''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
Les salons de toilettage sont-ils autorisés à ouvrir leur porte ? Selon le site du gouvernement oui, mais la préfecture de Moselle en a décidé autrement. Après deux premiers confinements à devoir fermer, Sabine Mergen, la gérante du salon O Poil d’Or à Freyming-Merlebach a décidé cette fois-ci de continuer à travailler. Vendredi 23 avril, elle a pourtant dû baisser le rideau de sa boutique, elle nous raconte.
Des règles contradictoires
Après avoir joué le jeu de la fermeture pour les deux premiers confinements, les toiletteurs de France ont décidé de ne pas se laisser faire pour ce troisième confinement débuté le 4 avril. Les syndicats ont réussi à obtenir une dérogation du ministère chargé des petites et moyennes entreprises qui les autorise à ouvrir en mettant en place un protocole strict.
Son N°1 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
Donc zéro client dans le magasin. Le client arrive, me dépose le chien, je le récupère et je lui passe un coup de fil quand il doit venir le récupérer. Le paiement se fait au pas de la porte, la prise de rendez-vous se fait au pas de la porte ou par téléphone et le chien est rendu au pas de la porte. Personne ne rentre dans le magasin donc il y a zéro contact extérieur.
Sabine Mergen a donc réaménagé sa boutique en avançant le comptoir juste derrière la porte, mais elle apprend par la suite que les toiletteurs de Moselle sont contraints de fermer car la préfecture n’a pas accepté la dérogation. Sans information précise de la préfecture, la toiletteuse décide de poursuivre son activité.
Son N°2 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
La préfecture n’a, à aucun moment, envoyé un mail ou un courrier officiel à tous les toiletteurs de Moselle en disant « nous ne voulons pas de cette dérogation, nous ne l’accordons pas, vous devez fermer ». Donc moi, travaillant avec les papiers officiels qui m’autorisent à travailler, je ne cherche pas plus loin excusez-moi.
« J’ai été auditionnée comme une criminelle »
C’est donc aux yeux de tous, derrière sa grande vitrine qui donne sur l’avenue Roosevelt que la toiletteuse a continué de prendre en charge sa clientèle à quatre pattes jusqu’à vendredi dernier.
Son N°3 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
Un policier est venu se présenter chez moi en disant qu’il était mandaté par la préfecture de Moselle et que je devais être auditionnée immédiatement au poste de police pour travail non autorisé.
Sabine a donc dû fermer sa boutique immédiatement.
Son N°4 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
J’ai dû fermer dans le quart d’heure. J’avais encore des clients après, mais malheureusement, je n’ai pas pu les prendre. J’ai été auditionnée, j’ai perdu 2 heures au poste de police comme une grande criminelle. On se dit, qu'est-ce que j’ai fait ? Je suis une criminelle alors que j’ai ma dérogation du ministère qui m’autorise à travailler, je vérifie tous les matins sur gouv.fr j’ai le droit de travailler et là, on vient me dire, il faut être auditionné, car tu es dans l’illégalité. Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Interrogé à ce sujet, le préfet de la Moselle Laurent Touvet affirme qu’il ne fait que suivre le décret.
Son N°5 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
J’applique le décret qui dispose que ces commerces et ces magasins doivent être fermés et donc ils sont fermés. Je remarque d’ailleurs que les cabinets d’esthéticiens et d’esthéticiennes sont fermés et je ne vois pas pourquoi on ouvrirait davantage les magasins pour les chiens que pour les humains. Tant que la réglementation est celle-là il n’y a pas de raison de modifier la situation ici.
La toiletteuse ne sait pas encore si elle va devoir payer une amende ou si elle aura une autre sanction comme une fermeture administrative. En plus du sentiment d’injustice qu’elle ressent, la commerçante regrette le comportement de certaines personnes.
Son N°6 - ''On se sent comme une criminelle'', Sabine Mergen, toiletteuse, obligée de fermer malgré une dérogation ministérielle
C’est quand même dommage, qu’au lieu d’avoir beaucoup de solidarité, on rentre dans une pratique de délation. Les gens regardent tout ce que font les autres et pointent du doigt alors que normalement, on devrait faire bloc, on devrait être solidaires. Je pense que l’État a réussi à faire une seule chose, c’est diviser les gens et à les remonter les uns contre les autres et je trouve ça vraiment triste.