Anglais imposé pour l'obtention d'un Bac+3 : l'indignation de Céleste Lett
C’est un décret qui est passé en catimini, en pleine crise sanitaire. Le 3 avril, un décret qui impose l’anglais (et uniquement l’anglais) pour obtenir un BAC +2 ou +3, a été inscrit au journal officiel.
Un texte évoqué depuis plusieurs mois - officiel dorénavant - et qui avait déjà fait monter au créneau bon nombre de personnalités politiques du Grand Est. Céleste Lett, maire de Sarreguemines mais aussi Président des maires de Moselle, avait déjà adressé un courrier au Premier ministre le 20 janvier 2020. Un courrier dans lequel il alertait Edouard Philippe sur les conséquences que ce décret pourrait entraîner : « effondrement des effectifs des étudiants germanistes, appauvrissement des échanges universitaires entre la France et l’Allemagne, puis à terme, inadéquation des compétences linguistiques des demandeurs d’emploi mosellans et ralentissement de l’économie transfrontalière ».
Malgré cette lettre, le décret a été inscrit au journal officiel le 3 avril dernier. Céleste Lett ne compte pas baisser les bras. En date du 8 avril, le Président des maires de Moselle a adressé un nouveau courrier au Premier Ministre. Il est « profondément indigné par la publication de l’arrêté […], le nouveau texte ignore consciemment les attentes et les inquiétudes des élus locaux. […] A mon indignation, s’ajoute aussi ma tristesse de découvrir que le gouvernement français s’est attaché à publier un texte règlementaire contesté par les territoires de la région Grand Est, en plein milieu d’une crise sanitaire qui oblige ces mêmes territoires à compter leurs morts ». Avant de rajouter : « La situation est d’autant plus cynique que l’Allemagne, premier partenaire économique de la France, se révèle, en ces temps troublés, être un allié véritable de notre pays ».
Céleste Lett demande donc au Premier Ministre de prendre des dispositions spécifiques à la région Grand Est. Il souhaite la levée de cette certification en langue anglaise, au profit d’une certification en langue anglaise ou allemande.
D’autres élus locaux se sont également fait entendre, comme la députée de l’arrondissement de Sarreguemines, Nicole Trisse, qui s’est adressée à la ministre de l’Enseignement supérieur : « Cette obligation de certification en anglais exclut toute possibilité de choix alternatif d’une autre langue de l’Union européenne et diminue de façon importante le nombre d’étudiants souhaitant apprendre d’autres langues européennes, et notamment l’allemand. Cela va à l’encontre du traité d’Aix-la-Chapelle signé entre la France et l’Allemagne en 2018 ».