Intoxication au monoxyde de carbone, comment l'éviter ?
L’ARS a lancé il y a quelques jours sa campagne de prévention concernant le monoxyde de carbone pour lutter contre les intoxications. On en parlait ce matin avec notre invitée dans le Grand Réveil.
Son N°1 - Intoxication au monoxyde de carbone, comment l'éviter ?
Aurélie DE MONPEZAT, Responsable Pôle Habitat, Bâtiment et Santé à l’ARS Grand Est au sein du département santé et environnement
Le monoxyde de carbone, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi c’est dangereux ?
Le monoxyde de carbone, aussi appelé CO, c’est un gaz qui est incolore, inodore et sans saveur. Il est toxique et potentiellement mortel. Il résulte de la combustion incomplète et ce quel que soit le combustible qui est utilisé, que ce soit du bois, du butane, du charbon, de l’essence, du fioul, du gaz naturel. Quand on utilise une cheminée par exemple, avec du bois, on utilise un principe de combustion. Or, on a tous bien compris ce qui se passe dans l’air, le bois brûle, ça forme du CO2, le gaz à effet de serre dont on entend beaucoup parler. Quand on est en air confiné, c’est-à-dire qu’il manque de l’oxygène, la combustion est incomplète et au lieu de produire du CO2, du dioxyde de carbone, on produit du monoxyde de carbone. Le problème du monoxyde de carbone c’est que quand il est respiré, il passe pour de l’oxygène et il se fixe dans l’hémoglobine à la place de l’oxygène. Donc on se « noie » finalement dans l’air parce qu’on n’a plus d’oxygène qui alimente notre cerveau. D’où des symptômes comme des maux de tête, de la fatigue, des nausées et si l’intoxication est importante ça peut aller jusqu’au comas et à la mort parfois en quelques minutes.
Est-ce qu’on a des chiffres concernant ces intoxications dans la région ? Font-elles beaucoup de victimes ?
Les intoxications par le monoxyde de carbone c’est la première cause d’intoxication accidentelle en milieu domestique en France. Environ 4000 personnes par an sont touchées et il y a une centaine de décès. Pour la saison hivernale de chauffe 2022 / 2023 en Grand-Est, l’ARS met en place un système de surveillance et on a déploré 83 épisodes d’intoxication par le monoxyde de carbone ce qui correspond à environ 314 personnes qui ont été exposées et malheureusement 2 décès.
En cette période hivernale, il est important de rappeler les conseils à suivre pour éviter les intoxications, quels sont-ils ?
Les intoxications par le monoxyde de carbone ce n’est pas une fatalité et il y a bien sûr des bons gestes pour éviter ces intoxications. Avant chaque hiver, il faut vraiment faire vérifier ses installations, sa chaudière, par un professionnel, c’est demandé aussi par les assurances. Si on a une cheminée ou un poêle il faut aussi respecter la recommandation de faire un ramonage une fois par an. Pendant l’hiver, les bons gestes ce sont ceux qui garantissent aussi une bonne qualité de l’air et qui vous prémunissent des risques vis-à-vis des virus de l’hiver, c’est, aérer votre logement. Ça ne veut pas dire ouvrir pendant des heures mais c’est bien d’ouvrir votre logement, chaque pièce, renouveler l’air, au moins 5 minutes le matin, 5 minutes le soir, 10 minutes par jour c’est largement suffisant. Il ne faut surtout pas bouger les entrées d’air qui sont, certes, un peu gênantes vis-à-vis du chauffage mais elles ont leur rôle : faire entrer de l’air et le renouveler. Et comme l’hiver va bientôt arriver, qu’on a subi quelques épisodes de tempête, des difficultés, il faut aussi se mettre dans l’idée que malgré ces épisodes il ne faut pas utiliser des appareils qui ne sont pas destinés à l’usage du chauffage. On a tendance à utiliser sa gazinière ou à ouvrir le four pour pouvoir limiter sa consommation d’énergie. On utilise des chauffages d’appoint en continue alors que ces appareils ne sont vraiment pas faits pour ça et pendant les coupures d’électricité ne cédez pas à la tentation de mettre un groupe électrogène à l’intérieur ça serait la double peine pour vous.
Quels sont les signes qui doivent nous alerter lors d’une intoxication ? Est-ce que c’est possible de la voir venir ?
Les symptômes sont spécifiques parce qu’on ressent des maux de tête, de la fatigue, des nausées, des vertiges et c’est plutôt marqué quand on revient dans son logement et c’est l’ensemble du foyer qui peut être impacté. La difficulté c’est qu'on peut faire souvent des faux diagnostics parce que ça correspond à certains symptômes de la grippe ou de la gastroentérite ou d’autres affections bénignes. Il faut vraiment faire attention à certaines personnes en particulier, si elles ressentent ces troubles-là, les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées parce qu’on peut faire des faux diagnostics et mettre ça sur le compte, par exemple pour les personnes âgées, de pathologies liées à l’âge.