Moselle : En pharmacie : ''Il était évident que ces autotests ne marcheraient pas''
Depuis le début de la crise sanitaire, les pharmaciens sont largement mobilisés. Entre les tests, les vaccins et le reste des activités, la surcharge de travail a largement augmenté.
Son N°1 - Moselle : En pharmacie : ''Il était évident que ces autotests ne marcheraient pas''
Eric Schiltz – Co-président de la Chambre syndicale des pharmaciens de Moselle
Quel est l’Etat d’esprit des pharmaciens aujourd’hui ? Est-ce que cette surcharge de travail se ressent sur le moral du personnel ? Est-ce qu’on tient le coup ?
Oui. On est très sollicité par nos nouvelles missions : la vaccination, les tests antigéniques, la distribution des masques aux patients, aux professionnels de santé. Tout ça rajouté en charge de travail. Mais on répond présent parce que c'est notre métier et on a une mission de service publique.
La campagne de vaccination s’intensifie toujours plus en France et on compte notamment sur les pharmaciens. En Moselle il y a eu l'expérimentation avec Moderna. Beaucoup de pharmacie s’en occupent ? Comment ça s'est passé ?
Cette expérimentation portait essentiellement sur l'évaluation de la logistique d'acheminement du vaccin Moderna qui est un vaccin à ARN Messager. Logistique en ce qui concerne le transport, la sécurité du transport, le respect de la chaîne du froid, et la bonne répartition aux personnels de santé. Il y a eu 600 flacons qui ont été dédiés à cette expérimentation, sur le département de la Moselle, 150 pour les pharmaciens et 450 pour les médecins. Cette vaccination s'est très bien passée, en fait les patients sont en demande de vaccins à ARN Messager. On observe une défiance vis à vis du vaccin AstraZeneca. Il y a une attente très forte des patients sauf qu'il n'y avait pas assez de doses pour tout le monde puisque c'était une expérimentation. Alors on a un problème actuellement c'est qu'on a des flacons de vaccin AstraZeneca qui restent dans les frigidaires et qui sont inutilisés.
En plus de la vaccination il y a les tests. Ils sont particulièrement importants en Moselle où de nombreux travailleurs doivent se faire tester pour se rendre en Allemagne. Là aussi il a fallu s’adapter rapidement. Est-ce qu’aujourd’hui les pharmaciens arrivent à suivre ?
Ah oui, ça c'est une mission qu'on a maîtrisée très rapidement. C'était important. On réalise des tests antigéniques, un peu moins fiables que les tests PCR mais qui demande un acte qui est invasif quand même, qui demande tout un process et nous avons très rapidement maîtrisé le procédé.
Enfin, on a vu arriver dernièrement les autotests en pharmacie. Est-ce qu’on les retrouve dans les officines mosellanes ? Est-ce qu’il y a de la clientèle ?
Non, non, ça c'était des effets d'annonce. Il était évident que ces autotests ne marcheraient pas. Il y a même les grandes surfaces qui ont fait des effets d'annonce, qui ont fait de la publicité pour dire : "nous allons vendre des autotests". Déjà ils n'avaient pas le droit. Parce que ça reste du matériel médical et il faudrait modifier la loi pour qu'ils aient le droit de les vendre. Et il y a une chose très importante à prendre en considération, la doctrine gouvernementale en matière de test c'est "dépister, tracer, isoler". Si vous laissez quelqu'un qui a un autotest se tester tout seul, déjà il faut qu'il ait le bon geste. S'il se teste tout seul, admettons que le test soit positif, qu'est-ce que cette personne va faire ? Elle va se déclarer ? Elle va aller se dire : "moi je suis positif donc je m'isole, je me déclare" ? 1 sur 2. Moi j'y crois pas. Et c'est la raison pour laquelle les tests n'ont pas grand succès pour l'instant. En plus, c'est pas gratuit, il faut les payer. Alors que les tests antigéniques ou RT-PCR sont gratuits.