Saint-Avold : rencontre avec l'homme qui a arrêté (définitivement) la centrale à charbon
La centrale Emile Huchet de Saint-Avold ne fournit plus d’électricité à la France depuis ce mercredi à 10h34 précise
Celui qui avait la lourde tâche de stopper la tranche 6 s’appelle Thomas, il a 31 ans et vit à Lachambre. Le chef de bloc, employé depuis 2009, nous raconte ce moment qui restera dans l’histoire.
Son N°1 - Saint-Avold : rencontre avec l'homme qui a arrêté (définitivement) la centrale à charbon
J'ai pris mon poste à 6h, donc l'équipe de nuit avait déjà fait une grande partie du travail. On était à puissance réduite. J'ai poursuivi la baisse de la production du groupe 6 de la centrale Emile Huchet jusqu'à 10h34. On a déclenché la tranche, on l'a coupée du réseau français.
Une émotion particulière pour le personnel présent qui stoppe une sacrée machine.
La chaudière fait 92 mètres de haut, on a la salle des machines qui doit faire 50 mètres de long, on a des pompes énormes partout, il y a une inertie terrible et des puissances en jeu qui sont grandissimes. 600 Mégawatt c'est juste quelque chose de colossale.
Une machine qui représentait bien plus qu’un outil pour Thomas.
Ça reste un outil pour lequel on vivait, c'était notre outil de travail, c'était notre turbine. Tout le monde vous dira "C'est ma turbine, c'est ma tranche", voilà, on s'approprie les choses. Effectivement, c'est une relation très particulière entre nous et les machines d'une centrale.
Un arrêt qui a un goût amer pour le trentenaire.
En 1980, c'était la Rolls-Royce de ce qui se faisait, le rythme cardiaque du réseau français était la raison de vivre du groupe 6 de la centrale Emile Huchet, donc aujourd'hui le réseau perd une puissance pilotable par un homme, qui n'était pas dépendant, ni du vent, ni du soleil, c'est dommage de perdre cet actif, surtout en cette période de crise.
Et qui avait de l’importance au niveau national.
Il faut savoir que le réseau français a une fréquence de 50 Hertz, ça veut dire un équilibre parfait entre la production et la consommation. La centrale Emile Huchet et notamment la tranche 6, c'était des tranches thermiques à flammes, qui avaient comme vocation d'augmenter et diminuer leur puissance très rapidement, toute la journée s'il le faut, voire de s'arrêter et redémarrer la même journée.
La centrale doit se réinventer le plus vite possible selon Thomas. Pour lui, c’est un congé de reclassement qui l’attend en attendant de trouver du travail.