Baisse de la collecte de lait par Lactalis : 40 millions de litres de lait bio pourraient ne plus être collectés en Moselle
Le groupe Lactalis a annoncé une réduction de sa collecte de lait en France à destination des marchés internationaux. La région Grand-Est n’est pas épargnée. Le leader mondial des produits laitiers parle de 450 millions de litres en moins. Une réduction des volumes qui sera progressive jusqu’en 2030. Jérôme Albert, éleveur laitier à Guinglange et Président du groupement des agriculteurs de Bio de Moselle réagit.
Son N°1 - Baisse de la collecte de lait par Lactalis : 40 millions de litres de lait bio pourraient ne plus être collectés en Moselle
Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ? Est-ce une décision unilatérale ?
On a réagi avec la plus grande des inquiétudes, parce qu’en Moselle, à l’horizon 2030, nous avons 40 millions de litres collectés par la coopérative UNICOOLAIT, qui se trouve en production laitière bio, et qui sont directement menacés par l’arrêt de la collecte. Sur la région Grand-Est, cela représente à l’horizon 2030, ¼ des producteurs de lait bio qui sont concernés par cette annonce.
Cette annonce est vraiment une surprise. Les arguments de Lactalis, c’est de se reconcentrer sur des productions à forte valeur ajoutée et puis abandonner toutes les productions vouées à l’exportation, moins rémunératrices. Nous, on entend plutôt une concentration de la production laitière sur des zones de collecte restreintes avec un agrandissement de la taille des exploitations et une disparition des zones de collecte qui sont moins intéressantes comme celles du Grand-Est par rapport à la zone ouest qui a une plus forte concentration.
Est-ce qu’en Moselle, de nombreux éleveurs laitiers vont être concernés, et quels seront les impacts directs et indirects ?
En Moselle, pour UNICOOLAIT, c’est 40 millions de litres de lait bio qui ne seront plus collectés par Lactalis d’ici 2030. Toute la partie conventionnelle est concernée avec, je crois 150 millions de litres.
Les conséquences demain, c’est l’arrêt ou la déconversion de ces 70 éleveurs de chez UNICOOLAIT qui sont en bio et qui ne trouveront plus de ramasseurs, et de valorisation en agriculture biologique. Ça implique la disparition peut-être de 10 000 hectares de terre en Moselle. UNICOOLAIT était un pionnier en termes d’agriculture biologique, de production laitière sur le département. Si l’on voit disparaitre tout ce pan de notre production bio sur le département, c’est autant de bénéfices qu’ont procuré ces fermes en termes d’environnement, de protection de la biodiversité, de protection bio, de la santé, qui risquent de disparaitre suite à l’annonce du numéro un mondial au niveau du lait.
Nous, ce qu’on demande, c’est une réunion de l’ensemble des acteurs de la filière, pour trouver des solutions, pour que d’ici 3 à 5 ans, que ces producteurs bio puissent continuer leur activité.
Avez-vous des alternatives pour que ce lait soit collecté ?
Si vous voulez, comme ça de but en blanc, l’annonce a été assez brutale. La commission lait est en train de réfléchir, et vient de faire un communiqué de presse, pour réunir tous les acteurs et réfléchir.
Des solutions sont multiples. Il y a des acteurs bio qui existent sur notre territoire comme les Fromageries Hutin à Dieue sur Meuse, qui a une ligne bio.
Il y a un outil de production qui a été construit à Dieuze en 2020 pour transformer du lait bio, et qui a bénéficié de subventions publiques, et qui est resté sur le quai de la gare puisqu’il n’a pas été mis en service alors qu’il était pratiquement fini. Peut-être qu’il y a des pistes à explorer à travers cet outil ou d’autres, avec une volonté aussi politique de vouloir conserver de l’agriculture biologique sur notre territoire, et pourquoi pas, j’imagine, par exemple, dans la restauration collective, il y a la loi EGALIM qui existe aujourd’hui et qui n’est pas appliquée, ce serait peut-être une opportunité pour nos politiques de s’engager et de se dire qu’on veut une agriculture bio sur notre territoire, on s’engage à soutenir cette production, et on va mettre des produits laitiers bio dans les cantines, dans les restaurants, et notre production laitière bio vivra s’il y a de la consommation.