin qu'ils aient une nombreuse descendance. Confectionnées avec des tiges et des épis de blé, des poupées de paille étaient utilisées autrefois comme un talisman de fécondité par les femmes qui désiraient avoir des enfants.

 

Lugnasad

Chez les celtes c’était aussi le moment de fêter Lugnasad, une fête dédiée à Lug, le dieu de la lumière. Le nom Lugnasad fait aussi référence à la fête de la fertilité, d’où son association à la période des moissons et à la récolte du blé qui en Europe se déroule en été au mois d’août. Lugnasad est aussi le sacrifice qu’a fait la mère adoptive de Lug qui serait morte d’épuisement après avoir “transformé les forêts d’Irlande en verts pâturages et riches plaines fleuries de trèfles, afin d’assurer la pérennité et le bien être matériel de son peuple”. C’est de là que viendrait le trèfle comme symbole de l’Irlande. Cette ancienne fête se célébrait à la pleine lune la plus proche du 1er août. C’était un rassemblement social qui garantissait la paix et l’abondance. Si par hasard le roi refusait d’organiser cette fête, il conduisait son peuple à la famine, car les terres deviendraient infertiles.

C’était une fête agraire, un divertissement avec des jeux et des compétitions, un moment d’échanges. C’est aussi le temps des mariages.

Aujourd’hui encore, de nombreuses fêtes agraires, des salons, sont organisées au mois d’août.

Le blé est coupé, une partie des grains est transformée en victuailles. L’autre partie sera utilisée comme semence le printemps suivant pour redonner vie à nouveau. C’est ainsi que le sacrifice, la transformation, la mort et de la renaissance font aussi partie de Lugnasad. Le grain de blé enfoui dans la terre meurt en hiver pour renaître au printemps, symbolisant ainsi le cycle éternel de la vie et de la mort, ainsi que celui des transformations.

 

Avec l’arrivée du christianisme, cette fête a été remplacée par l’assomption, le 15 août, et la protection de Sainte Vierge a remplacée celle de la terre. C’est à ce moment-là que la déesse de la terre abandonne son époux terrestre pour rejoindre le dieu céleste. On ne manquera pas d’y voir un lien avec l’Assomption chrétienne.

Ainsi, la fin des moissons a toujours été chargé d’une symbolique particulièrement forte dont les reliquats restent visibles encore aujourd’hui dans nos campagnes. Qu’importe la manière dont vous allez célébrer Lugnasad, pensez à faire au moins une balade dans les champs, les vergers afin de contempler les dons de la Nature.

 

Source :

https://compilhistoire.pagesperso-orange.fr/fetmoisson.html

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue 


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