Guinglange : Jérôme Albert a converti la ferme familiale en exploitation bio
À Guinglange, Jérôme Albert est éleveur de vache laitière. Après des années de conventionnel, il a décidé, en 2016, de se convertir en bio. Il nous explique les raisons de ce changement.
Son N°1 - Jérôme Albert a converti la ferme familiale en exploitation bio
Le même métier, mais d’une autre façon
En 1997, Jérôme Albert s’est installé avec ses parents dans l’exploitation familiale, la ferme du Moulin Neuf à Guinglange. Ce n’est que 20 ans plus tard qu’il s’est tourné vers le bio.
J’avais vraiment envie de faire autre chose et de répondre à l’attente de la société au niveau de l’environnement, de la santé. C’est-à-dire faire le métier que je faisais, que je fais toujours, mais d’une autre façon.
À Guinglange, le paysan, qui est aussi président du groupement des agriculteurs bio de Moselle, cultive 145 hectares. 80 sont dédiés aux prairies pour ses 55 vaches laitières, 25 aux céréales pour le troupeau et 30 aux cultures de ventes.
Les cultures, ce sont du blé, de l’épeautre, des lentilles, du pois chiche, de l’avoine pour faire de l’avoine de floconnerie. Ce sont toutes des cultures qui sont destinées aux filières biologiques et qui s’intègrent parfaitement dans nos rotations qui sont beaucoup plus longues qu’avant. On a beaucoup plus de cultures que quand on était en conventionnel sur des surfaces qui ne sont pas plus grandes.
Des rotations plus longues, et un rendement qui a baissé.
Avant sur un hectare, pour du blé par exemple, je faisais 70 quintaux de blé. Aujourd’hui, sur le même hectare, je produis 30 quintaux alors forcément, je ne peux pas le vendre au même prix. Mais je produis 30 quintaux, car je n’utilise plus d’engrais et tout ça donc c’est un ensemble de choses qui se répercutent sur le produit.
Avec le renouvellement, le paysan possède une centaine de vaches sur son exploitation.
« On est beaucoup plus résilient »
Chaque vache produit en moyenne 7000 litres par an contre 9000 pour une vache élevée en agriculture conventionnelle. Malgré cette perte, avec l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie, Jérôme Albert est persuadé d’avoir fait le bon choix en se convertissant.
On a atteint de l’autonomie, on est beaucoup plus résilient par exemple face à la variation des prix. Aujourd’hui dans un contexte mondial très fluctuent, on s’aperçoit que le cours du soja a flambé, le maïs également. Lorsque vous produisez sur votre ferme, vous êtes vraiment résilient et vous contrôlez autant que vous pouvez vos charges opérationnelles et donc on a un coût de production qui est beaucoup plus stable. En plus, en agriculture biologique, on n’utilise pas d’engrais de synthèse. Ces engrais qui sont produits à partir de gaz, de produits pétroliers, subissent des inflations énormes. On produit moins, mais on a des coûts de production qui sont plus faibles donc bon an mal an, on est beaucoup plus résilient dans un contexte que l’agriculture rencontre aujourd’hui.
La préservation de la terre et de l’eau
Récemment, l’agriculteur bio a été récompensé pour sa contribution à la préservation de la planète et en particulier des ressources en eau en recevant le label SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Bassin Houiller.
L’objectif, c’était de mettre en avant, à travers mon exploitation, l’ensemble des exploitations agricoles biologiques de notre territoire et plus largement au niveau national qui, par leurs pratiques, œuvrent pour la préservation de notre ressource en eau. Comme on n'utilise aucun produit chimique de synthèse, aucun engrais de synthèse, forcément on n’a pas de résidus qui se retrouvent dans le milieu naturel. On se rend compte qu’il est beaucoup plus facile et moins coûteux de protéger l’eau que de la traiter. En gros, c’est 10 fois moins.
Dans la continuité de son engagement pour un mode de consommation plus durable, la ferme du Moulin-Neuf a ouvert un atelier de transformation à la ferme et fait de la vente en direct depuis 2 mois. Jérôme Albert souhaite également développer la présence de produits bio dans les cantines scolaires.