Mobilisation des soignants en Moselle-est : ''On est de nouveau aux oubliettes''
Pas moins de 500 personnes se sont mobilisées ce mardi matin à Sarreguemines pour défendre l’hôpital. Soignants et citoyens se sont rassemblés pour dénoncer le manque de moyens des hôpitaux et les restructurations, avant d’entamer une marche de l’hôpital Robert Pax en direction du CHS et du centre-ville.
Le reportage de Julie Chaput.
Son N°1 - Mobilisation des soignants en Moselle-est : ''On est de nouveau aux oubliettes''
Un hommage à un collègue décédé du Covid-19
Difficile de circuler sur le parking de l’hôpital Robert Pax de Sarreguemines. Soignants, syndicalistes et citoyens ont pris place, pancartes, drapeaux et banderoles à la main pour dénoncer les problèmes au sein du système hospitalier. Une mobilisation qui a débuté par un hommage poignant à Jean-Luc Grasmuck, soignant et délégué syndical Force Ouvrière, décédé ce dimanche du Covid-19. C’est le premier soignant de l’établissement à perdre la vie suite au coronavirus.
Il est parti au combat, sans moyen de protection, prêt à sauver des vies. Le Covid l'a rattrapé. Nous l'a arraché ce dimanche 14 juin, après avoir tant lutté, et ce durant 3 mois...
Tous, ont ensuite respecté une minute de silence, avant de démarrer un cortège en direction du centre hospitalier spécialisé. Un cortège pendant lequel les soignants ont soutenu de vive voix leurs collègues aux fenêtres qui n’ont pas pu quitter leur poste.
"La crise a amplifié les problèmes"
Dans les rangs on retrouve Laurent Stoehr, secrétaire adjoint Force Ouvrière Santé en Moselle. Pour lui, les problèmes au sein du système hospitalier se sont amplifiés pendant la crise.
Avant cette crise on était déjà mobilisé. Ca fait plus d'un an qu'on est en mouvement tous les jours, sur les conditions de travail, sur les effectifs, sur la reconnaissance, que ce soit dans l'hôpital public ou le privé, dans le secteur associatif ou médico-social. Peut-être qu'on va être écouté. Si on avait eu tout ce qu'on demandait, on ne serait pas arrivé à ce résultat-là.
Jacques Maréchal est éducateur à l’antenne pédopsychiatrique au centre médico-psychologique de Forbach et responsable local CGT. Pour faire avancer les choses, il faut travailler ensemble selon lui.
Un cadre unitaire a été lancé samedi dernier à l'hôpital Marie Madeleine de Forbach. C'est l'appel des 57 pour la santé en Moselle, qui considère que de la frontière luxembourgeoise à la frontière allemande en passant par le Pays de Bitche et l'agglomération messine, il faut obtenir l'arrêt des fermetures de lits, et l'ouverture de postes car on a besoin d'emplois pour améliorer les soins, ainsi que des budgets et des financements supplémentaires.
La mobilisation a rassemblé aussi des personnalités sarroises. Des membres de la fondation Rosa Luxembourg de Sarrebruck, affiliée au parti de gauche, étaient présents. Pour eux, le partenariat entre les hôpitaux allemands et français ne suffit pas.
C'est important mais ça ne suffit pas. Il faut élargir la base de notre coopération et il faut aussi surtout se rencontrer pour discuter des problèmes que l'on a en commun [car on a les mêmes problèmes en Allemagne]. C'est ce qu'il manque cruellement je trouve.
Dans les rangs également, de nombreuses infirmières, dont ces deux soignantes de l’unité équinoxe. Une unité d’addictologie transformée pendant plusieurs semaines en service covid. Pour elles, la mobilisation est symbolique, elles ont peu d’espoir de voir la situation se débloquer.
Je suis honnête avec vous, j'ai peu d'espoir. Mais si on ne manifeste pas pour avoir un minimum, on n'aura jamais rien. Là c'est surtout pour marquer le coup parce qu'on en a ras-le-bol. On nous a applaudi il y a encore quelques temps à 20h, avant ça on a été gazé et maintenant on est de nouveau ignoré...Donc comme quoi quand il n'y a plus d'épidémie on est à nouveau dans les oubliettes...
Les soignants de Sarreguemines n’étaient pas les seuls dans la rue ce mardi. Le personnel de santé de St-Avold et de Forbach était également mobilisé.