Le cancer colorectal touche de plus en plus de monde, le dépistage peut sauver des vies
Le mois de mars, c’est Mars Bleu, le mois de prévention et du dépistage du cancer colorectal.
Son N°1 - Le cancer colorectal touche de plus en plus de monde, le dépistage peut sauver des vies
Dr Maurice Tanguy est médecin épidémiologiste à Vandœuvre-lès-Nancy et coordinateur pour le dépistage du cancer colorectal.
Avant de parler du dépistage, on va parler du cancer colorectal. Aujourd’hui est-ce que c’est un cancer qui touche beaucoup de monde ?
Oui, c’est un cancer qui a une fréquence relativement importante puisque chaque année 47 000 nouveaux cas sont détectés. Qui est la deuxième cause de décès. C’est un cancer qui était appelé autre fois le cancer du gros intestin, qui est une maladie qui se développe avec le premier facteur : l’âge. C’est la raison pour laquelle on insiste de manière importante sur le dépistage, pour réaliser un test de dépistage à partir de 50 ans tous les deux ans.
Ça touche autant les hommes que les femmes ?
Oui, c’est important de le préciser, parce que parfois on n’a pas forcément cette notion. C’est à peu près, la même proportion d’hommes et de femmes qui sont touchés. Dans la région Grand-Est on a un peu près 3700 nouveaux cas par année, avec environ 1 500 décès et presque autant de femmes que d’hommes.
Le mois de mars est l’occasion de rappeler qu’il est important de se faire dépister. Qui est concerné par ce dépistage ? Pourquoi c’est important ?
Toute personne à partir de 50 ans jusqu’à 74 ans, puisqu’au-delà de 74 ans on rentre plutôt dans le dépistage individuel. Mais à partir de 50 ans c’est important de se faire dépister tous les deux ans pour vérifier qu’il n’y a pas d’anomalies présentes.
Comment se passe un dépistage ?
Vous allez retirer un kit de dépistage chez votre médecin traitant, à la pharmacie ou bien vous le commandez en ligne. Vous recevez ce kit, il sert à prélever un échantillon de sel. Bien entendu si on a des symptômes il faut aller voir les spécialistes, son médecin généraliste et le gastroentérologue éventuellement. En dehors de cela, il est important d’avoir réalisé un test en ayant retiré préalablement un kit de dépistage, on peut l’avoir à domicile en le commandant sur internet ou encore dans les pharmacies. Un kit qui est très simple d’utilisation qui va permettre de repérer un saignement qui n’aurait pas été visible à l’œil nu. Un très petit échantillon de selles, donc il y a un septum dans ce kit qui vous permettra de faire ce prélèvement, de le mettre ensuite dans un réceptacle et de l’envoyer par la poste. Vous allez avoir les résultats sous 15 jours environ, de la part du laboratoire qui centralise tous ces résultats au niveau national. C’est un prélèvement qui permet de repérer des saignements qui ne sont pas visible à l’œil nu. Si on a des saignements qui existent ou bien si on est en période de règles pour la femme, bien évidemment il faut attendre d’être dans une période où l’on n’a pas de symptôme, on réalise ce prélèvement, on le poste et on a les résultats sous 15 jours.
Pourquoi c’est important de se faire dépister ?
Parce que malheureusement la participation au dépistage est encore relativement faible. On est dans une région et des départements où le dépistage est mieux suivi que dans d’autres, mais on a un peu près 30 % de participation pour la Moselle 34 %, 44 % pour le Bas-Rhin. Au niveau national on est au-dessus, mais ça reste relativement insuffisant parce » qu’on vise un taux de dépistage supérieur à 60 % pour avoir un impact important sur la prise en charge et la mortalité. Si on détecte tôt ce cancer, on aura un taux de guérison supérieur à 90 %, donc c’est vraiment un cancer si il est détecté tôt se guérit et se soigne dans l’immense majorité des cas.
En quelques chiffres :
Le cancer colorectal est la deuxième cause de mortalité par cancer en France. Avec plus de 47 000 nouveaux cas chaque année et plus de 17 000 décès, il est le 3e cancer le plus fréquent chez l’homme (après le cancer de la prostate et le cancer du poumon) et le 2e chez la femme (après le cancer du sein). Dans la région Grand Est, on constate annuellement 3 750 nouveaux cas et 1 549 décès soit 10 diagnostics de cancer colorectal par jour et 4 décès par jour.
Durant les cinq dernières années, ce taux qui demeure supérieur à la moyenne nationale, a oscillé entre 1 et 3 rang au niveau national. Ainsi, le taux de participation en région Grand Est est de 39,3 % (de 34,2 % à 44,4 % selon les départements) contre 34,3 % pour la France entière en 2021-2022. En Moselle le taux atteint 34,3%, et dans le Bas-Rhin il est de 44,1%.