Présidentielle 2022 : à Oermingen, les détenus ont voté
Le second tour de l’élection présidentielle aura lieu ce dimanche. Si pour certains l’heure est encore à la réflexion, en France, une catégorie de votants a dû faire son choix avec quelques jours d’avance, il s’agit des détenus. Au centre de détention d’Oermingen, le bureau de vote a été installé mercredi. Nous nous sommes rendus sur place.
Son N°1 - Présidentielle 2022 : à Oermingen, les détenus ont voté
Un travail de plusieurs mois pour le personnel pénitentiaire
Je vais vous remettre une enveloppe bleue, vous allez derrière vous, vous prenez un bulletin de chaque, et après, je vous laisse exprimer votre choix de vote dans l’isoloir derrière.
Une urne, trois isoloirs, une feuille d’émargement, à droite des bulletins au nom de Marine Le Pen, à gauche ceux d’Emmanuel Macron. À leur arrivée, les détenus présentent une carte qui fait office de pièce d’identité. Rien ne diffère d’un vrai bureau de vote ou presque.
On installe un vrai-faux bureau de vote et ensuite, les enveloppes sont toutes acheminées à Paris et c’est Paris qui procède au dépouillement. Le dépouillement sera ensuite joint au vote global.
Le directeur Patrice Bourdaret veille au bon déroulement du scrutin.
Depuis quelques années, l’administration pénitentiaire a vraiment une politique volontariste à ce sujet. Auparavant on n’aidait pas du tout les personnes donc ne votaient que ceux qui levaient le doigt pour dire moi je veux voter. Ça représentait 1 à 2% des personnes détenus. Grâce à cette mobilisation, on a aussi le service d’insertion et de probation qui participe beaucoup à ce travail-là de repérage des personnes et de contrôle des inscriptions sur les listes électorales ou d’inscription tout court. Grâce à ce repérage-là, on est aujourd’hui sur un taux de 14% de participants à l’élection avant c’était 1 ou 2% donc on a vraiment une forte mobilisation à notre échelle. Dans la détention, ça fait parler. Maintenant, les gens savent qu’il y a une élection, ils y participent et c’est déjà un grand pas, je trouve.
Les détenus sont accompagnés pour s’inscrire sur les listes, la propagande électorale est distribuée et des affiches sont même installées sur les murs de la prison.
Les détenus ont fait leur choix
Patrick est venu déposer son bulletin dans l’urne, un geste citoyen qu’il ne voulait pas manquer.
Si on râle toute l’année faut bien aller le jour où il faut vraiment donner son avis sur ce qu’il faut quoi. Faut prendre une décision à un moment donné, faut aller au bout de ce qu’on pense.
Un avis que partage Emmanuel.
J’ai voté quasiment toute ma vie, c’est l’un des moyens qu’on a d’expression et c’est l’un des moyens qu’on a de faire évoluer la société donc je considère que si on ne vote pas on n’est pas, après, autorisé à critiquer les résultats. Ne pas faire usage du droit de vote, c’est ne pas s’intéresser à son propre avenir.
Pour faire son choix, il a décidé de s’intéresser à la personne avant le programme.
Même si le candidat ou la candidate est de bonne foi derrière il y a tout un système parlementaire qui fait qu’en général, ils n’arrivent jamais à faire ce qu’ils veulent. Ensuite, il y a encore l’opinion publique qui va manifester dans la rue donc en général, on n’a jamais la réalisation des programmes politiques à 100%. Moi, j’ai plutôt choisi en fonction de la personnalité et en fonction de la constance du dialogue. Ça me semble plus important parce qu’on est incapable de prévenir l’avenir. On est incapable de prévenir par exemple la Covid, par exemple la guerre en Ukraine. On est incapable de prévoir ça en 2017 lors de l’élection de M. Macron. On était incapable de dire qu’il faudra soutenir les entreprises d’une manière inimaginable et donc en fait le programme il est caduc dès le premier jour où le président ou la présidente a été élu.
Charlie se base lui sur le bilan du président sortant.
M. Macron, il n’a pas fait grand-chose les 5 dernières années alors aujourd’hui, on a fait un choix et j’espère que ce choix, il sera bon.
Sur les 230 détenus, 80 sont inscrits sur les listes. Ce mercredi, ils sont 62 à s’être rendus au bureau de vote pour faire entendre leur voix.