Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Fini Helmut Fritz. Le personnage né en 2009 a définitivement disparu. C'est par le biais d'un livre que son décès a été annoncé. Cet avatar germanique a été créé de toute pièce par Eric Greff, natif de Forbach. Cette ascension fulgurante, avec notamment le titre "Ça m'énerve" a été un poids pour celui qui voulait percer dans la musique. Son histoire, il la raconte dans un livre "Rock star sinon rien" (disponible en commande sur Internet) aux éditions Anne Carrière.
Un succès rapide et inattendu dans la peau de quelqu'un d'autre
Avant de devenir Helmut Fritz, Eric Greff travaillait chez BMW. Lassé, et malgré les difficultés financières qui allaient suivre, son amour pour la musique a pris le dessus. Sauf que son style, sous le nom d'Eliott n'attire pas les maisons de disque.
Son N°1 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Ma vraie musique pop ne fonctionnait pas, je me suis lancé dans ce truc un peu burlesque, électro, qui n'était pas ma musique de coeur, et au fur et à mesure du temps, c'est devenu toxique pour moi et ça m'a empêché d'aller sur d'autres terrains. J'avais besoin, puisque j'avais rappelé ce personnage régulièrement au cours des années par vague, de le tuer définitivement même si le mot est violent.
Celui qui a 46 ans aujourd'hui ne crache pas sur ce que ce personnage a pu lui apporter. Et notamment au début. Mais au fil du temps, Eric voulait redevenir Eric, enfin Eliott et donner au public sa vraie identité et son vrai style musical. Mais durant plus de 10 ans, c'est Helmut Fritz qui avait l'avantage auprès des maisons de disque, des professionnels de la musique et des boites de nuit.
Son N°2 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
En allemand, on appelle ça le "doppelgänger", un double maléfique en fait. A un moment donné, au début, il y a une espèce de fascination, autant pour celui qui l'a créé que pour ceux qui l'observe. Ensuite, il y a une peur et puis au final on se rend compte que cette créature, elle ne peut pas, ad vitam, vivre dans un monde qui n'est pas fait pour elle. A un moment donné, il faut abandonner la marionnette et puis il faut devenir soi-même. C'est un livre qui pose la question de la fidélité à soi-même.
Ce livre n'est pas un bouquin de psychanalyse, il est d'abord pleines d’anecdotes croustillantes lorsque Helmut Fritz était au plus haut. Dans sa chanson par exemple, il parle de Kate Moss. Grâce à son succès, le Forbachois a pu la rencontrer.
Son N°3 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Je suis devenu une érection muette, c'est-à-dire que je me suis dis " Ça y est ! ", la sirène tant convoitée est là, elle est en face de moi, et j'ai eu l'impression d'être transposé dans un monde parallèle. Les gens verront que la rencontre n'a pas été celle que j'attendais, mais finalement je suis rentré dans le magazine dans lequel elle était et j'ai pu tourner autour d'elle, j'ai pu la regarder en vrai et j'ai pu me rendre compte qu'en réalité, elle était encore plus stratosphérique qu'en photo quoi.
La tentative Géronimo et la naissance de Rémo
Si l'on a ré-entendu Helmut Fritz pendant le Covid avec sa reprise de "Ça m'énerve" ou encore avec des titres comme "Vacancer" et "Particules Fines", Eric Greff avait réussi à se séparer de son personnage allemand en 2015 pour laisser place à Géronimo, un autre personnage né suite à une histoire personnelle et qui lui ressemblait. La chanson "Possédés" avait d'ailleurs été l'un des tubes de l'année.
Son N°4 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Au départ, j'ai caché mon identité avec Géronimo. J'ai fais un clip dans lequel je n'étais pas parce que je ne voulais pas d'amalgame avec Helmut Fritz, et je ne voulais pas qu'on me dise "Tiens, c'est le nouveau projet du mec qui a fait Helmut"... Sauf lorsque les radios ont fini par savoir que c'était moi... C'est ce qui s'est passé et je n'ai pas eu le soutien derrière pour pouvoir proposer d'autres matières sur Géronimo. Ça, je le regrette un peu.
Eric Greff a fait aussi l’expérience d’écrire pour d’autres artistes (Amir, Magic System, Navii...) Mais finalement, Helmut Fritz est revenu pour mieux repartir... Ou plutôt disparaître. C'est lors d’un repas entre amis en Corse l’été dernier, qu'il décide d'écrire le testament d'Helmut Fritz et de tout raconter par le biais d'un livre.
Son N°5 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
La belle leçon de ce livre c'est que finalement il n'y aura jamais d'Eric Greff, ce nom-là dans la musique. Pourquoi ? Parce que je me suis rendu compte aussi que ce bouquin, ce n'est pas tant le combat de Eric versus Helmut, c'était plus me rendre compte que dans ma façon de créer et ma façon de faire de la musique, j'ai un mode opératoire qui fait que, je prends des avatars, des noms de perso dans les différents projets que j'ai envie de faire au fil des années.
Eric Greff ne veut plus calculer, n’a plus envie de tout faire pour être le numéro 1, il veut faire sa propre musique, faire passer ses propres messages. Et ça va passer par ce projet avec son nouveau nom de scène : Rémo.
Son N°6 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Je suis au plus proche, dans ce nouveau projet qui arrive, de ce que j'ai vraiment envie de diffuser vocalement, en termes d'écriture, en termes de musique, je suis complètement aligné. Simplement, je n'ai pas appelé ce nouveau projet Eric Greff, je l'ai appelé Rémo, qui était le prénom de mon grand-père maternel, parce que ça vient d'un parcours d'écriture depuis 2 ans sur de la poésie, sur des choses qui sont vraiment à l'inverse de Helmut, qui sont très tendres, qui sont sur de la tragédie amoureuse. Il y a pleins de références sur l'Italie, qui sont mes racines en vrai. Le faux allemand de l'époque est en fait à moitié italien [Rires].
Un premier single "Fou d'éclats" est sorti le 15 avril. Eric Greff espère pouvoir s'installer durablement avec ce projet, même à petite échelle. Un premier EP doit sortir au courant de l'été.
Son amour pour la Moselle
Même si sa situation l'a emmenée à Paris, Eric Greff, natif de Forbach, revient régulièrement sur ses terres pour se ressourcer.
Son N°7 - Pourquoi Helmut Fritz était-il un poison pour Eric Greff malgré le succès ?
Bien sûr que ça me fait du bien, c'est évident et c'est essentiel ! Je suis né à Forbach, mes parents habitent Béning-lès-Saint-Avold, mes cousins habitent Sarreguemines, Creutzwald... La famille Greff quadrille un peu toute cette région, c'est là que j'ai grandi, c'est là que j'ai tous mes souvenirs, c'est moi quoi. Je reviens d'ailleurs régulièrement.
Qui sait, le chanteur, producteur et désormais écrivain reviendra peut-être dans le secteur pour présenter son livre ou son futur EP !