Saint-Avold : Entre colère et désespoir, le personnel de l'hôpital à bout de souffle
A l’appel des syndicats CFTC et FO, les soignants et personnels de santé de l’hôpital de Saint-Avold se sont mobilisés hier. Epuisés et désolés, ils étaient près d’une quarantaine à déplorer des conditions de travail de plus en plus dures. Leur but : alerter les gouvernants face à l'impasse.
Son N°1 - Entre colère et désespoir, le personnel de l'hôpital à bout de souffle
C’est au bord du burn-out que les soignants et personnels de l’hôpital se sont retrouvés hier pour dénoncer un épuisement collectif. C’était le cas de Mélanie Jacob, préparatrice en pharmacie et de Patricia Nuss, aide-soignante.
Epuisement professionnel. Les gens sont à bout, tout simplement.
Les gens sont désespérés et quand ils sont désespérés, qu’est-ce qu’ils font : ils démissionnent.
Cette idée a en effet traversé l’esprit de Céline et Sarah, infirmières.
Je suis infirmière depuis que j’ai 21 ans, j’ai fait tout de suite l’école d’infirmière donc c’est quelque chose que je voulais faire. Ça fait 17 ans que j’y suis et là honnêtement je suis à bout de souffle. Je ne trouve plus de plaisir à venir. On me fait détester ce que j’aime faire.
Les patients ne sont pas soignés correctement et le personnel est cassé. Quand je dis cassé c’est vraiment dans le sens propre du terme : des sciatiques, tout le monde travail avec une ceinture aux lombaires. Ce n’est pas possible.
Multiplication des arrêts maladies
Leur peur : maltraiter les patients par manque de personnels.
Quand vous n’avez que trois minutes pour leur faire une toilette moi j’appelle ça de la maltraitance. A l’école on nous dit que la toilette c’est 15 à 20 minutes.
34 personnes étaient en arrêt de travail aux urgences, 15 pour le service des dialyses et autant en service de pneumologie. Pour Patricia Nuss, ce constat est compréhensible.
Nous on travaille en 12 heures, donc le jour c’est 7h-19h, la nuit c’est 19h-7h. En jour on est deux aides-soignantes et deux infirmières, dans un service de 30 lits. Et la nuit on est plus qu’une infirmière, une aide-soignante.
Les revendications restent les mêmes depuis plusieurs mois
Selon Marc Reisdorf, délégué syndical de FO, le changement doit passer par une revalorisation des salaires.
Ça ne va plus. On a 40% des salariés qui ont un salaire inférieur au SMIC, ce n’est pas possible, ils n’y arrivent plus. Comment voulez-vous attirer des jeunes dans des professions où les salaires sont inférieurs au SMIC. Comment voulez-vous attirer des jeunes en leur disant : vous avez la vie de vos concitoyens entre les mains pour un salaire de 1 500 euros ? C’est ce que gagne une infirmière qui débute, c’est un vrai scandale.
A l’hôpital de Saint-Avold, les syndicats FO et CFTC ont posé un préavis de grève jusqu’au 23 janvier et espèrent voir la situation s’améliorer.