Baisse des ventes et concurrence des pays frontaliers, quel avenir pour les buralistes de Moselle ?
Les buralistes de Moselle comptent 167 adhérents sur les 181 actifs du département. Après un bilan dressé, d'une année écoulée compliquée : ils sont à bout de souffle. On en parlait ce matin dans la Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Baisse des ventes et concurrence des pays frontaliers, quel avenir pour les buralistes de Moselle ?
Antoine Palumbo : président de la fédération des buralistes de Moselle
Concrètement, quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face ?
Nous devons faire face à la vente transfrontalière, au trafic de tout genre. Avec le nouveau décret, nous avons dû nous mettre en conformité avec l'Europe. C'est-à-dire revenir aux quatre cartouches qui sont autorisées par l'Europe.
Il y a une baisse des ventes pour vous par rapport à l'année passée ?
Forcément, nous sommes à moins 12,9% au niveau du volume de la Moselle alors qu'en France, on est à moins 7,9% par rapport à l'an dernier.
Est-ce plus compliqué pour les buralistes de Moselle confrontés à la concurrence frontale ?
Oui, c'est une concurrence déloyale des prix puisque nous sommes à 12€50, alors qu'au Luxembourg, ils sont à 5€50, en Allemagne, ils sont à 7€20, en Suisse, ils sont à 9€40 , en Italie, ils sont à 6€. Je ne vous parle pas d'Andorre qui est à 4€75 ou en Espagne à 5€50. On ne peut pas continuer sur cette dérive avec ces augmentations insensées, puisqu'on est tout seul à mener une politique de santé publique. Je pense que la santé n'est pas que franco-française mais plutôt européenne. Je pense que l'Europe devrait aussi s'y mettre, parce que les autres font une politique de santé fiscale je dirais.
Ce serait quoi la solution ? Mettre tous les pays d'Europe au même prix ?
Je suis très bien conscient que c'est irréalisable. Mais je pense qu'il y aurait un rapprochement des fiscalités qui serait réalisable justement. Donc que le Luxembourg augmente sa fiscalité, que l'Allemagne augmente sa fiscalité et ainsi de suite. À partir du moment où il y a un rapprochement, on réduirait ce fléau de trafic d'usine clandestine que nous n'avions pas avant. Sur Forbach, on a démantelé une usine à Chicha, ça n'existait pas dans le temps. Et avec tout ça, sur-alimente des réseaux mafieux.
Des piles, du vin, du café, les fumeurs ne trouvent plus que du tabac. C'est quelque chose qui se fait de plus en plus dans le secteur ?
Oui, effectivement, sur le fond de transformation. L'État nous aide à la hauteur de 30 % pour transformer nos magasins. On fait de la cigarette électronique, du commerce de proximité, la DGFiP : le paiement des amendes, on essaie de développer, mais il devrait nous laisser le temps. Il faudrait arrêter cette augmentation intempestive de prix parce qu'on n'y arrivera pas. On veut bien transformer, on fait le nécessaire, mais il va falloir qu'on ait un moratoire fiscal sinon on y arrivera pas surtout en zone-frontalière.
Etes-vous inquiet pour l'avenir ? Comment voyez-vous votre métier dans 10 ans ?
Je pense qu'on a de l'avenir à partir du moment où l'État continue à jouer son rôle d'aide en nous donnant des produits pour nous diversifier. Je pense que des buralistes, on en aura tout le temps, on est le dernier commerce de proximité. On est les plus près des plus éloignés. À partir du moment où on donne les paiements, les amendes, les impôts, la poste, les différents services que nous effectuons. Je ne pense pas qu'on veuille faire disparaître un bureau de tabac, mais pour le moment, on s'y prend mal. On mène une politique unique du prix chez nous alors que les autres pays ne jouent pas le jeu.
La vente de tabac serait-elle au second plan ?
Oui tout à fait. On le sait très bien et on est dans cette démarche-là. On sait très bien qu'à plus ou moins longue échéance ce ne sera pas notre activité majeure.