Le long de la Sarre

Dans mon jardin

Le long de la Sarre

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Épisode du mercredi 7 septembre 2022 à 12:30

La Sarre est un élément paysager incontournable de notre territoire. Poursuivons notre promenade le long de cette rivière qui a façonné et façonne toujours nos paysages.

La Sarre est issue de deux sources, la Sarre rouge sur le territoire de St Quirin, et la Sarre  Blanche dans le massif des Vosges. Les deux se rencontrent sur le territoire de Lorquin pour former la Sarre. Elle serpente durant 246 km à travers plusieurs communes dont elle a donné son nom : Sarrebourg, Sarre-Union, Sarralbe, Sarreinsming, Sarreguemines, Sarrebrück, avant de se jeter dans la Moselle à Konz, près de Trèves.

 

Le long de ses rives se déploient des paysages particuliers, coteaux calcaires, prairies alluviales et ripisylves qui font le charme de la vallée de la Sarre. Les prairies alluviales fertiles pour faire paître le bétail, les coteaux calcaires qui autrefois furent utilisés pour la culture de la vigne, comme l’atteste par exemple le nom de Rebberg à Wittring.

 

Des espèces emblématiques

 

Partons à la rencontre de quelques espèces animales et végétales qui vivent dans ces milieux.

Les nénuphars jaunes (Nuphar lutea) et blancs (Nymphaea alba) se rencontrent dans des bras morts de la Sarre, peu profonds, à courant lent et bien exposé. Ses racines et ses rhizomes sont fixés dans le sédiment. Les moines de l’époque médiévale utilisait ce rhizome pour rendre moins pénible le célibat grâce à ses vertus anaphrodisiaques.

Les berges de la Sarre sont également le lieu de prédilection de la menthe aquatique (Mentha aquatica). Elle a l’odeur intense de la menthe mais avec une arrière odeur d’hydrocarbure. Elle n’est pas comestible.

Un autre habitant des prairies alluviales est le magnifique papillon azuré de la sanguisorbe (Phengaris teleius). C’est un petit papillon protégé avec le dessus des ailes d’une magnifique couleur bleu avec des taches ovales noires alignées. Son cycle de vie est des plus originaux. La femelle pond ses œufs dans des fleurs de sanguisorbe. Ensuite la petite chenille gagne le sol où elle est emportée par des fourmis pour une dizaine de mois dans la colonie où elle sera soignée. Ces dernières la déposent dans leur couvain. Elle s’y nourrit en mangeant des larves de fourmis. Sur la peau de la chenille se trouvent des molécules très proches de celles présentes sur les larves de la fourmi. De plus, les chenilles émettent des sons imitant ceux émis par la reine de la fourmi hôte; une telle émission sonore provoque chez les ouvrières un comportement de bienveillance. Une fois adulte, le papillon doit quitter au plus vite la colonie en été sous peine d’être à son tour mangée.

Citons enfin un autre habitant de ces berges, le héron cendré, qui est devenu l’emblème de Sarreguemines.

 

L’histoire d’un territoire

 

Non seulement génératrice d’une diversité de milieux riches en biodiversité, la Sarre a façonné l’histoire de tout un territoire. Par exemple les fameux moulins de la Sarre et de la Blies qui ont permis l’essor de la faïencerie, la Sarre qui pourvoit aussi tout un tourisme fluviatile, de nombreux loisirs. Frontière entre la France et L’Allemagne, des ponts sur ses deux rives symbolisent aujourd’hui l’union de deux nations après l’horreur des anciens conflits. Souhaitons que les ponts l’emportent toujours face aux murs.

 

Ses crues nous rappellent qu’on est peu de chose quand elle est en colère, mais on lui doit tout, de ses milieux naturels fragiles à notre tissu socio-économique, elle est la colonne vertébrale d’un patrimoine naturel et culturel qui donne son identité à tout un territoire.

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.

 


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