« On n’a jamais vu les médecins aussi inquiets », témoignage d’une infirmière de l’hôpital de Forbach
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus l’hôpital Marie Madeleine de Forbach a pris des dispositions pour pouvoir recevoir les malades.
Plusieurs ailes de l’hôpital ont été réquisitionnées rien que pour les malades du Covid-19. A l’intérieur de centre hospitalier, les médecins et les infirmiers doivent s’adapter tous les jours à l’arrivée de nouveaux malades.
Nous avons contacté une infirmière de l’hôpital de Forbach. Nous l’appellerons Lucie*. Elle a accepté de nous parler de ses conditions de travail.
« On attend toujours des aides »
Chaque jour, Lucie se rend au travail avec la peur d’être contaminée, « Notre souci numéro 1 en tant que soignant c’est déjà de se protéger. On attend toujours des aides. On a du matériel qui arrive mais malheureusement au compte goutte. On est obligé de courir pour les gels hydroalcoolique parce qu’on n’en a pas partout ».
Aujourd’hui, même si le nombre de malades contaminés par le coronavirus augmente, selon Lucie le problème ce n’est pas la saturation, « Le problème ce n’est pas la saturation. En revanche on sent que les médecins sont inquiets. Il y a de plus en plus de patients jeunes. On sent qu’ils sont eux même dépassés par l’épidémie, de la manière dont ça évolue, ils ont toujours peur du lendemain ».
Des dépistages aléatoires
« Concernant le dépistage on ne comprend pas parfois les gens se font dépistés parfois non. Le personnel soignant qui présente des symptômes n’est pas toujours dépisté. J’ai des collègues qui sont isolés chez eux à la maison mais on ne sait pas s'ils sont positifs parce qu’ils n’ont pas été dépistés et on leur dit que s’ils n’ont plus de symptômes ils peuvent revenir travailler donc c’est un peu l’incompréhension également à ce niveau là. »
« On a peur pour nos proches »
Depuis plusieurs jours, quand Lucie n’est pas à l’hôpital elle n’ose pas sortir de chez elle, « comme nous on est face à ce virus on a peur de contaminer les gens proches à la maison. Je m’isole quand je ne suis pas au travail, je fais très attention à rien ne toucher dans les locaux communs. Je ne vais même plus acheter mon pain. On est très vigilant et c’est très fatigant psychologiquement. »
Depuis mardi, les visites sont totalement interdites à l’hôpital Marie Madeleine de Forbach. Les infirmières doivent donc rassurer les proches par téléphone, « Là encore c’est compliqué, on est soumis au secret professionnel mais il faut aussi pouvoir donner des nouvelles aux familles. »
« Le soutien des gens, c’est ça qui nous fait tenir »
Depuis plusieurs jours, les messages de soutien aux personnels soignants se multiplient sur les réseaux sociaux, « Je pense que c’est la seule raison qui fait qu’on arrive encore à tenir le coup, c’est notre bouée de sauvetage » nous confie Lucie qui regrette juste que les Français n’aient pas pris les choses plus au sérieux dès le départ.
* Le prénom de l'infirmière qui témoigne a été modifié pour préserver son anonymat.