Saint-Avold : Entre fermeture organisée et réouverture en urgence, une année 2022 mouvementée pour la centrale Emile Huchet
En janvier 2020, l’État annonçait la fermeture des centrales à charbon jugées trop polluantes. A Saint-Avold, cette annonce a résonné comme un coup de massue pour les salariés de la centrale Emile Huchet, en fonctionnement depuis 1951. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Fermeture, réouverture… la centrale à charbon Emile Huchet a eu une année 2022 assez mouvementée. Retour sur les différentes dates qui ont marqué l’entreprise naborienne exploitée par GazelEnergie.
Une fermeture mal anticipée ?
Dès le 9 janvier, une décision de l’État lançait comme un avertissement en demandant à la centrale Emile Huchet de participer à l’effort national face à une possible pénurie d’électricité. Si à ce moment-là, la fermeture était toujours programmée au 31 mars, la centrale a dû augmenter sa production en passant le nombre d’heures de production pleine charge annuelle de 700 à 1 600.
Dans la foulée, le 11 janvier, les sous-traitants se mettaient en grève. Environ 25 salariés des sociétés VTB, ORANO et ATALIAN alertaient sur leur situation. Patrice Wilhelm représentait VTB.
Au bout du cinquième jour de grève, les sous-traitants ont obtenu 400€ pour reprendre le travail et 300€ par mois jusqu’à la fermeture, ainsi que l’ouverture de négociations sur les reclassements.
Un moment d'émotion pour les salariés
Le 23 mars, une semaine avant l’arrêt de l’activité charbon de la centrale des portes ouvertes étaient organisées. Une sorte de reconnaissance pour les travailleurs selon Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie.
Justement le 31 mars, nous avions rencontré Thomas, 31 ans. C’est lui qui a eu la lourde tâche d’arrêter la production.
Un moment d’émotion pour le chef de bloc comme pour tous les autres salariés à l’image de Pascal et Christophe, un père et son fils.
Le livre ne s’est finalement pas refermé. Dimanche 26 juin, moins de 3 mois après l’arrêt de la tranche 6 le gouvernement annonçait la réouverture de la centrale pour faire face aux tensions sur le marché de l’énergie et de la guerre en Ukraine. Une réouverture prévue le 1er octobre qui a dû se préparer dès l’été comme nous l’expliquait Jean-Pierre Damm, délégué syndical Force Ouvrière.
Fixée au 7 octobre la production n’a finalement redémarré que le 28 novembre.
Une centaine de salariés ont été rappelés. Certains qui étaient en retraite, d’autres qui malgré le reclassement ont accepté de revenir. Au total, il faudra plus de 500.000 tonnes de charbon pour faire tourner jusqu'à fin mars le site qui, lorsqu'il fonctionne à 100 % de sa capacité, produit jusqu'à 600 Megawattheures.
Et pour l'avenir du site ?
Selon la porte-parole de GazelEnergie, ce redémarrage n’entrave en rien la transition du site vers les énergies vertes c’est-à-dire l’installation de la chaufferie biomasse qui doit être opérationnelle fin 2024, le projet « Emil’Hy », une unité de production d’hydrogène par électrolyse renouvelable sans oublier l’implantation de l’entreprise Circa, une entreprise de chimie verte qui doit démarrer début 2024.
Concernant l’avenir de la tranche 6, aucune visibilité n’a été donnée à la société exploitante ce que dénonce Camille Jaffrelo : « Nos salariés ne sont pas des mouchoirs en papier qu’on jette et qu’on reprend. On a réussi à relancer la machine une fois, c’est hors de question que l’année prochaine nous fassions la même chose ».