''Il faut en avoir pour en vendre'', les pharmaciens attendent leurs masques
Depuis ce lundi 27 avril, les pharmacies sont autorisées à vendre des masques à la population. Dans l’idée, cela semble être une très bonne chose sauf que dans la réalité les choses sont un peu plus compliquées pour ces professionnels de la santé.
Toute la journée, les clients affluent dans les pharmacies, journal en main, en réclamant des masques que, pour l’heure, les pharmaciens n’ont pas. À Forbach, Juliette Leroy est consternée face à cette situation incompréhensible « On a eu l’autorisation de les vendre depuis dimanche, et on a eu l’autorisation de les acheter depuis lundi, cherchez l’erreur ! ». Alors, quand les clients se présentent à elle pour acheter des masques, c’est sur le ton de l’humour que la pharmacienne répond, « on le prend sur le ton de la rigolade, on dit au client "oui on a des masques, on les a fabriqués cette nuit", on rigole et ça passe comme ça ».
A l’entrée de sa boutique, Juliette Leroy a dû installer un panneau pour indiquer qu’elle n’a pas encore reçu son stock de masques, « on ne demande qu’à aider mais là je pense que le gouvernement a oublié les patients. On avance dans le flou depuis le début de cette crise ».
Partout ailleurs, le constat est le même. À Sarre-Union, le téléphone de la pharmacie du Lion n’arrête pas de sonner depuis hier, « on a anticipé, on a commandé des masques en tissu il y a déjà bien longtemps mais on ne les a pas reçus. Les patients nous engueulent parce que depuis dimanche c’est paru dans les médias que les pharmacies devaient vendre des masques ... que nous n’avons pas », nous confie la responsable Nathalie Zimmer. La pharmacienne note alors les commandes de ses clients en attendant la livraison.
A Hambach, la pharmacie de Costebelle fonctionne de la même façon, « j’espère les recevoir la semaine prochaine », nous avoue Nathalie Fourneret, pharmacienne. « On a beaucoup de demandes, mais depuis longtemps en fait, parce qu’il faut dire que les informations ne sont pas forcément bien véhiculées et les patients pensaient qu’on les avait déjà ».
Des tarifs entre 3 et 10 euros
Selon Fatima Meyer, de la pharmacie du Faubourg à Bitche, le problème c’est que la production n’est pas à la hauteur pour le moment, « Je pense que les entreprises attendaient le feu vert pour commencer la grosse production. Ça devrait se débloquer d’ici une semaine ou 10 jours je pense. Quand le déconfinement aura lieu à mon avis il n’y aura pas de problème d’approvisionnement mais pour le moment c’est compliqué ».
Les pharmacies sont autorisées à vendre, au grand public, uniquement des masques en tissu et répondant aux normes Afnor. Cependant, il existe plusieurs types de masques en tissu ce qui va forcément engendrer de grands écarts de prix. « Le tarif n’est pas imposé », regrette Fatima Meyer, « donc il ne faut pas se le cacher ça va varier entre 3 et 10 euros mais il faut expliquer pourquoi. Entre ceux qui sont lavables 10 fois, 20 fois, 50 fois, ceux qui sont de catégorie 1 et qui filtrent 90% de particules, ceux qui sont de catégorie 2 avec une tolérance qui varie entre 70 et 90% de particules filtrées forcément ça engendre des différences de prix. Le masque que j’achète 5€ je ne peux pas le revendre 5€ ».
De Bitche, à Forbach en passant par l’Alsace Bossue, toutes les pharmacies que nous avons contactées sont dans la même situation. Pour l’heure elles n’ont pas de masques mais font ce qu’elles peuvent pour s’en procurer.