Sarreguemines : Le Télex tourne sa dernière page après 52 ans d'existence
Le Telex a définitivement arrêté son activité ce mardi alors qu’au meilleur de sa forme on distribuait 180 000 journaux partout en Moselle-Est et dans le secteur de Saverne.
Son N°1 - Le Télex tourne sa dernière page après 52 ans d'existence
François-Xavier Vervin, président des Éditions Claude Vervin, dont faisait partie le Télex
Pourquoi cet arrêt brutal ?
Il y a eu plusieurs phénomènes qui se sont croisés. Le premier, il faut le comprendre, notre principal poste de dépense, c’est l’impression et le papier. L’impression, en raison des augmentations du prix de l’énergie, de l’encre, du transport, a augmenté d’environ 30% sur un an et le coût du papier a été multiplié par 5 en 18 mois. Ça veut dire clairement qu’aujourd’hui nos coûts d’exploitation ont été plus que doublés par rapport à l’année dernière.
Et dans le même temps est-ce que la clientèle suivait ?
On a eu une problématique. On travaillait énormément avec l’Allemagne qui représentait un tiers de notre chiffre d’affaires. Suite aux problématiques rencontrées depuis le mois de février, l’Allemagne ne va pas bien, on s’en rend compte aujourd’hui les consommateurs allemands vont plutôt traverser la frontière pour faire leurs courses en France alors qu’avant, c’était l’inverse. Donc, effectivement, c’est un marché qui s’est plus qu’érodé vu qu’il représente aujourd’hui moins de 5% de notre activité.
Il n’y avait pas de solutions ou d’alternatives pour maintenir le Télex et ses emplois ?
L’alternative aurait été d’augmenter nos prix, de les doubler, on était sur un rapport de 2 à 2,5 d’augmentation. Ce n’était pas envisageable aujourd’hui dans la mesure où le contexte économique local est compliqué. On a une clientèle qui est attentive, qui est dans le même cas que nous, qui est incertain sur l’avenir, qui repousse ses dépenses d’investissement. On était l’année dernière à un point d’équilibre avec un prix d'achat matière qui était encore raisonnable. Aujourd’hui, clairement, c’est l’augmentation du prix du coût de production et effectivement une perte de clientèle allemande et un report de communication de nos annonceurs locaux. Concernant les emplois, sur la partie Télex ça représentait 4 personnes.
Des difficultés financières certes, mais le Télex pouvait toujours compter sur son public qui aimait le lire et sur les petites annonces ? Vous aviez toujours des bons retours ?
Nous avions toujours de bons retours et d’ailleurs, on l’a vu, sur notre post Facebook de fermeture on a eu beaucoup de retours, de regrets de gens. Il faut savoir que la petite annonce, contrairement à ce qu’on pourrait penser avec Le Bon Coin, fonctionnait toujours très très bien. C’était quelque chose qui était lu et apprécié, qui fonctionnait. On avait des retours très positifs sur les petites annonces. Malheureusement, ça ne fait pas vivre un journal. On manquait d’annonceurs professionnels.
Vous êtes le fils du fondateur du Télex, Claude Vervin, cette décision a dû être difficile à prendre ?
Oui, surtout, après 50 ans d’existence, il n’est jamais évident de fermer quelque chose qui a été créé, qui a duré aussi longtemps, qui a été apprécié et qui fût localement quelque chose de très connu.
Que retiendrez-vous des 52 ans d’existence du Télex ?
C’était un acteur de la vie locale qui a fait se rencontrer des gens, qui a créé des interactions sociales, qui a été apprécié. Alors l’autre note positive, c'est que le Télex fait partie d’un ensemble. Aujourd’hui, on a d’autres sociétés du groupe comme Direct qui s’occupe de la distribution d’imprimés qui continue son activité. Direct, c’est quand même plus de 200 personnes aujourd’hui. On a encore de l’avenir dans le groupe, Télex n’en était qu’une partie.