Cancer colorectal : le dépistage pour éviter 1500 décès par an dans le Grand Est
Le mois de mars est également appelé « mars bleu », le mois de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal. C’est l’occasion chaque année de parler de l’importance du dépistage qui peut sauver de nombreuses vies.
Son N°1 - Cancer colorectal : le dépistage pour éviter 1500 décès par an dans le Grand Est
Dr. Jérémy Laurent, médecin coordinateur au centre de dépistage des cancers du Grand Est
Est-ce que le cancer colorectal concerne beaucoup de personnes dans la région ? Qui sont les personnes touchées ? Y a-t-il beaucoup de nouveaux cas détectés chaque année ? De décès ?
Le cancer colorectal c’est un cancer qui est particulièrement important dans le Grand Est. Il faut savoir qu’il y a à peu près 10 nouveaux diagnostics chaque jour et 4 décès c’est donc un problème majeur de santé publique particulièrement dans notre région. Le cancer colorectal touche aussi bien les hommes que les femmes mais on note dans notre région une particularité qui est que ce cancer a une plus forte incidence, c’est-à-dire un plus grand nombre de cas parmi les hommes et ce sont également eux qui sont les plus touchés par la mortalité par rapport à l’ensemble de la région Grand Est. On estime que chaque année il y a à peu près 1500 décès, 4 décès par jour.
Pourquoi le dépistage est-il si important ? Détectée tôt, la maladie se traite mieux ?
Le dépistage est important parce qu’en mettant en place ce dépistage, on va pouvoir détecter plus précocement ces lésions pré-cancéreuses ou ces cancers et donc les traiter beaucoup plus efficacement avec des traitements moins lourds et une qualité de vie qui va être préservée pour les personnes et donc derrière des décès qui vont être évités. Dans 9 cas sur 10, si le cancer est détecté tôt il peut être guéri à temps et donc éviter un décès donc c’est pour ça que le dépistage a vraiment un rôle majeur à jouer dans la réduction de la mortalité liée à ce cancer, en particulier dans notre région.
Quels sont aujourd’hui les traitements quand un problème est détecté ?
Quand le cancer est détecté tôt, parfois une simple chirurgie suffit avec une absence de comorbidité pour la personne qui retrouve une qualité de vie équivalente à celle qu’elle avait avant le dépistage. Parfois on va être amené à mettre en place des traitements un peu plus lourds, du type chimiothérapie, mais encore une fois, si le cancer est détecté tôt, notamment grâce au dépistage on peut parfois se passer de la chimiothérapie et surtout les traitements sont beaucoup plus simples, efficaces, et la personne conserve une qualité de vie importante.
C’est quoi ce dépistage ? Comment se déroute-t-il ?
Le dépistage c’est très simple, déjà pour faire un rappel simple : ce n’est pas une coloscopie. Le dépistage dont on parle c’est le dépistage organisé : un test qu’on réalise chez soi après avoir récupéré le kit de dépistage auprès de son médecin traitant ou d’une pharmacie ou après l’avoir commandé en ligne. C’est une sorte d’autotest. On prélève des selles, un seul prélèvement suffit. On le renvoie par voie postale, il est analysé par le laboratoire, on a les résultats en 2 à 3 semaines.
Dans 96% des cas, le test va être négatif, ça va être rassurant pour la personne, elle devra le réaliser de nouveau 2 ans plus tard. Si le test est positif, ça ne veut pas dire qu’il y a un cancer. Ça veut dire qu’on a détecté du sang dans les selles, donc on a quelque chose qui saigne au niveau de notre côlon, notre gros intestin et c’est à ce moment-là qu’il va y avoir indication à réaliser une coloscopie pour aller voir ce qui se passe au niveau de ce côlon. A la coloscopie, on peut voir des lésions qui s’appellent des polypes, qu’on va pouvoir enlever et traiter. Sachant que ces polypes peuvent, dans quelques années donner des cancers, donc là on a prévenu le cancer. Et parfois on va trouver un cancer mais détecté à un stade précoce et qu’on va pouvoir traiter facilement et de manière très efficace.