Albestroff : Thierry Bouchaud cultive un jardin autonome et respectueux de l'environnement
L’histoire de la rédaction nous emmène aujourd’hui à Albestroff, à la rencontre de Thierry Bouchaud. À 64 ans, ce retraité actif consacre une partie de son temps à son jardin. Il cultive son potager sur sol vivant, nous sommes allés voir en quoi ça consiste et quels sont les avantages.
Son N°1 - Thierry Bouchaud cultive un jardin autonome et respectueux de l'environnement
"J'ai retourné ma veste"
C’est sur le tard, arrivé à la retraite, que Thierry, ancien moniteur d’atelier en production de végétaux au CAT d’Albestroff, a commencé à planter ses premiers légumes.
Durant toute ma vie professionnelle, j’ai beaucoup utilisé la chimie, dans les années 2000. Arrivé à la retraite, j’ai retourné ma veste et je suis passé à quelque chose de beaucoup plus résilient et durable. Dans ce jardin, je plante tout, mais je ne plante pas des rangées de légumes comme au 14 juillet. Je mélange toutes les essences pour obtenir un petit décor paysager agréable à l’œil. On a du chou de Bruxelles qui fait déjà quasiment 1m20, des poirées, des choux, des betteraves rouges, du céleri, des salades.
Pour faire pousser tout ça, pas besoin d’engrais chimique, ni de beaucoup d’eau. Thierry pratique la culture sur sol vivant.
Ce jardin fonctionne de manière autonome, c’est-à-dire que si on exporte du légume, il faut réimporter de la matière organique dans son jardin pour le maintenir à l’équilibre. Je n’amène rien en déchetterie, tout est composté ici sur place où je fais des tas de branches et tout, ensuite, est réinjecté dans les planches de culture pour avoir une fertilité maximale.
Grâce à cette technique, Thierry a pu récolter des tomates jusqu'en novembre même sans serre. Il économise de l'eau puisqu'il n'a pas besoin d'arroser beaucoup.
"Ça fait partie du vivre-ensemble"
« Il faut cultiver notre jardin. » disait Voltaire dans Candide. Par là il faut comprendre que chacun doit exercer ses talents, chacun doit faire sa part du travail pour faire progresser la société. Et bien c'est un peu la philosophie de Thierry. Pour nourrir son jardin, il se sert par exemple des feuilles mortes qu’il ramasse dans la commune. Un échange de bon procédé.
Je vais à côté au cimetière récupérer des feuilles de tilleul, juste en face dans la petite rue, je récupère des feuilles mortes aussi que je passe à la tondeuse, que le broie et que j’étale dans le jardin. En même temps, on aide l’ouvrier communal à nettoyer le village en allant ramasser les feuilles. Ça fait partie du vivre-ensemble.
Car pour le jardinier, cultiver son potager, c’est aussi tendre vers plus d’autonomie et ça passe par l'entraide.
Je ne peux qu’inciter les gens à faire un jardin même si ça grève un peu les loisirs. Si on n’a pas de jardin, si on habite dans une grande commune, il y aura toujours la possibilité de récupérer un jardin ouvrier ou alors tout simplement pratiquer les échanges. Je fais de la lessive pour le voisin qui a un jardin, il va me donner des tomates. Le partage, l’échange, c’est ce qui fait le lien social. C’est la base, c’est le socle, du vivre-ensemble.
"J'essaye d'être relativement éco-responsable"
Dans la continuité du jardin écologique et naturel, le père de famille s’est aussi lancé dans le « zéro déchet ».
J’essaye d’être relativement éco-responsable. Je ne suis pas écologiste puisque je suis pour le nucléaire, mais on peut essayer d’être éco-responsable en ayant des bonnes pratiques au quotidien. Ça passe par faire ses achats avec des filets pour les fruits, des tupperwares ou des bocaux pour la viande, le poisson et le fromage. Après, on peut partir un petit peu plus loin sur l’utilisation de produits naturels type percarbonate, bicarbonate, savon de Marseille pour élaborer des produits ménagers soi-même.
Thierry Bouchaud partage ses conseils et ses connaissances lors d’ateliers. Il ouvre également son jardin à tous ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur ce mode de culture.