Chronique végétale : Citrouilles et navets

La Mélodie Family

Chronique végétale : Citrouilles et navets

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Épisode du mercredi 20 octobre 2021 à 12:30

Le 31 octobre, c’est Halloween. Connaissez-vous les origines de cette fête et la raison pour laquelle on creuse des citrouilles ce jour-là ?

Pour tordre le cou aux clichés que c’est trop américain et éloigné de notre culture, on rappellera que les racines de Halloween plongent dans un folklore païen né il y a 2000 ans en Irlande et en Écosse et dans le folklore celte avec la célébration de Samain.

Samain, le nouvel an celte

Samain est la première des quatre grandes fêtes religieuses de l’année celtique, fêtée aux environs de notre 1er novembre. Elle marque le début de la période sombre. C’est une fête de transition, le passage d’une année à l’autre, et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux.

La fin de l'ancienne année et le début de la nouvelle laissait durant cette nuit-là la possibilité aux morts et aux esprits de toute sorte de surgir de leur monde pour pénétrer dans le nôtre. La nuit de Samain était en quelque sorte hors du temps, à la frontière entre l’année précédente et l’année nouvelle. C’était le moment de se souvenir de ses ancêtres.  Il était donc de tradition ce soir-là d’accueillir ses morts à la table afin de leur donner à eux aussi le fruit du travail de l’année.

C’est très probablement cet aspect de la tradition celte qui donna prétexte au christianisme pour célébrer les morts à cette date (et non le jour même de la Toussaint)

Mais cette nuit-là portait aussi avec elle la possibilité de voir surgir les hordes chaotiques de l'autre monde. Ainsi étaient susceptibles de survenir gnomes, esprits, ou autres Korrigans. Pour éviter le déferlement chaotique de ces petits démons dans les foyers où il fallait préserver ses provisions pour l’hiver, les celtes veillaient à « occuper » ces personnages en leur organisant des fêtes.

On assiste ces dernières années à l'apparition de la fête d'Halloween en Europe. Cette fête, directement importée des États-Unis et mise en avant à grand renfort de publicité pour des raisons principalement commerciales, prend ainsi pourtant sa source au plus profond de notre culture celtique.

Certes, la manière dont elle est pratiquée aujourd’hui ressemble fort peu à ce qu’elle était à l’origine.

La légende de Jack la lanterne

Un vieux conte irlandais raconte qu’un certain Jack, ivrogne et fourbe, passa un pacte avec le diable pour ne jamais aller en Enfer. À sa mort, un 31 octobre, ayant mené une mauvaise vie, il ne put accéder au Paradis, et les portes de l’Enfer lui demeurèrent également fermées à cause de la promesse faite par le Diable de ne jamais prendre son âme. Jack fut donc condamné à errer dans les ténèbres pour l’éternité, muni d’une braise donnée par le Diable, placée dans une lanterne de fortune faite d’un navet creusé (pas de citrouille à cette époque en Irlande ). Chaque 31 octobre, durant des siècles, la tradition célébra ainsi la mémoire de Jack la lanterne en plaçant une bougie dans un navet, un rutabaga, ou une betterave. Quand les Irlandais, victimes de la famine, s’expatrièrent en masse vers les États-Unis, leurs croyances trouvèrent un écho dans celles des Amérindiens. Ces derniers célébraient également l’arrivée des jours sombres et le retour sur la terre des âmes des défunts, venues donner du courage et de la force aux vivants.

Halloween

Ce n’est qu’à partir de la moitié du XIXe siècle que la bougie fut placée dans une citrouille. Les Irlandais qui émigrèrent en Amérique à cette époque y apportèrent la légende de Jack, mais abandonnèrent le navet au profit de la citrouille américaine, plus large, plus facile à creuser et, pour ne rien gâcher, d’une jolie couleur orange ! À chaque nuit d'Halloween, on peut le rencontrer, solitaire sur les vieilles voies ténébreuses, une énorme citrouille sur le dos.

Toutefois, les têtes de mort creusées dans des navets ne sont pas une tradition exclusive d'Halloween. Au XIXe siècle, dans les Vosges, on sculptait aussi des têtes de mort dans les navets pour célébrer la Saint-Grégoire. En Moselle, la Rommelbootzennaat (nuit des betteraves grimaçantes en Francique lorrain) est une tradition célébrée la veille de la Toussaint, essentiellement dans le Pays de Nied et dans une partie du land de Sarre voisin. La veille de la Toussaint, les enfants sculptent des têtes grimaçantes dans des betteraves, légumes dont la récolte marque la fin des travaux des champs. Éclairées par la lumière d’une bougie, les têtes sont déposées sur les rebords de fenêtres, des puits, les murs des cimetières ou aux croisements des chemins pour effrayer les passants. Cette fête a continué à être célébrée bien avant le retour en Europe de la mode d'Halloween à la fin des années 1990

On peut ne pas apprécier le battage commercial fait autour d’Halloween mais il faut savoir profiter des richesses de l’automne. La fête d'Halloween a relancé la culture de la citrouille et du potiron. La citrouille (Cucurbita pepo) et le potiron (Cucurbita maxima) étaient inconnus en Europe avant Christophe Colomb. La courge européenne était la gourde ou courge calebasse (Lagenaria siceraria)

Courges, citrouilles et potirons restent des légumes hauts en couleurs, au naturel ou en version lanterne.

Source : https://www.jardiner-malin.fr/fiche/halloween-origine-citrouille.html

Chronique réalisée par Gilles, éthnobotaniste et mycologue. 


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