Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
La transition entre la petite Smart et le 4x4 Grenadier d'Inéos est loin d'être finie. Alors que la célèbre citadine doit encore sortir du site jusqu'au printemps 2024, certains salariés sous-traitants se sentent abandonnés et ne savent pas aujourd'hui de quoi sera fait leur avenir. HAE et SAS Automotive font partie du groupe Forvia (ex-Faurecia) et dénoncent des engagements non tenus.
Des négociations infructueuses
Depuis le 14 avril dernier, SAS Automotive est en grève, soit 66 salariés. HAE a suivi le 9 mai avec 116 personnnes. 10 jours plus tard, plus aucune Smart n'était assemblée. Entre temps, plusieurs réunions se sont tenues entre la direction et les syndicats. Aucune d'entre elles n'a porté ses fruits. Sylvain Hinschberger, délégué syndical CFDT chez HAE, dénonce une différence de traitements entre les différentes entités et salariés.
Son N°1 - Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
La base de la discussion était le projet Avenir qui a été accordé pour le site, et nous, nous sommes loin de ça. Au niveau légal et supra-légal, nous avons droit à 5 mois de salaire, plus 1000 euros d'ancienneté, alors que nos collègues ont un capital de 25 000 euros plus 16 mois de salaire. Au niveau du congé de reclassement, c'est sensiblement identique, nous avons 10 mois pour les salariés de moins de 50 ans, et 13 mois pour les salariés de plus de 50 ans.
Pour Raphaël Lipski délégué syndical CFE-CGC chez SAS Automotive, 44 salariés ont été débauchés pour aller travailler chez Inéos. Mais selon lui, ils ont fait le choix de prendre les candidats qui les arrangeaient, en laissant sur le carreau les autres.
Son N°2 - Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
Aujourd'hui, il y a encore lieu de traiter 66 salariés donc nous avec le collègue de la CGT, nous avons fait des entretiens individuels avec les salariés pour connaitre précisément quelles sont leurs perspectives professionnelles et les salariés nous ont dit que pour des raisons d'âge ou de pathologie, ils ne souhaitaient pas aujourd'hui intégrer la société Inéos, en sachant aussi qu'il y a des postes d'opérateurs qui ont été proposés à des encadrants, mais ça se traduit par une déclassification et une perte de rémunération.
Sur les 182 salariés, 155 ont signé un contrat mobilité pour aller chez Inéos. Mais l'aventure ne s'annonce pas aussi belle que prévue, et ils veulent donc faire machine arrière.
Son N°3 - Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
Notre direction nous dit qu'ils ne peuvent pas faire plus et que tous ceux qui sont encore aujourd'hui dans l'engagement mobilité ne sont pas de leur responsabilité. Eux avaient budgété de l'argent pour une quinzaine, une vingtaine de salariés, et aujourd'hui ils se retrouvent à devoir payer pour une centaine de salariés. Ils disent donc qu'ils ne peuvent pas et que c'est à Daimler de payer. Il y a une enveloppe de 90 millions d'euros qui a été provisionnée pour ce problème sur le site, et ils ont qu'à ouvrir le carnet de chèques et ils ont qu'à donner une partie de cet argent.
Sur les 100 salariés qui ont signé cet engagement mobilité, Monsieur Steyer (président de Ineos Automotive SAS), lors de sa réunion du 11 mai au centre de communication, a été clair : il nous a présenté l'ensemble des emplois qui restaient disponibles, ce sont des emplois majoritairement de postes d'opérateurs. Il a clairement dit que tout ce qui était administratif, fonction support chez nous, il n'y aura pas de travail pour eux. Il a été clair, il a dit "je ne vais pas créer tel ou tel emploi pour mettre telle ou telle personne dans telle ou telle case. Il y a ça qui est disponible, il n'y aura rien de plus. J'ai déjà trop de main d'oeuvre indirectes, je n'ai pas le choix. J'ai un ratio de 45% de MOI, 55% de MOD, il faut que je fonctionne et je fonctionnerai comme ça".
Forvia, Daimler et Inéos se renvoient la balle pour sortir le chéquier alors que par exemple, Patrick Koller, directeur général de Forvia, expliquait sur Europe 1 il y a quelques jours, que son groupe allait générer 24 milliards d'euros de chiffres d'affaires cette année. Une incompréhension totale pour les salariés de notre territoire.
Et maintenant ?
Après plus de 30 jours sans salaire, l'activité va reprendre petit à petit chez les deux sous-traitants. Les salariés restants n'ont plus trop le coeur à l'ouvrage. Alors que 33 000 Smart devaient sortir en 2022, il y en aura finalement que 20 500. D'autant plus qu'une nouvelle Smart 4 places va sortir en Chine au second semestre.
Son N°4 - Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
Aujourd'hui il ne faut pas se voiler la face, la Smart est en fin de vie, c'est une voiture qui ne se vend plus. Il y a une nouvelle voiture qui va être commercialisée par Geely à partir du deuxième semestre 2022 et après le commun des mortels, dès qu'il y a une nouvelle voiture qui sort, on n'achète plus l'ancienne version.
On va commencer à redémarrer tout doucement les installations, enfin c'est ce que notre direction souhaite, mais ils nous ont dit qu'ils ne livreraient pas le client pour l'instant, tant qu'il n'y aura pas de signe favorable de Daimler pour de vraies négociations et qu'ils acceptent de payer une participation.
Vincent Seitlinger, le nouveau député fraichement élu à Sarreguemines, était présent ce matin sur le site. Il prend ce dossier en cours de route mais compte bien tenter faire bouger les choses en alertant le ministère de l'économie et le préfet de Moselle. Pour lui, ce n'est pas juste une question d'argent.
Son N°5 - Hambach : les sous-traitants s'apprêtent à reprendre le travail à contrecœur
Au-delà des chiffres, au-delà des montants qui sont annoncés en terme d'indemnités de fin de contrat pour ces personnes, il y a quand même un aspect humain, un aspect psychologique important à prendre en compte puisque ce sont des salariés qui sont maintenant en grève depuis pas mal de temps et qui veulent voir le bout du tunnel. Je pensr que c'est le rôle des pouvoirs publics de mettre la pression sur ces sociétés pour qu'une solution puisse être trouvée le plus rapidement possible.
Les activités concernant la Smart à Hambach doivent s'arrêter au 31 mars 2024.