L'association Échanges Lorraine Ukraine s'organise pour venir en aide aux réfugiés
La délégation ukrainienne est arrivée ce lundi 28 février sur le site des négociations avec la Russie, en Biélorussie. Les pourparlers débutent, Kiev exige un cessez-le-feu immédiat alors que le pays fait face aux attaques de la Russie depuis l’offensive de jeudi. Notre invitée du jour nous parle de la situation sur place, en Ukraine.
Son N°1 - L'association Échanges Lorraine Ukraine s'organise pour venir en aide aux réfugiés
Violeta Moskalu, présidente de l’association Échanges Lorraine Ukraine (ELU)
Avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous présenter votre association ?
C’est une association qui a été créée par des étudiants ukrainiens arrivés à Metz dans le cadre d’un accord de partenariat entre l’Université de Tchernivtsi en Ukraine et l’Université Paul Verlaine, maintenant Université de Lorraine, à Metz. Cet accord dure depuis 20 ans et très rapidement, on s’est organisé, on a créé l’association franco-ukrainienne de culture et solidarité Échanges Lorraine Ukraine focalisée sur le développement des relations bilatérales entre la France et l’Ukraine dans ces secteurs culturelles et éducatifs.
On a vu l’association se mobiliser ce samedi à Metz pour soutenir les Ukrainiens qui font face à cette guerre. Vous n’êtes pas en Ukraine actuellement, mais des proches, des amis à vous y sont. Dans quel état d’esprit sont-ils ? Comment vivent-ils ?
Ils vivent dans des bunkers et dans des métros pour ceux qui vivent à Kiev et dans des caves pour ceux qui sont un peu éloignés. J’ai eu mes parents il y a quelques heures au téléphone qui me disaient aussi, que même étant dans une région un peu éloignée, ils préparaient leur cave, nettoyer, mettre un lit dedans. Ça me crève le cœur, on est super inquiet, je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais il faudrait vraiment que ça cesse.
Discours de la Vice-Présidente de l'association ELU, Oksana Kantaruk-Pierre, ce samedi à Metz
Est-ce que les Ukrainiens peuvent tenir encore longtemps comme ça ou est-ce qu’ils attendent de l’aide humanitaire de manière assez urgente ?
Il y a beaucoup d’annonces qui ont été faites de la part des gouvernements des différents pays au sein de l'Union européenne, la France y compris pour l’envoi de l’aide humanitaire. Les pays frontaliers reçoivent les réfugiés, un premier accueil est fait en Roumanie ou en Pologne. Nous en Lorraine, à Metz, on est en train de s’organiser avec l’association Échanges Lorraine Ukraine et la suite de la manifestation dont vous parliez. On a échangé avec le maire de la ville de Metz et les autres représentants. Il y a d’autres communes aussi en Lorraine qui seraient prêtes à nous soutenir pour organiser des centres d’accueil pour les réfugiés et on est en train de travailler sur une plateforme un peu comme Airbnb mais qui serait destinée à des familles qui peuvent proposer un accueil pour 15 jours, un mois ou deux à une famille ou à une personne qui viendrait d’Ukraine. J’en profite pour lancer un appel à vos auditeurs qui peuvent proposer leur aide, je vous invite à regarder sur le site de l’association Échanges Lorraine Ukraine, il y a toutes les informations et un formulaire de contact qui est ouvert et on revient vers vous très rapidement pour qu’on puisse s’organiser ensemble au mieux.
L'Union européenne, les Etats-Unis et différents pays sanctionnent la Russie et aident par les armes et financièrement l’Ukraine, est-ce que c’est suffisant ou faut-il aller plus loin ?
C’est déjà beaucoup et on a la gratitude et la reconnaissance de ne pas être laissé seul face à ce monstre qui est la Russie d’aujourd’hui et surtout les gens qui sont au Kremlin. Par contre, ce n’est pas suffisant parce que ce qu’il nous faut, notre vrai point de fragilité, c’est l’air et donc on demande aux pays de l’OTAN, à Israël et à tout ceux qui ont un système de défense aérien on leur demande de mettre en place une défense « No Fly Zone » donc de décréter l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine comme une zone où il ne doit pas y avoir d’objets qui volent et que ça soit assuré par les pays de l’Union européenne et par l’OTAN parce que sinon on va se faire écraser, ça va être un massacre. Les Russes, dans leurs émissions de propagande à la télévision disent « Si vous ne voulez pas que ça soit comme en Tchécoslovaquie, à Prague en 1968 alors ça sera comme à Kaboul à l’été 2021 » donc ce qui veut dire, on va vous raser, il ne restera plus rien.
L’Ukraine peut tenir face à cette invasion ? Vous pensez qu’elle va pouvoir rester indépendante ?
On va rester mobilisés et j’échange tous les jours, plusieurs fois par jour avec les soldats et puis avec mes amis qui sont à Kiev et dans les régions et personne n’a envie de baisser les bras. Il y a une telle motivation intérieure de se battre pour préserver son indépendance qu’ils me disent « on va se battre jusqu’à ce qu’il y ait le dernier ukrainien vivant ». C’est triste d’entendre ça. On est soutenu par 83 pays, par une vingtaine d’organisations internationales. Le monde sait de quel côté est le bien. C’est la lutte du bien et du mal et la Russie qui fait du chantage, c’est le pays terroriste maintenant qui veut que le monde retourne 100 ans en arrière parce que Poutine a la nostalgie de l’Union soviétique ou de la Russie impérialiste.
Ça vous fait chaud au cœur de voir toutes les mobilisations de la population que ce soit à Sarreguemines, à Metz ou autre, est-ce que vous suivez ça de près ?
Oui, je suis Lorraine d’adoption, je suis arrivée il y a 20 ans à Metz pour mes études et après, j’ai fait une thèse, j’enseigne à l’Université de Lorraine et là, j’assure ma mission de conseillère internationale. Vous savez l’histoire, notre présence en Moselle et en Lorraine nous a fait prendre conscience de l’histoire, de notre territoire d’accueil et quelque part je me dis qu’à long terme je voudrais bien que la Russie et l’Ukraine qui aujourd’hui sont en guerre arrivent à poser les bases ensemble, le peuple, une fois qu’on se sera débarrassé de ces dirigeants complètement fou et tarés. Comme la France et l’Allemagne où il y eu des conflits qui ont duré pendant très longtemps, des décennies, et que à un moment donné c’est la France et l’Allemagne qui ont posé les bases de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne.