Grand-Est : 9 000 élèves vaccinés contre les papillomavirus l'an dernier, une nouvelle campagne est lancée dans les collèges
La campagne de vaccination contre les papillomavirus est renouvelée dans les établissements scolaires. La campagne est menée par l’Agence Régionale de Santé Grand Est, les académies de la Région Académique Grand Est et l’Assurance Maladie. Pour nous en parler, Anaïs Simon, chargée de mission au pôle maladies infectieuses et transmissibles à l'ARS Grand Est, mais aussi cheffe de projet sur le déploiement de la vaccination HPV en milieu scolaire.
Son N°1 - 9 000 élèves vaccinés contre les papillomavirus l'an dernier, une nouvelle campagne est lancée dans les collèges
C’est quoi les papillomavirus ?
Alors, les papillomavirus humains qui sont aussi appelés HPV, sont des virus très contagieux. Il faut savoir qu’au courant de leur vie, on a 80% des femmes et 80% des hommes qui seront exposés. Ces HPV peuvent se transmettre par simple contact au niveau des parties génitales (muqueuses et peau), le plus souvent lors de rapports sexuels avec ou sans pénétration. Il faut aussi savoir qu’il existe plus de 200 types de papillomavirus humains, donc certains sont à l’origine des lésions pré-cancéreuses et de cancers tels que le cancer du col de l’utérus, de la vulve, du vagin, de l’anus ou encore de la sphère ORL.
Chaque année en France, on a plus de 6 400 nouveaux cas de cancer qui sont causés par ces HPV, donc si ces cancers concernent en majorité les femmes, il faut savoir aussi que ça touche plus d’un quart des hommes. Ces HPV sont aussi responsables de verrues anogénitales qui dégradent sérieusement la qualité de vie.
Pourquoi une campagne de vaccination dans les établissements scolaires ? Quels sont les publics concernés ?
On peut considérer que l’école, c’est un lieu privilégié pour mener des interventions de santé publique. Cette campagne de vaccination, c’est un levier pour réduire les inégalités d’accès territorial et social à la vaccination, et de pouvoir atteindre les objectifs de 80% de couverture vaccinale contre les HPV fixés notamment par la stratégie décennale de lutte contre les cancers, à l’horizon 2030.
Par ailleurs, on sait que ce type de campagne de vaccination au sein d’établissements scolaires a déjà largement fait ses preuves dans plusieurs pays comme le Royaume-Uni, la Suède ou l’Australie, mais aussi lors de l’expérimentation menée en région Grand-Est, de 2019 à 2022.
Cette campagne concerne l’ensemble des élèves de 5e des collèges publics, mais aussi des collèges privés sous contrat volontaire. Cette vaccination est totalement gratuite pour les familles. Concrètement, cette vaccination sera réalisée au sein directement des collèges, par des équipes mobiles provenant des centres de vaccination habilités ou conventionnés par l’ARS. En Grand-Est, la vaccination complète se fera sur une année scolaire, en deux passages, avec un intervalle minimum de 5 mois.
Si l’on souhaite que notre enfant se fasse vacciner, que faut-il faire ?
En fait, les parents d’élèves en classe de 5e sont destinataires d’un kit d’information dématérialisé sur la vaccination HPV, et sur le déroulement de la campagne. La participation des élèves relève d’une démarche volontaire et est soumise à l’autorisation des deux parents qui sont invités à indiquer via un formulaire en ligne, s’ils autorisent ou non, la vaccination de leur enfant.
Cet accès au formulaire est tout simplement fourni aux représentants légaux par les chefs d’établissement via l’ENT, l’Espace Numérique de Travail.
L’an dernier, quel est le bilan la campagne ?
Sur l’année scolaire 2023-2024, on a eu près de 9 000 élèves en classe de 5e qui ont été vaccinés dans le Grand-Est. On sait aussi que cette campagne a eu un impact positif sur la vaccination en ville.
Pour comparaison, fin septembre 2023, en Grand-Est, la couverture vaccinale HPV, avec au moins une dose, chez les jeunes nés en 2011, était de 41% chez les filles, et 29% chez les garçons. Après une première phase de campagne de vaccination, cette couverture au 31 décembre 2023 atteignait 58% chez les filles, et 47% chez les garçons, donc ça, ça comprend les vaccinations réalisées en ville, et celles au collège, soit une augmentation de 17 points chez les filles, et 18 points chez les garçons. On peut donc dire que c’est un bilan plutôt encourageant pour les années à venir.
Aujourd’hui, que pouvez-vous dire aux personnes qui sont réticentes aux vaccins ?
Alors, de leur dire que le vaccin HPV est déjà l’un des seuls existants contre les cancers, il faut savoir qu’il prévient jusqu’à 90% des infections HPV à l’origine des cancers. Ce sont aussi des vaccins qui sont commercialisés depuis plus de 10 ans. Dans le monde, on a plus de 300 millions de doses qui ont été distribuées, dont 6 millions en France. Nous disposons aussi d’un recul sur cette vaccination. Les surveillances d’ailleurs mises au niveau international et les résultats d’études spécifiques ont confirmé l’excellent profil de sécurité de cette vaccination, et elle est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé.