Épisode du mercredi 6 novembre 2024 à 12:20
Il y a un peu plus d’un siècle prenait fin la 1ère guerre mondiale, une boucherie sans nom qui fit 20 millions de morts et tout autant de blessés. Alors qu’on commémore la fin de cette tragédie et qu’on rend hommage le 11 novembre à ceux qui sont tombés en défendant notre pays, on va discuter sur une des plantes emblématiques de cette guerre, le bleuet.
Pourquoi le bleuet ?
Alors que nos terres étaient meurtries par les bombes et les obus, une plante pourtant continuait à pousser sur le sol mutilé, le bleuet. Cette magnifique fleur était le seul témoignage de la vie qui continuait et la seule touche colorée dans la boue des tranchées.
Dans le jargon militaire, bleuet désignait aussi le soldat de la classe 1917, à cause de la couleur de leur uniforme, bleu horizon. Ce terme n’est pas sans rappeler le nom de « bleu » désignant une personne inexpérimentée.
Tous les éléments étaient en place pour faire du bleuet le symbole de la Grande Guerre.
L’insigne du bleuet de France
Ce n’est qu’en 1925 que le bleuet devient officiellement un insigne, encore épinglé de nos jours à la boutonnière des officiels chaque 11 novembre. Ce sont Charlotte Malleterre, fille de commandant, et Suzanne Leenhardt, infirmière, qui créé le bleuet de France, au départ une organisation caritative, qui existe toujours, recueillant des fonds pour venir en aide aux mutilés de la guerre.
Les pensionnaires de l’hôpital militaire des Invalides confectionnaient des bleuets en tissu qui étaient vendus sur la voie publique.
En 1935, l’État officialise la vente du bleuet le jour de l’armistice.
Un retour en 2012 et une œuvre d’utilité publique
La tradition, qui s’était essoufflée, revient sur le devant de la scène avec l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy qui instaure que le 11 novembre soit la commémoration de tous les morts pour la France.
À cet égard, l’association du bleuet de France lance régulièrement des campagnes de dons pour les combattants, mais aussi pour les victimes de guerre et du terrorisme.
N’oublions jamais
Dans la fureur des combats, dans des paysages de désolation, des plantes ont passé outre la folie humaine, pour pousser sur des terres dévastées. C’est un bleu de l’espoir qui surgissait d’entre les tranchées et les trous d’obus, rappelant aux soldats que la vie l’emportait toujours sur la barbarie. En ce 11 novembre, rappelons-nous de ces soldats et civils tombés, de toutes ces personnes mutilées à cause de la folie des hommes. Ne les oublions pas et œuvrons tous fraternellement à ce que les parterres de fleurs ne laissent plus jamais la place aux trous d’obus.
Chronique réalisée par Gilles Weiskircher, éthnobotaniste et mycologue.