Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
C’est une victoire pour la CFDT. Une ancienne infirmière de Sarreguemines a reçu la requalification de son cancer du sein en maladie professionnelle. Après des années de travail, le syndicat a réussi à faire reconnaître devant la justice le lien entre cancer du sein et travail de nuit.
De multiples cas de cancer à l’hôpital de Freyming-Merlebach
Tout a commencé dans les années 1990. Josiane Clavelin, aide-soignante à l’hôpital des mines à Freyming-Merlebach, constate une multiplication des cancers du sein dans son entourage.
Son N°1 - Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
J’avais des collègues qui travaillaient en pédiatrie qui ont eu un cancer du sein. Je me disais encore une, encore une, ce n’est pas vrai, il faut faire quelque chose, il y a une raison ce n’est pas possible.
À l’époque, aucune étude ne fait le lien entre le travail en milieu hospitalier, et particulièrement le travail de nuit, et le cancer. Josiane Clavelin se rapproche alors de la CFDT mineurs qui a déjà fait reconnaître des maladies professionnelles. Elle dénonce également les conditions de travail des infirmières en pédiatrie qui sont exposées à des rayonnements ionisants.
Son N°2 - Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
On n’était pas du tout équipées. On était de garde tout le temps à la pédiatrie, on accueillait des enfants jour et nuit. Quand un enfant arrivait, on faisait systématiquement une radio, ça faisait partie du bilan d’entrée. On faisait appel au manipulateur radio qui venait dans le service, auprès de l’enfant. Quand l’enfant était calme, on arrivait à se mettre à l’écart, derrière une porte en bois, mais on rentrait tout de suite après dans la chambre et on n’avait pas de tablier, aucune protection. Quand l’enfant était agité, on était obligées de rester près de l’enfant et puis on le tenait le temps de faire la radio.
1000 femmes interrogées et une première victoire pour le syndicat
Il faut attendre 2007 pour que la situation se débloque et que les premières études sortent sur les facteurs professionnels qui pourraient avoir un lien avec le développement du cancer du sein chez la femme. Le Dr Lucien Privet est conseiller médical pour la CFDT.
Son N°3 - Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
Ce ne sont que des hypothèses, mais le cancer du sein est un cancer hormonalement dépendant et donc on sait que le fait de travailler la nuit ça perturbe les rythmes biologiques et notamment la sécrétion de la mélatonine.
En 2018, la CFDT lance une enquête action auprès d’environ 1000 femmes de Moselle et d’Alsace atteintes d’un cancer et travaillant en milieu hospitalier. Quatre dossiers ont finalement été présentés devant la justice. Brigitte Clément est secrétaire régionale du syndicat des mineurs de Lorraine. Elle fait partie de l’équipe qui a accompagné ces soignantes dans leurs démarches face à la justice.
Son N°4 - Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
Sur les 4, 3 sont du régime général. C’est des dossiers qui sont passés devant un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles, mais qui ont fait l’objet de refus. Le quatrième dossier qu’on a envoyé, c’est un dossier du secteur public donc qui a une autre procédure de reconnaissances des maladies professionnelles parce que ça fait partie d’une commission départementale qui a fait appel à un expert, un oncologue qui a étudié tout le dossier et qui a émis un avis favorable à la reconnaissance de la maladie professionnelle.
Cette infirmière, dont le nom reste confidentiel, a travaillé dans les services de cardiologie et de gynécologie à l’hôpital Robert Pax de Sarreguemines de 1981 à 2009. Elle a effectué 873 postes de nuit avant l’apparition de son cancer. Pour Brigitte Clément, cette première victoire donne de l’espoir.
Son N°5 - Lien entre travail de nuit et cancer du sein, un premier cas reconnu à Sarreguemines
Aujourd’hui ça ouvre la voie. On est très contents de cette reconnaissance de maladie professionnelle même s’il y a encore beaucoup de travail à faire, mais au moins ça ouvre la porte à toutes ces femmes qui ont été soumises à ces conditions de travail.
Suite à cette reconnaissance, l’ancienne infirmière pourra toucher des indemnités. Pour la secrétaire régionale du syndicat des mineurs de Lorraine, l’objectif suite à cette reconnaissance est aussi d’améliorer la prévention et les conditions de travail dans les hôpitaux.