Comment la Région Grand-Est protège nos lycées face aux intrusions ?
En 2022, les droits de retrait exercés par les enseignants ont augmenté de 15% dans le premier degré et de 66% dans le secondaire. Des chiffres qui montrent le sentiment de danger que peuvent ressentir les professeurs.
Son N°1 - Comment la Région Grand-Est protège nos lycées face aux intrusions ?
Christèle Willer – vice-présidente de la région Grand-Est déléguée au lycée durable et à l’éducation
En 2022, les droits de retrait exercés par les enseignants ont augmenté de 15% dans le premier degré et de 66% dans le secondaire. Des chiffres qui montrent le sentiment de danger que peuvent ressentir les professeurs.
La Région avec le rectorat a lancé des mesures pour renforcer la sécurité dans les lycées. Notamment le déploiement de la vidéosurveillance, c’est quelque chose qui est répandu dans les établissements ?
Alors oui, tout à fait. Il faut déjà savoir que depuis 2017 la Région Grand-Est a renforcé sa politique régionale de mise en sûreté, déjà, dans un premier temps, en accompagnant les plans particuliers de mise en sûreté, ce qu’on appelle les PPMS. Ce sont 53 lycées qui ont pu bénéficier de l’implantation de ce dispositif et 76 lycées ont reçu des aides pour l’installation des systèmes de vidéoprotection. En 2021, il faut savoir que suite à l’intrusion de 6 personnes dans le lycée Prouvé à Nancy, nous avons déclenché le plan ORUS qui a permis de faire une enquête sur la situation des établissements par rapport à la sûreté, qui a été confiée à l’association AN2V, et eux, ont fait une analyse technique et juridique, une charte éthique, et une évaluation financière pour aller plus loin, et on a choisi 15 lycées volontaires, qui vont être déployés à la rentrée 2024 pour avancer. C’est un travail qui se fait, qui est très délicat, avec une coordination très étroite avec les acteurs concernés (rectorat, chef d’établissement, maison de région).
Quelle est l’utilité des caméras de vidéosurveillance ?
C’est une vidéoprotection, c’est plutôt pour dissuader dans un premier temps, et retrouver les faits. Nous ne sommes pas dans de la vidéosurveillance. Les vidéos sont enregistrées, mais elles ne sont pas regardées H24.
C’est quoi le concept des PPMS ?
Toutes les écoles sont concernées, de la maternelle au lycée. Ça concerne plusieurs risques comme les risques naturels (séisme, inondation…), technologiques (explosion, radioactivité), d’intrusion de personnes malveillantes, d’attaque armée ou même d’un attentat. On est sur deux alertes : intrusion et évacuation. Ce sont les chefs d’établissement qui doivent établir ce programme PPMS. Nous, nous sommes là pour faire la partie matérielle, notamment avec deux sonneries différentes : celle pour confiner et celle pour évacuer. On est là sur la demande des chefs d’établissement. Ces documents sont remontés au rectorat, chacun sait comment l’établissement est évacué, et lorsqu’il y a une alerte, les forces de l’ordre sont au courant.
Est-ce qu’il y a eu des incidents notables dans les lycées de la région, est-ce que vous avez déjà été confrontés à des intrusions ou des agressions de personnes extérieures ?
C’est l’Éducation Nationale qui dispose vraiment d’un outil cadre réglementaire qui permet de recenser cela. Les informations que l’on a, ce sont seulement celles qui sont remontées. Le plus grand incident marquant, c’est celui du lycée Prouvé à Nancy.
Aujourd’hui comment garantir une sécurité sans que les élèves aient l’impression d’être en prison ?
Il faut vraiment trouver ce juste équilibre entre les enjeux majeurs de sécurité et la vie naturelle d’un établissement. Il faut quand même que les adolescents puissent vivre. Nous avons ce dialogue avec le rectorat, notamment suite aux derniers événements. L’idée, c’est qu’ils nous remontent prioritairement toutes les demandes en matière de sécurisation des accès. On a quand même 99 lycées qui ont déjà été accompagnés pour améliorer la protection des périphériques (clôture, portail et portillon), mais peut-être que suite aux événements, la demande des lycées peut être différente. C’est donc notre priorité. Ensuite, il faut trouver la meilleure approche entre le PPMS, la vidéoprotection, les équipements numériques, et les mesures bâtimentaires. On a un groupe de travail qui est coordonné par l’Éducation Nationale et la Région Grand-Est. Dans le budget 2024, nous avons mis 11 millions d’euros pour accélérer les possibles demandes.