Les pharmacies de Moselle prennent part au mouvement du 18 septembre, ''près de 100% d'entre elles'' seront fermées

Demain, jeudi 18 septembre, sera une grande journée de mobilisation syndicale en France. Les pharmacies y prendront largement part et elles seront très nombreuses à fermer leurs portes pour l’occasion. On en parlait ce matin dans Le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Les pharmacies de Moselle prennent part au mouvement du 18 septembre, ''près de 100% d'entre elles'' seront fermées
François Monnet, pharmacien à Saint-Avold et délégué à l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine
Parmi les raisons qui vous poussent à vous mobiliser, il y a la remise en cause des remises commerciales sur les médicaments génériques. Quel est le problème ?
Le gouvernement a décidé, de façon unilatérale, sans concertation, du jour au lendemain, c’est un arrêté qui est paru au mois d’août, en plein été, avec application au mois de septembre, de baisser de moitié la rémunération des pharmaciens sur les médicaments génériques, alors que le pharmacien était le pilier pour développer le médicament générique en France et faire plein d’économies à l’assurance-maladie, ce qui était nécessaire.
Quel impact aura cette décision ?
Ça a un impact sur la marge des pharmacies et le chiffre d’affaires va être impacté par une deuxième mesure qui s’apprête à être discutée jeudi 18 septembre. Le gouvernement a pour objectif de faire une baisse du prix du médicament, qui aura un impact de 50 millions d’euros sur l’ensemble du réseau. On est face à une baisse de chiffre d’affaires, d’une part, et d’une autre part, d’une baisse de la marge. Il y a de nombreuses pharmacies qui vont devoir fermer. On estime à peu près à 4 000 ou 5 000 pharmacies qui vont fermer suite à ces décisions, en France. Le pays comptait 22 000 pharmacies, il y a 10 ans, aujourd’hui, il n'y en a plus que 20 000, et là, on s’apprête à en avoir plus que 15 000. Le problème, c’est que les pharmacies qui vont fermer ne seront pas dans les villes, où il y en a déjà beaucoup, puisque ces pharmacies peuvent survivre grâce à la vente de matériel médical, de parapharmacie, etc. Ce sont plus les pharmacies isolées, dans les campagnes qui vivent principalement sur le médicament, qui vont être impactées en premier.
Les pharmacies sont-elles en péril aujourd’hui ? Est-ce particulièrement problématique dans un secteur comme la Moselle-Est où on manque de médecins ?
On est déjà face à un désert médical en France, il n’y a pas qu’en Moselle-Est malheureusement. On s’apprête à construire un désert pharmaceutique, là où c’était le dernier pilier qui restait dans de nombreuses contrées, la pharmacie. On avait fait, un peu, face aux déserts médicaux en mettant des cabines de téléconsultation dans les pharmacies, etc. Là, on va perdre les deux d’un coup, puisque la pharmacie va fermer, donc, ces cabines aussi. Les gens n’auront plus accès au soin, et ça nous paraît intolérable dans notre pays en 2025.
De nombreuses pharmacies étaient déjà fermées le 16 août dernier. Depuis, la colère est toujours présente ? Les pharmaciens ne sont pas entendus ?
On était reçu par le ministère de la Santé qui a bien compris la problématique et qui dit comprendre notre problème et vouloir le résoudre. Par contre, en étant reçu à Matignon, on a eu la sourde oreille, puisqu’ils nous répètent qu’il n’y a plus de sous dans les caisses, et qu’il n’y a pas d’autres possibilités, selon eux, alors que notre syndicat fait de nombreuses propositions d’économies pour la santé, mais nous ne sommes pas entendus. On pourrait notamment développer les médicaments biosimilaires qui feraient des économies du jour au lendemain. Il suffirait d’obliger les médecins à prescrire en nom de molécule et non plus en nom de marque, mais on ne veut pas appliquer des mesures simples et concrètes.
Est-ce qu’on sait déjà si le mouvement sera suivi demain dans les pharmacies de Moselle et de la région ?
En Moselle-Est le mouvement est très suivi, puisqu’on est pas loin de 100% de fermetures notamment sur les secteurs de Forbach, Saint-Avold, Creutzwald. Il devra y avoir des pharmacies de réquisitionnés, et à l’heure où je vous parle, on ne sait pas quelle pharmacie va être ouverte demain, puisque l’ARS n’a pas encore été réquisitionnée. Sur le secteur de Saint-Avold on ne sait pas quelle pharmacie sera ouverte. On attend la réquisition de l’ARS qui va nous être donnée aujourd’hui.
Comment faire demain si on a besoin en urgence d’un médicament ?
Pour connaître la pharmacie éventuellement ouverte, il faut s’adresser au 3237.fr ou bien par téléphone au 32 37. Ça permettra d’avoir le nom de la pharmacie qui sera ouverte demain.